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SUJET : Louve

Louve 26 Aoû 2013 01:00 #14914

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Voila un texte que j'ai écrit un aujourd'hui, que je viens de finir de peaufiner. J'suis plutôt content, même si la première personne n'est pas mon truc, et le présent non plus. Alors la première personne du présent je n'en parle même pas !


Bref, j'espère que ça vous plaira !



Proie.


Je le découvre, là, au beau milieu de l'immense plaine gelée. Fasciné, presque hébété par la flamme brillant au fond de ses yeux, seules tâches sombres sur son pelage de neige et son museau rougi par le sang, je le regarde, sans jamais me lasser du spectacle que m'offrent ses crocs fendant la chair. Sans même m'en rendre compte, j'approche, presque dans un trébuchement. Encore un, incontrôlable. Et encore un. Un nouveau pas, m'amenant inexorablement vers le prédateur, qui ne m'avait pas encore vu. D'autres pas me font avancer comme un papillon ne pouvant résister à la chandelle qui brûlerait ses ailes.

Le pas de trop. Le loup relève le museau, les babines retroussées, et une étrange lueur dans ses yeux de perle noire. Immobile, campé sur ses quatre pattes plus sûrement qu'un chêne sur ses racines, il renifle, humant l'odeur alléchante de la pauvre humaine que je suis. Il ne grogne pas, ne hurle pas. Il me regarde, plissant toujours ses narines, montrant légèrement les crocs, puis fait un pas en avant. Gracieux et léger, malgré la puissance dégagée par le moindre de ses poils couverts de neige. Moi, sans réfléchir plus avant, je m’écroule à genoux, quelques mètres devant lui. Je regarde le sol devant moi, mes mains se serrant en deux poings glacés, alors que le froid parcoure chacune de mes cellules.
Il s'approche encore, et, fermant les yeux, j'arrive à sentir son souffle chaud passant dans mes cheveux. Il me renifle à nouveau. J'entends même le faible bruit de ce geste naturel pour cet animal sauvage. Un frémissement me parcourt tandis qu’une goutte de sang quitte son museau pour tomber sur mon corps, dernière larme chaude d’une biche foudroyée dans sa course. Un autre, lorsqu'un bruit inconnu survint, juste devant mes pieds.
Je sens son museau humide frôler ma joue, me recouvrant certainement du liquide écarlate collant à ses poils d'un blanc presque bleuté, me humant encore. Je l'entend enfin bouger, sans agressivité apparente et j'ose enfin lever les yeux vers lui. Après deux pas en arrière, il se retrouve à un mètre de moi, me regardant dans les yeux. Je le fixe. La bouche fermée, le poil non hérissé, il semble attendre quelque chose.
Je porte les mains à mon corps, essayant de les réchauffer, les frottant l'une contre l'autre, alors que mes jambes nues bleuissent à vue d’œil. Il baisse le museau, comme le ferait un chien avec son maître, gémissant faiblement. Me concentrant encore plus sur mes jambes, j'aperçois une tâche de sang, bien plus étendue que l'aurait fait une goutte provenant de son museau. Passant mes doigts dans le sol gelé, je saisis un minuscule morceau de viande crue, enrobée de neige. Je lève des yeux ronds vers l'animal, qui gémit encore.
Je regarde la viande rouge de l'animal mort, bien moins rouge que son sang, blanchie par le froid et la neige. Je pose à nouveau mes yeux sur le prédateur devant moi, qui gémit encore, m'encourageant. Portant lentement la viande à ma bouche, je la touche de mes lèvres glacées. Une vague de chaleur, soudaine et violente, monte de mon ventre à ma gorge. Me penchant rapidement sur le côté, je vomis. Rien, si ce n'est un liquide malodorant, synonyme d'un estomac vide depuis plusieurs jours.
Il me regarde, le museau relevé, comme compréhensif. Tant bien que mal je me redresse sur mes deux jambes. Je les observe, mes genoux sont bleus, et elles tremblent comme une feuille dans un orage d'hiver.
Rassemblant les haillons que je porte sur mon corps glacé, essayant de bouger mes orteils nus et bleuâtres, je me retourne aussi rapidement que possible, et cours.

Tandis que je m'éloigne, aussi vite que me portent mes jambes frigorifiées, tremblant encore de ma folle hardiesse, j'entends le loup sauvage me rattraper. Il court, enfin, trottine pour rester à mon niveau, quelques mètres à ma droite.
Je ne sais où je vais. Le seul endroit existant dans cette direction est ma maison. Maison détruite, souillée, violée par d'autres animaux. J'ai fuis, et fuis encore dans la forêt, à moitié nue, avant qu'ils ne s'attaquent à moi. Mais là j'y retourne, je cours à nouveau. Je ne fuis pas l'animal, qui semble intrigué, presque amusé. Je fuis le sang et la mort. Pour retrouver le feu et la souffrance. Mais qu'importe, le papillon n'a apparemment pas peur de se brûler les ailes.

Les flammes, la fumée, l'odeur du bois cramé. Le trajet du retour a été plus rapide, sans doute rythmé par le loup qui suivait toujours. Ils étaient là, encore. Deux... non ! Trois.
Je m'arrête. Transpirant à grosses gouttes, malgré le froid qui m'enlace à nouveau. Le loup se rapproche de moi, à peine essoufflé, mais le poil hérissé. Il feule doucement, montrant les crocs en voyant les autres. Mais je le laisse là. J'approche de ma maison qui brûle, à petits pas, la mâchoire serrées et les poings fermés. J'en vois un à l'écart, et sans hésiter je lui fonce dessus, hurlant de toutes mes forces, enragée comme une meute entière.
Mais que peut une jeune fille comme moi ? D'un revers de la main, même sous l'effet de surprise, il me frappe. J'éprouve une sensation horrible, comme si ma joue explosait de l'intérieur. Hurlant à nouveau, mais de douleur, je me retrouve au sol, à quatre pattes, alors que je l'entend appeler les autres.


J'entends quatre autres pattes. Un feulement terrorisant et un courant d'air passant par dessus mon corps. La biche, était rapide, mais ce n'était qu'un jeu d'enfant.
Une autre chasse était en cours. La proie crie de peur et s'enfuit. Plus massive. Plus forte. Plus nombreuse. Mais bien plus facile. Ses pas lourds marquent la neige profondément, et l'odeur de la peur qui l'entoure ne fait que nourrir l'appétit de la bête. Il court, le loup grognant tel un charognard et je me lève, revigorée et me met à les poursuivre.
J'en enjambe un dans ma course, agonisant au sol dans une marre de sang. Je continue, entendant les cris des autres au loin, et le hurlement du prédateur.
Un second, dans le même état que le premier. Mais ce n'est pas lui qui m'intéresse non plus. Je continue encore, de plus en plus excitée par ce que j'ai fuis il y a quelques heures ? Non ... quelques minutes seulement en fait. Les yeux froids de la biche ne m'évoquaient rien. Ses yeux à lui, arrachés de leur socle, me plaisent bien plus.
Je le vois. Assis dans la neige, reculant comme il le peut, le visage terrifié par les crocs du loup à quelques centimètres de sa peau. Je marche, m'approchant de l'animal. Non. De l'être humain, passant lentement ma main dans son poil humidifié par l'effort. Il me regarde et grogne, pas contre moi, je crois. J'avance encore d'un pas, passant le bout de mes doigts contre son museau, qu'il caresse comme le ferait un chien de berger. Ma main rougit, souillée de leur sang à eux, les animaux. Je la porte devant mes yeux, entrouvrant mes doigts pour voir le visage du dernier. Celui qui me hait, celui qui voulait vraiment me faire du mal. Il me regarde, le visage déconfit, tremblant de froid et de peur. J'aperçois une tâche jaunâtre dans la neige. Il se pisse dessus. Je souris.
Il parle, enfin essaie. Mais je n'entend pas, je n'écoute pas.

Je hurle, non comme une frêle jeune fille, comme je l'aurais fait il y a quelques heures. Je hurle, presque comme une louve qui veut protéger ses enfants. Je plie légèrement les jambes, me préparant à bondir telle la femelle de la créature blanche qui se tend à mes côtés. Je la regarde, montrant les dents. Une proie est une proie. Elle ne peut que mourir. Parfois elles s'échappent, mais pour Lui, la chose est improbable. Je hurle toujours, sentant ma gorge s'enflammer. J'amorce un mouvement de ma jambe droite, prête à sauter sur lui. Mais j'entends hurler, bien plus fort et plus sauvage que moi.
Ma gorge s'enflamme, et je ne peux que m'arrêter de crier, ne bougeant plus. Je regarde le loup se débattant férocement sur le sol, alors qu'une pluie de neige se mouvait autour de lui.
La pluie glacée se transforme en averse écarlate. J'écarquille les yeux, complètement horrifiée, regardant la tête de l'homme virevolter dans les airs.



"Il faut savoir garder un atout jusqu'à la fin."


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Dernière édition: 27 Sep 2013 16:00 par Sideara.
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Louve 26 Aoû 2013 09:46 #14927

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J'adore :D
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Louve 26 Aoû 2013 10:08 #14928

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Je te redit ce que je t'ai dit hier soir ... Je suis super fan ! surtout du thème traité :) :oops:
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Louve 26 Sep 2013 14:05 #19689

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Suite du texte au dessus. Je n'ai pas fini le truc, je le poste quand même pour le plaisir (et le votre j'espère), même si je le trouve beaucoup moins bien écrit que le premier (même en prenant en compte le fait qu'il n'est pas fini :p)


Griffes non rétractables. (1/2)


Je ne bouge plus.

Je peux les entendre, presque les sentir. Le craquement de la neige sous leurs pas me parvient aux oreilles, j'imagine même leurs souffles rauques perçant l'air glacé dans un maigre nuage de fumée. Ils approchent, balayant toute vie sur leur passage. Ils sont armés, je le sais. Ils viennent pour Lui.
Le loup me regarde, de ses yeux sombres, l'air presque triste. Allongé, se confondant presque parfaitement avec la neige, il couvre l'entrée du terrier où je me cache, moi-même allongée dans la boue glacée.
Je les entends mieux. Ils approchent toujours, trouvant sûrement les traces laissées par mes pieds nus. Il me regarde dans les yeux. Je vois dans son regard la même lueur que lorsqu'il m'a accompagné la première fois. Il gémit. Je hoche la tête. Je ne bougerais pas d'ici.
Dans un effleurement, son museau humide touche la peau de ma joue, puis il se retourne, et avance à pas feutrés. Il rampe plus qu'il ne marche, et disparait derrière un monticule de neige.

Le néant. Je n'entends rien. Je vois seulement les arbres devant moi, les branches branlantes.

Des images emplissent mon esprit. Je me souviens de ces hommes, et de mares de sang dans la neige. Je me souviens la fuite, alors que le village ordonnait la traque du loup.
Trois jours. Ils nous suivent, fourches et torches en main. Je crois même avoir entendu deux chiens. Je n'en suis pas sûre. Le froid. Le froid est toujours là. Nous n'avons pu trouvé une chaumière, et voler des vêtements. Toujours à moitié nue. Je ne sens plus mes pieds et mes jambes depuis longtemps. Ils sont bleus, glacé, emplis de fourmis. Mes cheveux ne sont que grosses mèches gelées me tombant sur le visage.

J'entends ! Ils s'activent. Je les imagines se regrouper, regardant en tout sens, observer le danger qui doit se mouvoir autour d'eux. Il pourrait surgir à tout moment. Mais il y a les chiens. J'entends des cris.
Je rampe légèrement, sortant mon bassin du trou. Mes jambes presque inertes suivant le mouvement. Je me redresse, lentement, respirant fortement, des boules de fumée se formant sous mon nez.
J'observe autour de moi. Je sens ma propre peur envahir mon corps telle une vague de chaleur. Je ramène mes bras contre ma poitrine, en profitant pour me réchauffer un maximum, tournant légèrement sur moi-même. Rien ne bouge, le silence fait toujours rage. Je mets un pied devant moi, tâtant la neige de mes orteils frigorifiés. Un pas en avant.
Quelques autres pas. Mes jambes légèrement réchauffées, mes orteils toujours bleuâtres. Je m'accroupis, m'aidant presque de mes mains pour avancer.
Je m'approche, j'entends leurs lointaines respirations.

Les chiens aboient. Je les entends courir. Pas dans ma direction. Leurs cris s'éloignent. Le Loup les a sûrement attirés. Que faire maintenant ? J'ose à peine me redresser, mes yeux dépassent du monticule de neige au flanc duquel je me trouve.
Un seul homme tourne sur lui-même. Une laisse pendant au creux de son poing, son autre main tenant fermement sa fourche. Où sont les autres ? Avec les chiens ? Mais combien sont-ils ? Combien ont suivi cette traque jusqu'au bout ?
Je me rallonge dans la poudre glacée, le bout du nez frôlant la neige. Je tremble. Je sens que je tremble. Mes jambes n'ont plus l'air solides, et ma respiration se fait plus saccadée. Le bruit. Je plaque une main sur ma bouche, empêchant le bruit de sortir, la fumée se faufilant entre mes doigts blancs.
Je rampe lentement, en arrière. Chaque mouvement est mesuré, je ne dois pas faire de bruit.


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Dernière édition: 04 Oct 2014 23:58 par Sideara.
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Louve 26 Sep 2013 14:16 #19690

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J'adore cette suite ^^

Comme d'habitude toujours aussi bien écrite et on s'y prend dans l'histoire.

Enfin fan number one quoi ♥
Dernière édition: 27 Sep 2013 15:59 par Sideara.
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Louve 27 Sep 2013 15:59 #19765

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Merci :p Mais j'espérais plus de critiques ! Surtout négatives, vu que j'suis pas trop fier de cette seconde partie :p
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Louve 27 Sep 2013 18:08 #19789

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Moi j'aime bien :cheer:


(J'ai pas d'argument, fin bon tu me connais :P )
L’espoir est la seule chose plus forte que la peur.
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Louve 27 Sep 2013 21:26 #19801

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T'es deuxième dans mon classement des écrivains amateurs (on va dire), mais c'est vraiment magnifique.

Juste, dans le second texte, un petit truc me gêne :
des boules de fumée se formant sous mon nez.

J'ai l'impression que ça casse le rythme du texte, et la métaphore n'est pas appropriée je dirais. Enfin, ce n'est qu'un détail. Sinon, toujours dans le deuxième texte, certains passages sont un peu confus.
« Au fond, personne ne croit à sa propre mort, et dans son inconscient, chacun est persuadé de son immortalité. » Sigmund Freud

« Il y a des choses plus fortes que l’amour : les racines, le vécu, l’appartenance. » Catherine Cusset
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Louve 27 Sep 2013 21:41 #19802

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Qui est le premier ? :D


Hm ... ouais, comme j'ai dit cette deuxième partie est moins travaillée. Tu dirais ça comment ? :p Et quels passages du coup ?
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Louve 28 Sep 2013 11:52 #19830

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J'aime bien cette deuxième partie, je trouve qu'elle a plus de sens que la première. je pense que c'est un effet voulu mais dans la première on est un peu perdu. En lisant la suite on est un peu mieux plonger dans l'histoire. Et moi non plus je n'aime pas trop "boules de fumée", je cherche mais je n'ai pas trouver autre chose à te proposer.
Mère adorée, mère adorée, envoyez moi votre enfant car les péchés des indignes doivent être lavés dans le sang et la peur.

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