Le teint morne de la pierre impériale m'avais endurci l’œil. Le jour m’agressait, la nuit me perdait/ Cycléis se jouait de mes sens, ricanant aux affres de mon hermitage forcé.
Voila bien longtemps que j'erre dans ces caveaux humides, les pieds barbotant sans cesse dans la fauge nauséabonde. Mes friches n'étaient que lambeaux, mon imberbe menton et mon cou s'étaient enveloppés d'une épaisse barbe hirsute, et mon teint blafard de non-mort avait réduis a néant l'image que les Morne-Collinois pourraient, fussent-ils se rappeler de moi, avoir envers ma personne.
La chaleur et la convivialité de ces parois rocheuses me manquaient. Dans mes souvenir, aussi flous soient-ils, la vie a Morne-Colline m'était parfaite. Je ne manquais de rien, la Cité-de-Pierre entière se suffisait a elle-même. Nous étions tous soudés, unis face aux animosités impériales. Nous ne craignons rien car, ensemble, pas même la Grande Malédiction ne nous faisait fléchir le genou.
Maxylos... Razade... Pefier... Autant de notes égarés dans mon esprit d'une partition a mon dépend oubliée. Une ode synonyme de liberté, de respect des traditions et de d'unité. Ni de leurs voix, ni de leurs visages je ne me souvenais. Je sais simplement ce que mon cœur amranéen me dicte. Ils ont été ma Famille, mes Frères et mes Sœurs. Ils ont été ma Meute. Les liens tissés avec ces êtres étaient plus puissant que n'importe quel autre lien que j'ai pu avoir.
Cela fait trop longtemps que je n'ai pas entonné ce chant, l'hymne de mon existence. Je ne sais plus depuis combien de temps je me suis égaré des miens. Je ne sais plus si mon propre âge se rapproche plus de la vingtaine ou de la trentaine de centaines de cycles. Je ne connais plus le goût du pain, ni même si le cuir a la même saveur que la viande. Je ne connais plus que la chair des rats, l'eau croupie et l'odeur infecte des bas-fonds de cette ville impériale.
Assis sur une dalle de pierre fendue en deux par le temps, le ménestrel déchu sanglottait. Le visage enfoui dans la paume de ses mains, il sentait des larmes chaudes lui couler le long des joues, avant de finir leur descente sur les lèvres meurtries de l'exilé, laissant un âpre goût salé. Récitant de plus belle une ronde de noms amranéens, il porta la main a son sac en lin.
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Au coeur de Falaise-Pongeante, l'activité avait atteint son paroxysme. Venue embrasser la nuque nue des jeunes dames de la cour impériale, une légère brise s'était levée, accompagnant la fin d'après midi. Un brouhaha incessant emplissait les oreilles de chacun, homme et femme, témoin de l'importance non négligeable de la ville.
Mais pourtant, une douce ode mélancolique montait des tréfonds de la ville. Un peu partout, une mélodie de flûte sortait des arrivées d'égouts de la ville, emplissant les oreilles attentives d'une mélopée a la situation plus qu'inattendue.
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J'ai oublié jusqu'à mon nom. Je ne suis que deux mains gauches, égarées et perdues, jouant de son histoire, de sa musique.
Cette mélancolie me rappelle qui j'étais et d'où je viens, mais surtout qui je suis et où je souhaite être.
Mon ode est mon retour chez les miens.
Parmi mes frères.
J'arrive.
[HRP] Amis Impériaux (Ou pas !) et non belliqueux, a vos plumes ! Je souhaitais faire un retour en bonne et due forme !