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SUJET : Le poignard dans le poignet

Le poignard dans le poignet 28 Oct 2014 23:21 #27724

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Racine-Courante était calme en cette matinée, le Soleil était levé depuis un moment et Oprigo, qui avait dormi tard, se réveilla et constata que le lit qu'occupait Elladan, à l'autre bout de la pièce, était vide. Il se leva et marcha dans la ville, profita du beau temps pour se dégourdir les jambes et tomba sur son ami, qui transportait une pelle et une pioche.

« Où vas-tu comme ça ? demanda-t-il, intrigué.
- Je vais creuser ! Je veux me faire une planque, j'ai pris ces cartes de Falaise (il montra une dizaine de cartes roulées et rangées dans son sac) comme ça, en cas de besoin, on n'aura pas à les faire plus tard. »

La logique d'Elladan étonnait Oprigo, il se sentait bien avec lui car il pouvait se permettre de ne plus réfléchir, il aurait pu penser que c'était imprudent d'amener des cartes de Falaise sans vraie raison et sans savoir exactement où ils feraient leur cachette, mais il était déjà impatient d'avoir une cachette sous le nez des Impériaux sans qu'ils ne s'en doutent, il approuva l'idée et se rua dans la réserve afin de prendre le matériel nécessaire à faire une planque.
Une heure de marche plus tard, ils se trouvaient devant la paroi de la montagne sur laquelle se trouvait Rouges-Prés, à une trentaine de mètres d'un fortin Impérial mais cachés par des arbres. Ils commencèrent donc à creuser et à déplacer des pierres, découvrirent une petite cavité qu'ils agrandirent et renforcèrent à l'aide de poutres, plus d'une journée de travail après, la cachette avait commencé à prendre forme, ils avaient commencé à installer le système nécessaire à assurer sa fermeture mais furent interpellés par des gardes qui, depuis le fortin, avaient vu la lumière de leurs torches. Ils furent fouillés et emmenés aux prisons de Haut-Chêne où ils attendirent plusieurs heures avant d'être interrogés par le roi.

« Ton nom et ta ville ? demanda ce dernier »

Oprigo, galvanisé par un échange de regards avec Elladan, exécuta une révérence grotesque et déclina l'identité qu'il avait avant de devenir Amranéen :

« Opo Ridge, de Haut-Chêne. »

Le roi jeta un regard à une femme masquée qui se trouvait à ses côtés.

« Nine, fais-lui mal. »

La jeune femme plaqua Oprigo contre le mur et, avant qu'il n'ait pu prononcer un autre mot, lui enfonça une dague dans le poignet. Il hurla de douleur et sentit son sang couler de la plaie.

« OPO ! OPRIGO !
- Ta ville ?
(le poignard tourna dans la plaie)
- RACINE ! »

Il sentit sa tortionnaire sortir la lame de son poignet après un hochement de tête du roi et s'approcher de son ami.

« Et toi ? »

Elladan ne se fit pas prier après ce qui était arrivé à Oprigo, il bégaya rapidement son nom et indiqua venir de Racine. Il pensait qu'ils obtiendraient un moment de répit lorsque, d'un souffle, le roi demanda :

« Pourquoi ces cartes de Falaise ? »

Oprigo se sentit coupable en repensant à ces cartes, il aurait du les laisser à Racine, il s'assit par terre, les genoux près du corps, et ravala un sanglot, entoura sa main avec un pan de sa chemise et fixa le vide.
Elladan bredouilla, il n'arrivait pas à trouver de raison valable, il avait aussi réalisé l'absurdité de son choix, Nine posa la pointe de sa lame sur son poignet et, voyant qu'il n'en disait pas plus, enfonça son arme dans la chair, moins profondément qu'à Oprigo mais suffisamment pour qu'il décide de l'arrêter.

« Laissez-le, je... je vais répondre, dit-il en serrant son poignet mutilé dans sa main, il sentait le sang s'en écouler lentement. »

Le roi tourna la tête et commença à l'écouter, il décida de leur expliquer la vérité au sujet de ces cartes.

« On n'avait pas de but précis. C'était pour prévoir, vous savez ce qui se passe actuellement chez les Amranéens ? »

Il résuma la présentation de Torchou aux élections de Morne et expliqua que, pour lui, c'était signe d'une attaque prochaine,

« On ne faisait que se défendre.. (il soupira) si il décide de venir prendre Racine, il nous faut bien de quoi riposter... conclut-il. »

Un léger sourire se dessina sur le visage de l'homme, il avait visiblement eu la réponse à sa question. Oprigo attendait qu'on le remette dans sa cellule jusqu'à ce que Nine prenne la parole.

« Il ment, il joue au malin.
- Fais-lui encore mal, dans ce cas. »


La femme se détourna de son ami et marcha vers Oprigo, elle fut arrêtée à mi-chemin par une intervention du roi.

« Pas lui, l'autre. »

Elle fit demi-tour et retourna voir Elladan d'un pas léger, comme si elle tenait à ce qu'il subisse la même chose que sa première victime. La peur se vit dans le regard du jeune homme, il fixait Nine d'un air terrifié, elle saisit le poignet qu'elle avait précédemment ouvert et y plongea la lame. Un cri s'échappa de l'amranéen qui lança un regard à son ami, il lui rendit un regard désolé.

« ON VA ATTAQUER FALAISE PAR LE NORD ! s'époumona le Elladan »

Oprigo le fixa, il reconnaissait bien l'attitude de son camarade, il eut envie de rire l'espace d'un instant mais la douleur de son poignet était vive et il sentait son dernier repas remonter dans son estomac. Nine se retourna brusquement et lança un regard à l'inventeur qui, de la peur qu'il éprouva à ce moment précis, sentit le résultat, humide et désagréable, se répandre dans son pantalon.

Le roi se retira et ils furent remis dans leur cellule respective, Oprigo ne pouvait pas voir Elladan depuis sa cellule mais il ne doutait pas du fait que ce dernier serait sous le choc. Lui-même était choqué, une boule se forma dans son estomac, il se pencha au-dessus du trou rempli d'eau, qui servait de latrines et y vomit tripes et boyaux.
Le Soleil avait du se coucher, le garde qui était censé les surveiller s'était endormi, il s'allongea sur sa couchette et fixa le plafond, bas, de sa cellule, il entendit la voix d'Elladan.

« Oprigo ? »

Il ne répondit pas, il était fatigué, en état de choc, son poignet le faisait souffrir et il ne savait pas ce qu'il allait advenir d'eux. Il ne pouvait que soupirer, écouter son camarade et attendre.

« Oprigo ? Tu vas mieux ? »

Le silence enveloppa Oprigo après cette phrase, il attendait avec impatience que son ami s'adresse à lui de nouveau pour lui répondre, il voulait le rassurer.

« Repose-toi bien, j'espère que ton poignet ne te fait pas mal... »

En guise de réponse, l'amranéen laissa entendre un petit sanglot, il prenait conscience de ce qui se passait autour de lui et sentait de lourdes larmes chaudes couler sur ses joues. Sa situation n'était pas enviable, il était mutilé, enfermé, fatigué, sale et en danger, il continua de sangloter pendant plusieurs minutes et se ressaisit, il se tourna sur la paillasse qui lui tenait lieu de lit et tenta de dormir.
Le jour suivant, il resta silencieux, il mangea sans appétit les pommes de terre bouillies dont il disposait, resta assis sur sa paillasse une partie de la journée mais décida de dormir dès qu'il en eut l'occasion, Elladan n'avait pas donné de signe de vie de la journée et il était inquiet pour lui, il fallait savoir ce que leurs tortionnaires avaient prévu pour eux.
Tard dans la nuit, Oprigo s'était réveillé, il n'arrivait pas à dormir à cause du garde qui les surveillait, il était assis sur une chaise et jouait avec les clés des cellules.
Il songea au fait que ces portes étaient très élaborées, le mécanisme permettant de les verrouiller était semblable à celui qu'on trouvait à certains endroits de Racine, très compact, il remplaçait la poignée et rendait la clé obligatoire pour ouvrir la porte.
La cellule sentait très mauvais, la plaie d'Oprigo était sûrement en mauvais état, il fallait la laver, chose impossible dans l'eau où il avait vomi. Il interpella le garde.

« Eh, venez voir. »

L'homme s'approcha de la porte.

« J'aurais besoin de changer de cellule, d'aller dans celle-là (il montra la cellule
adjacente à la sienne, face à celle d'Elladan, où l'eau devait être plus propre)
 »

Le garde lui rit au nez et recula un peu, l'odeur de la cellule le dérangeant probablement

« Et pourquoi ?
- L'eau de cette cellule est sale.
- T'as qu'à te laver dans l'eau sale.
- Sauf que l'eau de l'autre cellule est propre, et que j'ai besoin d'eau propre pour laver ma plaie,
dit-il en montrant la plaie suintante de son poignet au garde, nullement impressionné.
- C'est pas mon problème. »

Oprigo tenta de le faire changer d'avis.

« Savez-vous pourquoi mon corps est dans cet état ?
- Raconte-moi, j'ai toute la nuit.
- Ça tombe bien, c'est une longue histoire. »


Oprigo résuma la raison pour laquelle il avait atterri en prison et sa torture, essayant de rendre la souffrance la plus intense possible pour que le garde se prenne de pitié pour lui. Au lieu de ça, il demanda des détails sur la douleur qu'il avait ressentie, il semblait fasciné par la façon dont la plaie avait évolué, il n'avait pas l'air de vouloir le laisser sortir, l'amranéen tenta alors une approche différente.

« Bon bah je me tais. J'arrête de raconter. Je terminerai quand je serai dans l'autre cellule. »

A ce moment là, Elladan se réveilla.

« Oprigo ?
- Tu es réveillé. Tu vas mieux ?
d'enquit-il. »

Elladan regarda son poignet et répondit d'une voix rassurée :

« Oui.. mais toi ?
- J'ai encore mal, mais j'aimerais nettoyer la plaie. Ce garde ne veut pas me changer de cellule. »


Le garde comprit, en voyant la cellule où se trouvait Elladan, que son interlocuteur cherchait à obtenir une cellule face à la sienne, il décida, pour le punir d'avoir tenté de se jouer de lui, de le mettre dans la cellule de laquelle il verrait encore moins son ami, sur la droite. Il ouvrit la porte et, la clé en main, ordonna à Oprigo de sortir et de changer de cellule. Celui-ci s'exécuta et jeta un œil à la porte de la cellule où Elladan se trouvait mais au lieu d'aller dans la cellule indiquée par le garde, il saisit la clé dans la main du garde et se rendit dans la cellule qu'il lui avait demandée, il remarqua d'ailleurs en utilisant la clé du garde que le mécanisme de chaque porte était le même et que les clés étaient identiques. Cette décision déplut au garde qui décida de faire sortir son prisonnier pour qu'il aille dans la cellule qu'il lui avait montrée. Il entra dans la cellule, leva brusquement Oprigo qui était déjà accroupi près du point d'eau à laver son poignet, se retourna et … trouva la porte fermée derrière lui. Il avait oublié la clé de l'autre côté, Oprigo se déroba à son emprise et constata la situation dans laquelle le garde s'était mis, il rit et s'assit sur le lit, regarda le garde d'un air nonchalant.

« Comment vous allez faire, maintenant ? »

L'homme, pris de colère, sortit son épée et en plaça la pointe sous la gorge d'Oprigo.

« Vous devriez éviter, sinon vous allez avoir des problèmes... Si vous décidez de me tuer, vous perdez votre prisonnier, et je ne suis pas sur que le roi soit content, lui dit-il en le narguant. »

L'inventeur avait repris confiance en lui lorsqu'il avait croisé le regard d'Elladan, le garde qui lui faisait face était visiblement au début de sa carrière et il serait possible de fuir, une occasion à ne pas manquer après ce qu'il avait enduré : peut-être allait-il subir pire. Il poussa donc le garde et lui indiqua qu'il pouvait le faire sortir s'il le laissait dans la cellule qu'il avait demandée. Le garde hocha la tête et, après avoir rincé sa plaie et l'avoir bandée correctement, l'amranéen entreprit de refaire une clé. Il saisit pour cela une planche qui se trouvait au sol et l'épée du garde qui, même s'il était réticent à la lui prêter, n'avait pas le choix, il la lui céda mais garda un pied au dessus du poignet blessé d'Oprigo, qui s'était accroupi au sol pour travailler, afin de le dissuader de toute attaque. Après plusieurs minutes à travailler le bois de sa main valide, il réussit à faire une clé ressemblant à celle qu'il avait utilisé pour entrer. Le garde la lui arracha des mains et quitta la cellule, mais ne tint pas promesse, il ordonna à Oprigo de quitter la cellule, celui-ci refusa et lorsque le garde s'impatienta, quitta la pièce en courant, poussa le garde avec son bras droit et saisit le trousseau de clés qu'il avait laissé sur la table, il jeta le trousseau à Elladan et courut dans la prison le temps que ce dernier quitte sa cellule, le garde à ses trousses n'était pas assez rapide et l'énergie du désespoir permettait à Oprigo de garder une certaine distance entre lui et son poursuivant. Elladan eut rapidement ouvert la porte et repéré la plus grande des clés, qui lui permit d'ouvrir la deuxième porte qui les empêchait de sortir. Par chance, le garde chargé de rester au bureau de l'entrée était absent, le jeune amranéen ouvrit la porte à la volée et détala en courant, laissant les clés pendues à la serrure, son camarade suivit moins de deux secondes plus tard avec le garde à ses trousses.


Elladan était dans la rue principale de Haut-Chêne, il ne faisait aucun doute que les gardes allaient se lancer à sa poursuite s'il restait ici, il prit alors ses jambes à son cou et s'enfonça dans les ruelles de l'ouest de Haut-Chêne, il entendit le cliquetis des armures en pierre d'eau des gardes qui lui couraient après, décida de rester dans ces ruelles assez longtemps pour les semer, puis, arrivant sur le côté du port, sauta dans l'eau. La sensation de l'eau froide sur la plaie de son poignet fut agréable, mais le sel raviva la douleur plutôt rapidement, il fut contraint de se cacher derrière une barque pour reprendre son souffle, le temps que les gardes quittent la zone, puis il nagea pour s'approcher assez du port pour ne pas qu'on puisse le voir d'en haut, il se déplaça en suite jusqu'à l'autre côté de la muraille blanche par étapes, faisant des pauses pour éviter de faire trop de bruit. Une fois assez éloigné, il nagea comme il le pouvait sur la distance qui le séparait de l'autre rive, l'obscurité ambiante lui permettant de faire des pauses, il ne croisa que quelques bateaux et prit son temps, il put atteindre la rive d'en-face en plusieurs dizaines de minutes de nage, s'abrita près de la forêt et vit le soleil se lever. Il se dépêcha de se mettre en chemin vers Racine qu'il atteint après plusieurs heures de marche.


Oprigo passa la porte et vit Elladan qui partait vers l'ouest, il jeta un œil à sa droite et plongea dans le bassin qui longeait le chemin entre la rue et la prison, le garde qui s'était lancé à sa poursuite ne le vit pas tout de suite, la nuit aidant, mais le remarqua alors qu'il était presque arrivé de l'autre côté de l'eau. Il dut faire le tour pour continuer de le suivre, ce qui permit à l'amranéen de prendre un peu d'avance. Il s'engagea dans la partie Est de la ville, qu'il connaissait depuis son enfance, et parcourut le labyrinthe au pas de course, suivi par le garde de la prison et un autre qui l'avait rejoint. Il réussit néanmoins à les semer, leurs armures les rendant plus lourds, et, deux rues avant la rue principale, sauta dans une charrette qu'un fermier avait laissée sans surveillance. C'est caché entre des sacs de fruits et de légumes d'Oprigo put quitter la ville, il avait pris soin de bien se cacher entre les sacs. Il osa un regard à l'extérieur lorsqu'il sentit qu'une descente venait de se terminer, il avait passé le pont des Lumières et était à l'extérieur de la palissade. Il cacha une carotte dans son veston et sauta en route. La chute lui arracha un petit cri de douleur mais n'alerta pas le conducteur de la charrette car il était couvert par le bruit des roues sur les pavés de la route. Il s'éloigna rapidement de la route impériale et rentra à Racine un moment après le lever du Soleil, Elladan l'y attendait.
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