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SUJET : Journal d'Amaesis Lunae

Journal d'Amaesis Lunae 26 Mai 2014 14:03 #25516

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Fiche de personnage

Nom : Lunae

Prénom : Amaesis

Surnom : Ama', Amae.

Faction : Fille d'amranaé, citoyenne d'Akatéa

Métier / poste : Thaumaturge et Chamane de Racine-Courante

Physique : Amaesis est une jeune femme d'apparence frêle, cependant elle entretien sa musculature déliée en maniant dagues et épée légère tous les jours. Ses longs cheveux rouges sont souvent emmêlés en un chignon fouillis, et elle entretient sa couleur inhabituelle en la lavant avec de la surelle. Ses yeux vairons, l'un couleur mousse et l'autre noisette vous fouillent l'âme à chaque regard. Sa peau laiteuse est marquée par nombre de cicatrices : une petite et fine court le long de son visage à gauche, une trace de griffures de banni qui a l'air profonde derrière sa cuisse droite, une grosse boursouflée dans le dos, et une mince ligne qui lui court le long de l'avant-bras droit.

Caractère : Amaesis est une femme-enfant par certains côtés. Elle est exubérante, rieuse et agréable en général, mais sait se montrer ferme quand les circonstances le demandent. Avec ses ennemis, elle est implacable. Amicale au premier abord, elle est pourtant méfiante envers les extrémistes, qu'ils soient impériaux ou de son propre peuple. C'est une femme tout en contrastes, toujours entière et droite.

Idéologie : D'abord pacifiste dans l'âme du fait de sa passion première qu'est la guérison, elle n'hésitera pourtant pas à prendre les armes pour défendre sa liberté, mais toujours en dernier recours : elle répugne à prendre une vie. Charismatique du fait de son regard particulier et magnétique, elle préfère utiliser le tranchant des mots plutôt que celui de son épée contre les impériaux.
"Les rêves en sucre deviennent réalité" Silven

L'usine de rêves en sucres a varié sa production. On y trouve aussi des paillettes qui font briller la vie.

Pour apprendre à guérir, tu dois apprendre a tuer.
Dernière édition: 17 Sep 2014 10:13 par Amaesis.
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Journal d'Amaesis Lunae 27 Mai 2014 13:57 #25549

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Enfance

Le village amranéen dormait, si paisiblement qu'on aurait presque dit une ville fantôme. La seule chose qui montrait que des gens vivaient ici, c'était les cris qu'on entendant à intervalles réguliers. Ces cris avaient commencé au coucher du soleil, et se poursuivaient depuis lors, de plus en plus rapprochés. Ils provenaient d'une femme en couches. C'était sa première grossesse, donc son premier accouchement, mais étant guérisseuse, elle savait que cela ne se présentait pas bien. La douleur était trop intense, il y avait quelque chose qui ne se passait pas comme prévu. Dès que ses contractions s'étaient rapprochées, elle avait fait mander sa mère, doyenne du village et guérisseuse elle-même pour l'aider à mettre son enfant au monde.

La vieille femme avait emmené avec elle son nécessaire de guérison, ainsi qu'Yrienne, son assistante. Les deux femmes avaient demandé au futur papa de quitter les lieux, et depuis que Cycléis avait entamé sa descente dans le ciel, elles étaient toutes les trois enfermées, silencieuses. C'est par ce silence, et aussi par le regard sombre de sa mère que la primipare avait compris que ses craintes étaient fondées : quelque chose clochait réellement. Dès lors, elle avait eu beau crier, tempêter et supplier, sa mère refusait de lui expliquer ce qui n'allait pas.

Enfin, délivrance : après une dernière contraction suivie d'une poussée tout aussi forte, la future mère sentit un poids sur son pelvis, et presque aussitôt sa mère attrapa une chose violacée, sortie de ses entrailles. Halètement de la parturiente, silence atterré dans la chaumière : l'enfant -un garçon, eût le temps de noter la maman- était mort-né. Le cordon ombilical s'était enroulé autour de son cou, et l'avait étranglé. Avant que sa fille ne puisse contempler plus avant la face cyanosée du petit être mort, la vieille femme quitta la chaumière après avoir coupé le cordon ombilical, portant son fardeau inerte dans les bras. Alors, seulement, la femme éclata en sanglots lourds et déchirants, pleurant la perte de son bébé.

Pourtant, ses sanglots se muèrent rapidement en cris de douleur et d'incompréhension : le travail reprenait, elle avait à nouveau des contractions ! Yrienne était désemparée devant cet évènement inattendu, c'est pourquoi la parturiente elle-même supervisa son propre accouchement, entre deux cris de douleurs. Ainsi, lorsque sa propre mère revint, elle vit sa fille épuisée tenant contre son sein un petit être braillant de tout ses poumons, le crâne couvert d'un fin duvet rougeâtre.

- C'est une fille, murmura la jeune maman...


*
***


Le soleil frappait fort ce jour là, et la petite fille peinait à porter son seau d'eau. Pourtant, il fallait qu'elle se dépêche : Mère attendait le seau afin de faire bouillir l'eau pour l'accouchement d'Yrienne... L'enfant pressa encore le pas, soufflant comme un boeuf à l'effort. Elle était frêle pour ses six ans, car ses parents craignaient sans cesse qu'elle ne se blesse : elle n'avait donc pas le droit de jouer dehors avec ses pairs et avait passé les six premières années de sa vie dans les jupons de sa mère, l'aidant dans ses travaux de guérisseuse dès qu'elle avait su marcher.

Grâce à cela, sa mère n'avait pas eu besoin de prendre une apprentie. Et la petite fille avait l'impression qu'elle rendait ses parents fiers, à aider sa mère ainsi. Elle avait donc continué à suivre sa mère partout, absorbant toutes les connaissances possibles sur les plantes, leurs utilités, les façons de les préparer, de les cueillir. Elle savait déjà quelles plantes étaient bénéfiques, quelles plantes étaient maléfiques. Elle avait appris à coudre afin de prévoir le moment tant attendu où sa mère l'autoriserait à recoudre une blessure. Elle savait préparer toutes sortes de potion, qui allaient de celle qui enlève la nausée à celle qui endort, et elle attendait avec impatience le moment où Mère lui enseignerait les "potions des grands", qui pouvaient provoquer des maladies voire la mort si elles étaient mal utilisées.

L'enfant fit une nouvelle pause. Elle lâcha la corde du seau en grognant, rattacha ses longs cheveux d'un rouge étonnant en une tresse rapide, et étudia le chemin de ses yeux vairons. Elle était sceptique : elle rentrerait sûrement plus rapidement en coupant à travers bois, mais si Père l'y attrapait... Elle risquait d'être enfermée et nourrie au pain sec et à l'eau durant des jours ! D'un autre côté, si elle rapportait en même temps à Mère des surelles sauvages, pour entretenir ses cheveux fabuleux, peut-être... Avec détermination, elle chargea à nouveau le seau dans ses bras et s'enfonça dans les bois, de sa démarche féline. Ses yeux la brûlaient : ils avaient toujours été si sensibles à la lumière... Mère disait toujours que c'était leurs deux couleurs qui n'étaient pas d'accord. Elle disait aussi que son oeil vert était à elle, et son oeil marron à son frère. Mais la petite ne comprenait pas : elle n'avait jamais eu de frère ! À moins qu'elle ne le connaisse pas ? Chassant ces pensées, elle s'arrêta à nouveau pour frotter ses yeux avant de se remettre en route, à la recherche de surelle avant de rentrer au village.

*
***


- Zys ! Il faudrait que tu ailles au village voisin, pour donner au père de Garren ce thé-des-morts, s'il te plaît. Et dépêche-toi de partir, je veux que tu y arrives avant la nuit. Tu dormiras chez eux, et reviendras demain matin dès la première heure. N'oublie pas de chercher des rosiers-noisette sur le chemin du retour, il faudra les faire sécher !

Garren, encore lui... Amaesis soupira en laissant son ouvrage sur son lit. Depuis quelques temps, leurs parents trouvaient n'importe quel prétexte pour les faire se croiser : le petit frère de Garren qui était tombé du toit du moulin et il fallait lui remettre l'épaule (alors que Garren lui même aurait su la replacer correctement !), la mère de Garren qui avait besoin de son thé-des-morts deux fois plus souvent que nécessaire (on ne doit prendre ce thé-des-morts qu'au début de son cycle lunaire, sous peine d'infertilité permanente), et tant d'autres prétextes aussi ridicules que dérangeants.

Cela n'aurait pas ennuyé la jeune femme si Garren n'avait pas l'air aussi heureux de la voir à chaque fois. Enfin, quoi ! Il était bien gentil, Garren, mais pas très intéressant. Fils aîné du chaman actuel du village le plus proche du sien, il savait manier la masse avec aisance (d'ailleurs son gabarit le lui permettait largement), mais avait la conversation d'une pierre moussue : aucune. Oh, bien sûr il parlait ! Il parlait des récoltes, du temps qu'il faisait, des progrès à la masse de son petit frère ou encore de la femme parfaite à laquelle il aspirait. Mais Amaesis voulait parler elle de guérison, de plantes, d'herbacées et d'arbustes, de légendes et du peuple rival au leur...

Alors elle avait abandonné l'idée de faire plaisir à ses parents en épousant le jeune homme, et écoutait avec d'autant plus d'avidité les récits exotiques des guerriers de son village qu'elle soignait en aidant sa mère. Rubeck avait vu la mer, une grande étendue d'eau dont on ne voyait pas la fin ! Il avait, avec quelques uns de ses camarades, pris d'assaut un bateau impérial afin d'en rapporter les ressources au village. Il lui contait tout cela alors qu'elle lui recousait la cuisse, ouverte du genou à la hanche d'un coup d'épée ennemi. Jaÿlenn, elle, était rentrée avec des plantes étranges de l'autre bout du pays, que sa mère étudiait en ce moment. Elle avait décrit avec force détails comment elle s'était introduite dans l'échoppe d'un alchimiste -sorte de guérisseur impérial- pour y dérober la plante, et comment elle avait dû redoubler d'ingéniosité afin d'échapper à la garde qui la poursuivait !

Le seul moment où sa mère ne la forçait pas à rencontrer "fortuitement" Garren, c'était quand la jeune femme officiait dans leur petite échoppe de guérison. Alors la jeune femme se mit à y passer le plus de temps possible, parfaisant ses connaissances, améliorant les recettes ancestrales de sa famille, étudiant avec minutie l'anatomie, soignant à corps perdu les blessés et les malades. À seulement quinze ans, elle était capable de superviser un accouchement seule. A seize ans, sa mère n'hésitait plus à la faire voyager seule dans les villages alentours pour qu'elle y soigne tous les maux.

Amaesis soupira une dernière fois pour faire comprendre à sa mère sa lassitude d'aller voir Garren, prit la fiole qui lui était tendue, et se mit en route.
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Dernière édition: 27 Mai 2014 14:51 par Amaesis.
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Journal d'Amaesis Lunae 27 Mai 2014 14:38 #25550

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HRP : Je trouve ça génial. Ta description, celle de tes yeux, "l'invention" des plantes (j'adore les noms et tout ^^) !

Seule remarque : Tu fais pas mal de répétitions. Certaines ont l'air voulues et passent crème, d'autres non. Je pense notamment à "Elle savait préparer toute sorte de potion, qui allaient de la potion [...]". Peut-être pourrais-tu dire "[...] potions, de celles qui enlèvent la nausée à celles [...]" ?
"Il faut savoir garder un atout jusqu'à la fin."


"You shoot me down but I won't fall."

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Journal d'Amaesis Lunae 27 Mai 2014 14:40 #25551

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La rose existe vraiment, ma maman en a dans son jardin, je les aime bien ^^
Voilà :

image_2014-05-27.jpg


Oui pour les répétitions, sûrement, mais tu sais, j'écris en cours (ouuuuuuh la vilaine ! :P ) du coup c'est très possible. Je reprendrai ça ce soir pour ôter les répétitions pourries :)

Mais merci des compliments !!
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Dernière édition: 27 Mai 2014 14:54 par Amaesis.
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Journal d'Amaesis Lunae 03 Jui 2014 12:12 #25647

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Exil

Amaesis suppléait désormais sa mère dans la plupart des opérations lourdes, car celle-ci était atteinte de cataracte. La jeune femme, cantonnée depuis des années dans son rôle de guérisseuse et de future femme de Garren, s'esquivait depuis quelques mois, toutes les nuits. Son père l'ayant surprise à rentrer au petit matin, elle lui avait avoué qu'elle allait rejoindre son promis chaque nuit dans une grotte qu'ils avaient découvert tous les deux et qu'ils y restaient jusqu'au matin à refaire le monde et à prévoir leur vie future. Elle avait ajouté qu'il était important qu'il n'en dise mot, puisque le père de Garren serait furieux s'il apprenait que son fils lui désobéissait en filant en douce la rejoindre. Toute cela était pure affabulation, bien évidemment, mais cela avait pour effet que la jeune femme pouvait quitter le village chaque nuit sans crainte de se faire punir.

La réelle activité nocturne de la jeune fille était plus triviale, sinon déraisonnable : elle marchait jusqu'à être presque perdue au milieu des bois, attendait d'être encerclée par les bannis, et passait le reste de la nuit à courir afin de leur échapper et à rechercher son chemin pour rentrer avant le lever du jour. Malheureusement pour elle, son sens de l'orientation refusait bien souvent d'émerger, la laissant plus d'une fois à des lieues de son village au point du jour, essoufflée et tout aussi fréquemment égratignée soit par les bannis eux-mêmes, soit par les prouesses d'agilité qu'elle devait mettre en oeuvre pour leur échapper.

Malgré cela, et pour rendre plus réelle sa rodomontade, elle rapportait une à deux fois par semaine les plantes nocturnes dont elle et sa mère avaient besoin et dont elles manquaient avant que la jeune femme ne commence ses sorties nocturnes. Ainsi, Amaesis satisfaisait son besoin de liberté qui avait toujours été réprimé par ses parents sans qu'elle en comprenne la raison tout en participant au renouvellement constant du stock de leurs ingrédients. Pour que personne n'ait rien à lui reprocher dans quelque domaine que ce soit, la jeune femme passait en outre plus de temps que nécessaire chaque jour dans le dispensaire familial, et elle participait activement à la vie politique et quotidienne de son village.

Bientôt, les compliments allaient bon train sur son compte : elle était férue de travail, minutieuse dans ses opérations, aucun patient n'avait à redire quant à ses soins, elle avait su innover dans les méthodes de soin... Cependant, elle ne faisait pas l'unanimité : certains disaient que sa beauté était l'oeuvre du démon, que sa survie n'était pas naturelle (Amaesis ne comprenait pas cette rumeur là, et sa mère ne manquait pas de la souffleter dès qu'elle lui en demandait la raison, aussi la jeune femme abandonna-t-elle après quelques temps). Certains disaient que son acharnement au travail devait cacher un caractère exécrable, car "on ne se cantonne pas autant dans son travail sans une bonne raison, aussi doit-elle être acariâtre". Ceux-là étaient contredits par les anciens patients de la jeune femme qui assuraient à qui voulait les écouter que la jeune femme était douce et facile à vivre, cependant cela alimentait la rumeur disant qu'un être aussi parfait cachait forcément quelque chose.

Ainsi et depuis toujours, Amaesis ne laissait pas son village indifférent, mais elle n'en avait cure : tant que ses parents étaient satisfaits d'elle et qu'elle faisait bien son travail, rien d'autre n'avait d'importance.

*
***


La neige tourbillonnait ce jour là, à tel point que la visibilité était quasi-nulle. Les hommes du village allaient pourtant braver le mauvais temps pour aller secourir un village amranéen voisin, enseveli sous les décombres de l'éboulement d'une partie de la montagne attenante. Heureusement, leur village à eux avait été épargné.

"Pourvu que père ne soit pas blessé en tentant d'extraire ces gens des débris rocheux..." songea la jeune Amaesis en préparant son nécessaire de soins afin d'assister sa mère dans l'hôpital de fortune qu'elles avaient installé dans une grange à foin, réquisitionnée pour l'occasion. Les hommes du village les plus vaillants étaient partis dès l'aube avec le messager du village voisin pour aller déblayer les décombres et rapatrier les blessés et ceux qui avaient tout perdu. Les autres, jeunes hommes, vieillards et mêmes les femmes, avaient passé la journée à installer le matériel des guérisseuses dans la grange, et à construire des petites maisonnettes pour accueillir leurs vosins.

- Dépêche-toi, Zys, ne reste pas là à rêvasser ! Il faut monter les paillasses, aller chez Emre chercher de la nourriture et des couvertures... Tu n'as pas de temps pour ça !
- Oui, mère, répondit humblement la jeune fille, avant de s'atteler aux derniers préparatifs de l'hôpital provisoire.

"Il y aura des blessés, voire des morts", avait dit son père la veille. "Il faudra que vous soyiez fortes, toutes les deux, ne vous laissez pas submerger par la fatigue. J'irai demander à la fille de Duke, Lya, de vous aider. Elle n'est pas très vive d'esprit, mais elle sait obéir." Et il en serait fait comme son père l'avait dit. Il prenait toujours les bonnes décisions. Il n'était pas chaman, il avait refusé ce poste dans sa jeunesse, alors qu'il allait devenir père, se plaisait-il à raconter à sa fille, cependant le chaman de leur petit village lui demandait souvent conseil sur certains sujets. C'était donc ainsi que son père s'était retrouvé à gérer cette crise, tandis que leur chaman était parti dans un plus gros village chercher un rebouteux pour leur apporter de l'aide.

Les hommes partis, et quand l'hôpital de fortune fût enfin installé à la convenance de sa mère, l'attente commença. De longues, très longues heures à attendre leur retour, priant les dieux qu'aucun d'entre les leurs ne soit blessé, ou pire, ne se perde dans la tempête. Amaesis ne tenait pas en place. Sous les œillades furieuses de sa mère, qui passait le temps en cousant, la jeune amranéenne faisait les cent pas, fébrile.

- J'aurais pu les aider, mère ! J'aurais pu administrer les premiers soins aux blessés les plus légers, pour qu'ils aident père à sauver les leurs, j'aurais pu...
- Il suffit ! Tu n'aurais rien pu faire d'autre que d'ennuyer ton père en étant dans ses pattes. De plus, une jeune fille n'a rien à faire dans des recherches pareilles.
- Mais, mère...
- Tais toi, maintenant ! Et assied-toi donc, tu me donnes le tournis
.

Soupirant, la jeune fille n'eut pas d'autre choix que d'obéir, encore une fois. Elle ne pût cependant cesser de gigoter, rongeant son frein le plus silencieusement possible pour éviter le regard noir bien que presque aveugle de sa mère. Soudain, après ce qui lui avait paru une éternité, la porte s'ouvrit brusquement, et une file d'hommes portant des blessés s'engouffra dans la bâtisse. La mère d'Amaesis chargea Lya de traiter les engelures, et sa fille des cas les moins graves d'hypothermie, ainsi que certaines opérations qu'elle ne pouvait plus prendre en charge du fait de la baisse de sa vue, tandis qu'elle-même prenait en charge les opérations les plus difficiles ainsi que les cas d'hypothermie les plus graves, avec l'aide de son mari.

Amaesis n'avait plus le temps de penser, toute à ses onguents et potions. Plus le temps passait, plus elle avait chaud, et plus elle était épuisée et assoiffée. Il y avait des enfants fiévreux et déshydratés, des femmes qui avaient pris des coups sur le crâne - l'une d'entre elles ne passerait d'ailleurs pas la nuit, ayant perdu trop de sang -, des hommes qui souffraient de coupures sur tout le corps... Elle s'occupa même d'un enfant qui avait perdu un doigt. Tard dans la nuit, elle arriva enfin à son dernier patient. Celui-ci, endormi et tout barbouillé de terre, était fiévreux et tremblant. Il était jeune, à peu près de son âge. Sa peau laiteuse était marquée d'ecchymoses à divers endroits. Son père lui avait décrit comme étant un jeune homme courageux, car il avait aidé à déblayer les gravats, malgré une blessure au poignet - et en effet, son poignet était bleu et enflé.

De plus, il souffrait de déshydratation, comme presque tous les habitants qui avaient passé quelques temps bloqués sous les décombres, et avait quelques engelures sur les mains. Lorsqu'elle posa sa main fraîche sur le front du jeune amranéen, celui-ci ouvrit les yeux. Il avait des yeux couleur émeraude "les plus beaux qu'il ne lui fût jamais donné de voir", pensa Amaesis. D'ailleurs, elle le trouvait terriblement beau tout court. Troublée par son regard, elle lui expliqua ses blessures ainsi que tous les soins qu'elle allait lui administrer. Lui restait silencieux et ne la quittait pas du regard, ce qui la fit rougir plus d'une fois. Dans la soirée, il fut pris d'une fièvre dévorante et tomba dans le coma.

*
***

Depuis l'effondrement, tous les jours une caravane partait récupérer un maximum de choses encore utilisables dans les décombres. Les habitants du village voisin étaient venus grossir la population du village d'Amaesis, pour le plus grand bonheur de la jeune fille. Elle y avait en effet trouvé une compagne de son âge, passionnée également de guérison, et elles passaient de longues heures à discuter de leurs différentes façons de faire, de plantes et d'onguents divers, quand elles n'étaient pas en train de soigner ceux des blessés qui n'avaient pas encore guéri. Les deux jeunes femmes étaient comme soeurs : elles ne se cachaient rien, et riaient des tentatives des parents d'Amaesis pour introduire Garren auprès de leur fille dans l'agitation ambiante.

Sa nouvelle amie s'appelait Fëlyse, et c'était la soeur jumelle du garçon mystérieux qui avait fait battre le coeur d'Amaesis le premier jour. La jeune femme avait donc appris que son mystérieux patient s'appelait Felyx, qu'il était guerrier et un peu tête brûlée, au grand dam de sa soeur, dernière parente en vie du jeune homme. Les deux amies passaient ainsi beaucoup de temps auprès du jeune homme dans le coma, se relayant auprès de lui la nuit quand les tours de garde des infirmiers de jour (la mère d'Amaesis et Lya) étaient terminés.

C'est par un soir sans lune que Felyx ouvrit les yeux pour la première fois. Amaesis était en train de coudre à son chevet et Fëlyse dormait à l'entrée du dispensaire presque vide à présent. Amaesis réveilla sa compagne tout en faisant boire le blessé qui réclamait de l'eau d'une voix rauque de n'avoir pas servi depuis des jours. Les retrouvailles entre frère et soeur furent des plus émouvantes, et Amaesis était sur le point de s'éclipser afin de les laisser en paix quand son amie la rappela pour la présenter à son frère :

- Voici Amae, une très bonne amie à moi. C'est grâce à elle que tu vas bien aujourd'hui, elle t'a soigné jour et nuit depuis que tu es arrivé. Elle est meilleure guérisseuse que moi !

C'est ainsi que se forma un trio inséparable. Les deux jeunes femmes s'occupant de Felyx, et celui-ci réclamant de longues discussions avec Amaesis le soir venu, sous le couvert de sa jumelle qui noircissait volontairement le tableau clinique de son frère pour justifier auprès des parents de son amie le temps que celle-ci passait au chevet de celui qui petit à petit avait conquis son coeur. Un soir alors qu'Amaesis assurait à Felyx qu'il allait pouvoir quitter l'infirmerie le lendemain, celui-ci prit son courage à deux mains et fit ce qu'il vulait faire depuis des jours : il embrassa la jeune femme. Ce moment aurait dû être magique, il fut cependant tragique. En effet, le père d'Amaesis entra à ce moment précis, interpellant sa fille au sujet d'un quelconque onguent que sa mère aurait oublié dans le dispensaire, et se figea devant le spectacle de sa fille dans les bras d'un inconnu, l'embrassant qui plus est ! Pris sur le fait, les deux jeunes gens se séparèrent en rougissant. Le père d'Amaesis se rua sur Felyx en rugissant de rage, et alors que sa fille s'interposait, il la gifla violemment, à tel point qu'elle en eût les lèvres fendues et qu'elle chuta sur la paillasse du jeune blessé.

Se reprenant immédiatement en voyant sa fille à terre, il ordonna à Felyx de décamper du village à l'aube, et traîna son enfant jusque chez eux. Là, il la battit au sang. Coups de ceinture, vociférations, rien n'y fit et Amaesis ne baissa pas le regard, crachant sa haine à son père et lui hurlant que si Felyx partait, elle partait aussi. Son père ne décoléra pas, et il fut décidé qu'elle épouserait Garren dès le lendemain. Dès qu'elle fut enfermée dans sa chambre, Amaesis rédigea une courte lettre à l'intention de Fëlyse et Felyx, brisa sa fenêtre et disparut dans la nuit, claudiquant et le dos en sang des coups de ceinturon que lui avait infligé son père, dont elle garde d'ailleurs une longue cicatrice boursouflée qui lui court le long du dos.
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Dernière édition: 03 Jui 2014 13:15 par Amaesis.
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Journal d'Amaesis Lunae 29 Juil 2014 10:58 #26372

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Je rattrape mon retard sur la lecture des Bio !

Encore une fois, j'adore, mais même remarque que précédemment : Quelques répétitions, et surtout une phrase que je trouve excessivement longue et sans pause surtout :p
Amaesis écrit:
"Pourvu que père ne soit pas blessé en tentant d'extraire ces gens des débris rocheux..." songea la jeune Amaesis en préparant son nécessaire de soins afin d'assister sa mère dans l'hôpital de fortune qu'elles avaient installé dans une grange à foin, réquisitionnée pour l'occasion.


Je pense qu'une virgule ou deux ne seraient pas de trop !
"Il faut savoir garder un atout jusqu'à la fin."


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Dernière édition: 29 Juil 2014 10:58 par Sideara.
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Journal d'Amaesis Lunae 17 Sep 2014 10:10 #26930

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Sauvage


La jeune femme avait passé le reste de la nuit dans une grotte trouvée au petit bonheur la chance quelques minutes avant l'arrivée des bannis pour la nuit. Elle avait lavé les plaies qu'elle pouvait atteindre avec un coin de sa tunique de guérisseuse et les avait bandées avec des lambeaux qu'elle avait découpé dans ce même habit, afin que l'odeur du sang n'attire pas ses ancêtres dans son refuge. Enfin, vaincue par un subtil mélange de haine et de tristesse diffuse, elle s'endormit roulée en boule dans un coin de la cavité souterraine. Au petit matin, elle se réveilla percluse de douleurs, mais au moins était-elle libre d'aller à sa guise. Avec un sourire amer, elle récolta un peu de rosée pour se débarbouiller et laver à nouveau ses plaies. Elle passa ensuite la tête dehors : personne. Elle sortit alors de sa cachette, et entreprit de choisir un arbre dans le but de se fabriquer un arc rudimentaire. Elle fixa son choix sur une branche de sureau suffisamment longue, qu'elle découpa avec la lame qui ne la quittait jamais : son premier coutelas d'opération. Une fois la branche façonnée à sa convenance, la jeune amranéenne entreprit de créer une corde avec une mèche de ses propres cheveux. Le soir venu, elle avait un arc de fortune et une dizaine de flèches. Ce n'était pas la panacée mais cela conviendrait, au moins pour un temps. Elle se réfugia dans sa grotte et en dissimula l'entrée avec des branchages alors que Cycléis disparaissait à l'horizon.

Elle passa une bonne partie de la nuit à se demander quoi faire, maintenant. Il y avait tellement de possibilités qui s'offraient à elle ! Elle pouvait voyager où elle voulait, apprendre ce qu'elle voulait... Mais avant cela, il faudrait qu'elle trouve une route impériale afin de savoir où elle se trouvait, car son sens de l'orientation était malheureusement toujours défaillant. Elle s'endormit enfin au point du jour, le ventre vide pour la deuxième journée consécutive. Le lendemain matin la trouva roulée en boule, les mains crispées sur son arc, ses flèches éparpillées autour d'elle. Elle les ramassa à la hâte avant de quitter la grotte, prise de remords à l'idée d'avoir perdu du temps de lumière. Ramassant quelques baies, elle se mit en chemin. Plus la journée avançait, plus elle paniquait, car elle avait l'impression d'être repassée au moins trois ou quatre fois devant tel ou tel arbre.

Cependant, il fallait bien aller quelque part, aussi continuait-elle d'avancer. En chemin, elle cueillait çà et là quelques feuilles de Coca qu'elle mâchait, attendant de trouver quelque chose de plus consistant à se mettre sous la dent. Alors que Cycléis était à mi-chemin dans sa course descendante, elle tomba nez à nez avec une biche. Tapie dans les fougères, la jeune amranéenne prit le temps d'observer sa proie, salivant à l'avance à l'idée de croquer sa chair tendre. Elle banda son arc en essayant de faire le moins de bruit possible, et sourit en calant sa flèche contre la corde. La biche n'avait pas l'air de l'avoir encore remarquée... Retenant son souffle, Amaesis visa soigneusement, avant de relâcher la corde tendue à l'extrême... Et la flèche de se planter vaillamment dans un tronc d'arbre, à deux pieds au moins de la biche qui fuyait, bondissante, à travers bois. Soupirant, l'apprentie chasseuse récupéra sa flèche et se remit en marche, le ventre plus que jamais vide.

Cycléis allait disparaître à nouveau derrière l'horizon, et Amaesis n'avait toujours rien avalé d'autre que quelques feuilles de coca et une dizaine de baies qu'elle avait trouvé sur un buisson à myrtilles rachitique. Essayant de rentabiliser cette marche forcée, elle avait rempli ses sacoches d'herbes et racines médicinales de base, plus par habitude que par réelle nécessité. Elle commençait réellement à paniquer alors que la lumière baissait. Une boule d'angoisse lui tenait la gorge, et elle éprouvait quelques difficultés à maîtriser sa respiration. Et si elle ne trouvait pas d'abri avant la nuit ? Et si elle ne parvenait pas à échapper à ses ancêtres et finissait dévorée par eux ? Si elle ne retrouvait jamais la route impériale et mourait de faim au milieu de la forêt ? Parce qu'il ne fallait pas se leurrer sur ses capacités à utiliser un arc... Des larmes plein les yeux, la jeune femme s'arrêta net, prise par une soudaine colère contre elle même. Bien sûr qu'elle allait finir par mourir si elle se laissait aller comme ça ! A l'état naturel, les petites bêtes inoffensives comme elle l'était à cet instant précis ne faisaient pas long feu... Elle allait devoir apprendre à penser comme un prédateur pour survivre, au moins jusqu'à ce qu'elle tombe sur une route impériale.

Le temps qu'elle se reprenne et se remette en route, la nuit venait de tomber su la forêt. Amaesis adopta une allure de marche rapide, qui lui permettrait de rechercher une cachette pour la nuit tout en restant assez en mouvement pour distancer d'éventuels bannis qui la prendraient en chasse. Alors qu'elle commençait à désespérer de trouver un abri pour la nuit, elle déboula en courant dans une clairière dans laquelle un feu de camp brûlait. Dès l'instant où elle eût passé les frondaisons, une dizaine des hommes présents tirèrent leur arme au clair...

*
***
La jeune femme stoppa net sous l'ordre du plus âgé des hommes, épée en main.

- Dis nous quel est ton nom ma jolie, et par Cycléis explique nous ce que tu peux bien foutre dehors seule en plein milieu de la nuit !
- Elle pue l'amranéenne, Thoÿmen.
- La ferme. J't'ai posé une question, gamine. Répond.


Lâchant son arc de fortune pour montrer sa bonne volonté, Amaesis se lança, inventant au fur et à mesure :

- Je m'appelle Rösenn, mes parents sont marchands. On allait vendre des potions en ville, mais quand on s'est arrêtés la nuit dernière, je me suis égarée en allant me soulager... Les bannis, ils sont partout !

Feindre la détresse n'était pas bien compliqué à cet instant, et Amaesis se disait que cette équipée allait lui donner quelques informations sur l'endroit où elle se trouvait, à défaut de lui fournir une protection jusqu'à la plus proche ville. Le jeune homme qui avait pris la parole quelques minutes auparavant lui lança, soupçonneux :

- Et comment se fait-il que tu te trimballes avec un arc, Rösenn, fille de marchand ?
- J'ai un frère plus âgé qui m'a appris à fabriquer un arc quand on jouait, il y a quelques années... Il voulait devenir garde.
- Je suis pas convaincu...
- Je croyais t'avoir dit de la fermer, Triyal. C'est moi qui décide si la gosse est dangereuse ou pas. Et d'après moi, elle est juste paumée.


En maugréant, le jeune homme qui s'appelait Triyal se rassit, rengainant son épée. C'est alors qu'un vieillard prit la parole, invitant Amaesis à s'assoir avec eux et à partager leur repas. De bonne grâce, la jeune femme s'exécuta, et les dernières épées regagnèrent leurs fourreaux. Ce soir là, elle apprit qu'elle avait irruption dans un véritable camp de marchands itinérant, et qu'ils se rendaient au marché de Falaise-Plongeante afin d'écouler leur marchandise. Masquant son étonnement -elle avait presque traversé toute la forêt d'Ouest en Est- elle leur demanda si elle pouvait les accompagner, en qualité de bonne à tout faire, jusque la ville où elle aurait plus de chance de retrouver ses supposés parents.

C'est le lendemain qu'elle prit ses fonctions dans la petite troupe, composée d'une dizaine de gardes et de trois marchands, en plus de leur marchandise. Dès qu'il fallait monter le camp, elle était prompte à amasser du bois pour le feu, cuisinait le repas du soir et apprenait à un des gardes les propriétés des plantes. Il se montrait intéressé, et posait beaucoup de questions. En échange, certains soir, il apprenait à celle qui était en passe de devenir son amie le maniement de l'épée. Triyal les regardait tous les soirs d'un air d'abord méfiant puis dégoûté, sans qu'Amaesis comprenne la raison de son apparent rejet pour elle. Malgré sa maladresse, la jeune femme devint une bretteuse correcte avant qu'ils n'atteignent Falaise, malgré l'acquisition d'une nouvelle cicatrice qui court le long de son avant-bras. Les marchands quant à eux passaient beaucoup de temps à converser avec la jeune femme pendant les longues heures de marche, ponctuées par de nombreuses pauses, dûes au grand âge de la plupart d'entre eux.

Enfin, après une journée de marche comme les autres, la jeune femme vit apparaître devant ses yeux la ville de Falaise-Plongeante. Un instant, elle resta ébahie devant le gigantisme de la cité, devant ses immenses murailles et les couleurs bariolées des tentes du marché. Elle se ressaisit très vite cependant, se rappelant son rôle de fille de marchand : un spectacle pareil devait être courant pour les marchands et leur progéniture, il ne fallait donc pas qu'elle se laisse distraire. Ouvrant pourtant grand les yeux, elle se remit en marche.
"Les rêves en sucre deviennent réalité" Silven

L'usine de rêves en sucres a varié sa production. On y trouve aussi des paillettes qui font briller la vie.

Pour apprendre à guérir, tu dois apprendre a tuer.
Dernière édition: 17 Sep 2014 10:12 par Amaesis.
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