Hearalgar se promenait dans des allées fleuries, sur le dos d’un cheval blanc.
La lumière était telle que tout était beau : Le vert des arbres, la vivacité des couleurs des fleurs.
C’était magnifique. Des lapins gambadaient par-delà les prés, et le chant des oiseaux résonnait comme une douce mélodie.
L’air sentait bon : Les coquelicots, lys, roses, pensées, tous ces parfums étaient envoûtants.
Soudain, un bruit alerta Hearalgar, qui se retourna.
Un homme, tout encapuchonné de noir, et sur un sombre destrier et dont seule la bouche était visible, venait de l’interpeller, par un son plutôt étrange.
Le paysan arrêta son cheval, et le questionna :
- Qu’avez-vous dit ?
L’homme encapuchonné répondit :
- Bam !…
- Comment ça ? « Bam » ?
- Bam, bam, BAM BAM BAM ! ……..
- Hearalgar, RÉPONDEZ !
Cela fait des mois que l’on n’a plus de vos nouvelles !
Hearalgar se réveilla, la bouche pâteuse, et la vue troublée par les quelques grammes d’alcool en trop que son sang contenait.
Il reconnut cependant la voix de Torchou, décisionnaire de l’aménagement.
- Laissez-moi entrer, ordre du grand intendant.
- DEGAGEZ, J’ai pas b’soin d’votre aide ! J’ai rien à vous donner , J’SUIS FINI !
L’affaire de l’éleveur avait en effet périclité : Une grande partie de ses animaux étaient morts de maladie,
à cause de la rudesse du climat Mont-Brumois, et de la saison particulièrement froide. Le paysan avait beaucoup perdu, et ses dettes ne cessaient de grossir.
La solution que l’homme avait trouvée, était d’écouler son immense réserve d’alcool Haut-Chênois, et d’utiliser ses rêves comme échappatoire à cette situation.
- Ouvrez moi, c’est un ordre, ou on défonce la porte !
L’homme ne répondit pas. Il n’était pas en état de se lever.
Les deux gardes qui accompagnaient le décisionnaire de l’aménagement n’eurent pas de mal à défoncer la porte, dont le bois était presque pourri.
Les hommes furent stupéfaits par ce qu’ils découvrirent.
Une odeur immonde les pénétra, en même temps qu’un spectacle bien misérable
Sa maisonnette, autrefois si soignée, était dans un état pitoyable. Tout tombait en ruine, et le paysan était allongé sur sa paillasse salie par l’alcool qu’il devait boire chaque jour.
La pièce n’était pas aérée, le sol était jonché de cadavres de bouteilles d’alcool vides, du linge sale, et des restes de viandes dont la date limite devait être largement dépassée.
Les deux gardes emmenèrent le paysan aux cachots, par ordre de Torchou, qui l’avait connu dans le passé, comme un homme courageux, persévérant, et non comme une vieille loque qu’il était devenu…
Après deux jours de cachots, Torchou se présenta devant la cellule du paysan.
Hearalgar, j’ai parlé de votre situation au grand intendant, qui a trouvé la situation inacceptable.
Vous devez deux mois de taxes à l’empire, vous êtes descendu bien bas, au point de passer vos journées à boire, et dormir. Vous avez rendu service à l’Empire de nombreuses années, et vos productions nous ont sauvées de la famine à plusieurs reprises.
C’est au tour de l’empire de vous rendre service. Ainsi, pour régler vos dettes, et retrouver la forme, rien de mieux que de changer d’air. Votre affaire ne marche plus ? Nous avons trouvé une solution, et je vous garantis qu’elle fonctionne, pour les gens comme vous.
Vous êtes donc destitué de votre fonction de paysan, et vous présenterez au quartier militaire d’Haut chênes d’ici 2 jours ! Vous ne pouvez pas vous ressaisir tout seul? Nous le ferons pour vous !
Ainsi, dans deux jours, débutera votre entrainement. Vous êtes désormais Garde Impérial !