Serveur Full-RP Francophone

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Absurd avait marché une heure sous un soleil ardent pour atteindre Eau-Changeante. Il s'y rendait afin d'en ramener du rhum pour la taverne de Morne-Colline, qui en était à court. Eressea le tavernier l'avait averti :

"N'oublie pas que c'est un clan de pirates, ils sont particulièrement durs en affaire !"

Alors qu'il pensait à quel point il allait être désagréable de faire le chemin du retour en poussant un tonneau, Absurd arriva en vue d'Eau-Changeante. Après s'être fait reconnaître par les guetteurs qui en gardaient l'entrée, camouflés dans le paysage, il put s'avancer à l'ombre rafraichissante des falaises du village.
Pensant que le meilleur endroit où il pourrait trouver du rhum était la taverne, il s'y rendit, mais la salle était déserté. Ultra, passant par là, le héla :

"Hé Absurd ! N'espère pas pouvoir vider une choppe ici en échange d'une chanson, Diabolo n'est que très peu présent en ce moment, on raconte qu'il passe beaucoup de temps à racine courante !"

Avant que le barde n'ait esquissé une réponse, Ultra était reparti à toute allure, bondissant sur les passerelles vertigineuses d'Eau-Changeante.
Dépité, Absurd se dirigea vers la Criée, c'était sa dernière chance. Arrivée dans la salle, il eut beau chercher parmi toutes les offres, il n'en trouva point qui proposa du rhum...
Mais en revanche son regard fut attiré par l'annonce de Nerfav.

"Connaissance de la lecture ? Et bien ma foi, ça relève de mes compétences !"

Même si il était un ancien acrobate, Absurd éprouvait une sensation vertigineuse en gravissant les marches étroites d'Eau-Changeante, il préférait d'ailleurs ne pas regarder en pas, et se concentrer sur le contact rassurant de sa main avec la paroi rocheuse. (il sourit d'ailleurs à cette pensée, trouvant qu'il était en train de s'accoutumer à Morne-Colline)
Arrivé devant la trappe qui servait de porte d'entrée pour la maison de Nerfav, il hésita un court instant puis tapa du pied dessus.

"Hé l'ami, c'est Absurd le barde ! Je viens à cause de ton annonce sur la Criée !"

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Absurd s'étonna de la vivacité de Nerfav, pour quelqu'un qui venait tout juste de sortir du sommeil. Cet homme avait l'habitude d'aller droit au but, d'être clair et précis, pas étonnant qu'il soit bon archer, il en avait la mentalité.

"Par Sinrir le dieu lunatique, j'étais venu ici pour trouver du rhum, mais ton histoire pique ma curiosité ! Et puis il y pas à dire, j'ai vraiment besoin de m'améliorer avec un arc. Je marche ! Raconte moi tout."

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Absurd prit le livre ramassé par Nerfav et en examina la couverture. Sur le cuir fatigué était inscrit en lettres gothiques :



"Ma foi, voilà un fort bel ouvrage pour commencer. Un grand classique certes, mais toujours source d'inspiration pour les chansons au coin du feu. D'ailleurs j'ai une anecdote à ce propos, c'était quand..."

Devant l'air légèrement agacé de Nerfav, le barde comprit qu'il avait tout intérêt à rentrer directement dans le vif du sujet. Il sortit un bout de parchemin et une plume de sa poche, et regarda autour de lui d'un air ennuyé.

"Qu'y a-t-il ? Lui demanda Nerfav.
- Hm, à vrai dire je n'ai point d'encre... Il faut dire qu'au départ je n'ai pas voyagé jusqu'à Eau-Changeante pour donner des cours de lecture, mais ça me rappelle une histoire semblable...
- Ne bouge pas, l'interrompit Nerfav, je vais te chercher ça."

Sur ces mots il empoigna son arc et escalada en vitesse l'échelle qui menait au dehors.
Absurd regarda autour de lui et constata avec tristesse qu'il n'y avait pas de bouteille apparente, "dommage, j'aurais quand même bien goûté ce rhum", pensa-t-il.
Un quart d'heure plus tard, Nerfav était de retour, il posa la table un petit récipient rempli d'un liquide aussi noir que le royaume de Nodens.

"Voilà de l'encre de pieuvre, fraîchement récolté par mes soins. Reprenons."

Décidément, la capacité de réaction des Amranéens et leur détermination à accomplir la tâche qu'il s'était fixée n'avaient pas fini de l'étonner, pensa le barde.
Il trempa sa plume dans l'encre, et traça de grandes lettres sur le parchemin.

"Bon, tu m'as dit déjà connaître l'alphabet, mais il faut maintenant passer à l'étape supérieure : l'association des lettres pour former des syllabes, qui vont elles mêmes former des mots. Ces mots que tu connais déjà à l'oral ont tous leur congénère à l'écrit, et tu verras qu'au bout d'un certain temps tu ne les différenciera plus..."

Absurd était arrivé en fin de matinée à Eau-Changeante, aussi, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'en regardant à travers la vigne qui recouvrait tel un rideau les fenêtre de la maison de son hôte, il s'aperçut que Cycléis s'apprêtait à changer de parure. La journée était passé particulièrement vite. Nerfav avait assimilé toutes les informations à une vitesse prodigieuse pour un quasi-néophyte, il était resté tout ce temps extrêmement concentré, le barde avait pu lire su son visage une volonté d'apprendre qu'il avait rarement vu jusque là.

Son "élève" était peut-être issu d'un milieu modeste qui ne lui avait pas offert les possibilités d'apprendre la lecture et l'écriture, mais il avait en tout cas apprit l'opiniâtreté ; car il pouvait désormais déclarer qu'il savait lire. Certes il lui fallait encore recourir à l'aide du barde pour déchiffrer certains mots particulièrement retors, mais quelques leçons de plus effaceraient ces dernières difficultés.


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Nerfav tendit un arc à Absurd qui s'efforça de faire bonne figure en le saisissant. Il lui donna également une flèche et en planta trois autres à terre, aux pieds du barde. Il indiqua une motte de terre, éloignée des autres tireurs par mesure de précaution.

"Fais de ton mieux le barde !"

Absurd banda l'arc de toute ses forces, et visa. Il avait de l'ardeur dans les bras puisqu'il était un ancien jongleur et acrobate, mais il lui manquait tout le reste : la technique, la précision, la concentration...
Il relâcha la corde et la flèche parti en sifflant dans l'air, la pointe plus basse que l'empennage, et alla se briser contre la terre au lieu de s'y planter.

"Hum hum, ce n'était qu'un tir d'échauffement, dit-il, maintenant je passe aux choses sérieuses !"

Il se baissa pour attraper une autre flèche, l'encocha, et tira à nouveau. La corde ripa sur son avant bras, ne donnant que peu de vitesse au projectile qui se planta dans le sol à quelque mètres d'eux.
Dépité, Absurd se tourna vers Nerfav, même son chien semblait sourire ironiquement.

"Je crois qu'il va y avoir du boulot."


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