Ce livre était bizarrement conçu. Il n’y avait pratiquement aucun texte sur les premières et dernières pages, comme s’il était inachevé.
Au début, l’on pouvait apprendre l’histoire de ce langage qui en était un à part entière. Le reste était composé d’une cinquantaine de pages, avec uniquement un des symboles sur la page de gauche, et une lettre connue sur la page de droite.
Ce langage était en fait conçu pour passer des messages rapidement.
Les lettres étant composées de lignes et de points, le clan qui avait conçu cet alphabet l’utilisait pour faire passer des messages aux jeunes générations, en gravant ces symboles dans des sols sablonneux, ce qui évitait de devoir utiliser des ressources nécessaires à l’apprentissage. Il servait également de code, et permettait de faire circuler des messages, sans risque qu’une information soit interceptée par d’éventuels ennemis.
C’était donc un clan très avancé pour son époque. Un clan qui avait deux écritures.
Une légende concernait le shaman de ce clan, qui avait commis des actes héroïques, au point de devenir un favori des Dieux. Il leur était fidèle, et les priait chaque jour. Il obligeait sa tribu à faire des offrandes de fruits, et des objets qu’ils chérissaient le plus, les rassurant en leur promettant que les dieux les remarqueraient. Un jour, alors qu’il priait, il eut comme une apparition. Il vit une personne, ou plutôt, une ombre.
L’ombre l’appelait et lui parla d’un endroit, caché très profondément sous terre, ou il trouverait un don des dieux. L’homme n’en parla à personne, car il savait qu’il serait pris pour un fou. La seule façon d’être crédible, était de partir sans rien dire à personne, pour ramener des preuves de cette apparition. Mais il avait l’intime conviction qu’il avait réellement vu quelqu’un.
Un matin, il prit donc de quoi survivre, et se rendit à cet endroit. Il était guidé par une sensation de connaître le chemin à prendre. Il finit par arriver à une caverne, qui était étrangement éclairée, l’atmosphère étant, malgré la dangerosité des cavernes habituelles, plutôt réconfortante.
En la parcourant, il fut surpris de trouver un escalier formant une spirale descendante. Arrivé au bout, il fut surpris de revoir l’ombre, qui n’en étais plus une. Une personne, formant une sorte de mélange harmonieux entre un homme et une femme, à la voix ni trop grave, ni trop aigue, qui l’accueillit, et disparut instantanément.
Il entendit une voix dans sa tête lui murmurant que sa confiance et sa croyance en les dieux, et sa volonté de faire le bien allaient être récompensés.
Les dieux acceptaient de l’aider.
Et d’aider son clan, qui, par sa connaissance, se devait de prospérer.
La voix lui somma d’accepter deux diamants, ainsi que quatre blocs d’obsidienne, en tant que présents matériels. Il devrait ensuite retourner à son clan, et écrire aléatoirement, tous les mots de son langage, sur un livre quelconque, qu’il poserait sur une table conçue avec le diamant et l’obsidienne.
La voix lui souhaita la réussite, et lui donna un dernier présent. Un livre, sur lequel, l’homme devrait écrire tout ce qu’il pouvait découvrir, mais en laissant les éléments importants dans leur écriture tribale, de sorte que seuls leurs descendants puissent en garder le secret.
Le Shaman rentra dans sa tribu, il n’entendit jamais plus la voix. Il fit tout ce qu’elle lui avait ordonné. Il réussit à concevoir une table d’une extrême robustesse, avec l’obsidienne et les diamants.
Quant au livre, il prit un livre banal et vierge, sur lequel il avait prévu d’écrire son histoire, et mis plusieurs semaines à y inscrire le moindre mot qu’il connaissait.
Lorsqu’il jugea qu’il y en avait assez, il posa ce livre sur sa table d’obsidienne, ce qui lui paraissait totalement en désaccord : La solidité supportant la fragilité d’un ouvrage. Il se passa comme un moment où il ne comprit pas. Le livre semblait bouger, et tournant ses pages très rapidement, provoquant une sorte de léger ronflement, alors qu’il n’y avait aucun courant d’air.
Dans un élan de stupeur et frayeur, l’homme s’empara de son épée pour détruire cet objet maudit. Sa lame se stoppa nette contre l’une des pages du livre, sans lui causer le moindre dommage. Son épée scintillait. L’homme la jeta par terre, surpris par ce nouveau maléfice. Il fut surpris de voir sa lame s’enfoncer profondément dans le plancher de sa hutte, alors qu’il n’y avait mis aucune force. C’est à ce moment qu’il comprit : les pouvoirs des dieux étaient dans son épée.
Le shaman respecta sa promesse et garda une trace écrite de ses découvertes. Il fit fabriquer par le plus habile de ses villageois, un livre avec une couverture couverte d’Obsidienne, Incrusté de Diamants, qui serait insensible au temps. Il le nomma : "Magie d’Antan, Solidité, Savoir, Rareté".
A la lecture de ces derniers mots, Diabolo eut du mal à assimiler ce qu’il venait de lire. Si la légende était vraie, ils avaient une chance inouïe d’avoir en leur possession tout ce qu’il fallait pour faire revivre des pouvoirs endormis de Dieux. Diabolo tourna les pages, et était donc en possession de l’ouvrage qui leur permettrait de traduire le livre d’Obsidienne, pour faire la table.
Nerfav se précipita hors de la bibliothèque, et alla chercher le Guide suprême.
Après avoir écouté la légende racontée une seconde fois par Diabolo, le guide avait l’air perplexe.
« Comment se fait- il qu’ayant ce livre en ma possession, je n’ai jamais eu vent d’une telle chose ? »
Personne n’avait de réponse à cette question. Une chose était sûre : il fallait désormais tenter l’expérience pour vérifier les dires de cette légende.
Les trois Eau-Changeois partirent donc en direction de morne colline, ils prirent leurs armes, car le bien qu’ils transportaient était d’une valeur inestimable. Il fallait tout raconter à Maxylos, qui était resté chez lui, et récupérer son livre « car il avait à faire dans son clan ». Il fallait également trouver du diamant, de l’obsidienne. Si l’on voulait créer plusieurs tables d’enchantement, il suffirait de recopier le livre de Maxylos.
Les Eau Changeois arrivèrent à Morne colline.
Maxylos était absent, mais les trois amranéens eurent vite fait de récupérer le livre (et de lui laisser un mot très long lui expliquant tout…) pour ensuite partir en direction de leur village, ou ils pourraient réunir les ressources nécessaires à la conception de la table. Il ne leur resterait plus qu’à traduire ‘Magie d’Antan’, pour savoir quelle quantité d’obsidienne et de diamant étaient nécessaire.
Razade se chargea de traduire le livre, et mit une nuit à bien vérifier que tout était correct et cohérent. Il se leva de bonne heure, et partit immédiatement gravir les marches d’eau changeante, pour prévenir Diabolo, qui l’accueillit en lui confiant qu’il n’avait pas fermé l’œil de la nuit.
Ils partirent pour annoncer à Nerfav, qu’ils ne trouvèrent pas chez lui, mas au Chenil, en train de nourrir ses chiens. Le bilan était assez lourd. Il fallait trouver quatre blocs d’obsidienne, ainsi que deux diamants.
L’obsidienne était simple à trouver, dans la mine d’Eau changeante, se trouvait un lac de lave refroidie, qui offrait une bonne quantité d’obsidienne. Razade se dévoua pour aller miner avec sa pioche en diamant. Nerfav et Diabolo, allèrent chercher un diamant chacun, qu’ils avaient en réserve.
En début d’après-midi, Cycléis entamait sa phase quotidienne de déclin, dans le ciel d’Akatéa. Les trois Amranéens avaient enfin réuni les ressources nécessaires. Razade avait rassemblé quatre blocs d’obsidienne, sans manquer de se faire tuer par un banni explosif, qui s’était jeté finalement dans la lave…
Ils partirent dans la forge, ou Razade commença à tailler l’obsidienne, non sans difficulté. Il finit par transformer ces quatre blocs en une table qui aurait eu de quoi faire pâlir de jalousie le moindre impérial. On posa le livre dessus. Puis on amena les diamants, que l’on posa à côté.
Rien. Puis un énorme claquement. Les diamants s’étaient divisés en deux et chaque moitié était partie dans un coin de la table. Quant au livre, il était maintenant en lévitation, et tournait maintenant ses pages, tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre.
Le guide suprême arriva à ce moment, de nulle part.
« Mes enfants, j’ai ressenti quelque chose qui m’a fortement perturbé. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose m’a dit de me rendre d’urgence à Eau Changeante ! Que faites v…
A ce moment, il se tourna vers la table et vit ce livre qui semblait vivre. Il essaya de le prendre, de le toucher, mais il était comme retenu par la table…
A ce moment, il se retourna, et murmura :
« Vous avez découvert l’ancienne magie !? »