Cloitré chez soi.
Voilà quasiment deux décades que ma porte était fermée, le loquet baissé et les carreaux encombrés de poussière. Le feu crépitait depuis lors et la cheminée n'avait cessé de crachoter une fumée qui sentait bon le cèdre calciné. Tout le village exhalait cette senteur d'hiver. La neige recouvrait l'herbe d'habitude si verte des toits et des chemins, elle encombrait même les entrées. Rarement, on voyait passer une silhouette dans le blizzard se dépêchant de gagner sa chaumière.
J'ai passé ces deux décades, qui paraissaient être bien plus, cloîtré dans mon intérieur; occupé à méditer. Ma bibliothèque était mon seul passe-temps et pourtant je ne lisais pas depuis longtemps: un barde était passé à la fin de la moisson, et contre quelques bûches il m'avait offert cette faculté, ce don merveilleux qu'est celui de lire et d'écrire. Son nom je l'ai oublié, mais son cadeau restera bien ancré en moi et je peux depuis faire couler l'encre.
Enfin, la neige fondait. Les rayons chauds de Cycléis avaient mit fin à cette hibernation forcée. Nous pouvions enfin sortir et rejoindre la taverne. Boire un verre me ferait le plus grand bien.
[HRP: de retour, mais pas très présent pour autant; vacances obligent]