Serveur Full-RP Francophone

Au milieu d'une forêt dense se traçait un chemin étroit, coupant tout droit, à travers les feuillages. Celui-ci laissait transparaître la lueur de la lune, sous une nuit sans étoile, d'une obscurité et d'une épaisseur d'encre. Rien n'éclairait assez pour percevoir sa grosse tête, aux cheveux d'un brun si foncé qu'il en devenait rare, au visage recouvert d'un teint halé et parsemé de tâches brunâtres. Horys était grand avec de longs bras dont les mains carrées tombaient à ses genoux. Du reste, il semblait imperturbable dans sa démarche. Son allure plus fine que la normale pouvait donner l'impression d'un homme léger et désinvolte, pourtant ses pieds lui paraissaient si lourds qu'il ne faisait qu'endurer chaque pas.
Devant lui, seule la sensation de la terre, déjà écrasée par de nombreux passages, pouvait le guider. Personne n'était présent pour l'observer et c'était mieux ainsi, le jeune homme préférait le calme et la solitude au-delà de tout. Cependant, son village bondé d’habitants mais surtout de nourriture ne faisait qu'hanter ses songes. Une deuxième idée occupait sa tête vide, l’espoir que le froid serait moins vif après le lever du jour. Il marchait depuis le crépuscule, ses lèvres étaient déshydratées et son estomac ne faisait que gronder. Des traces de sang étaient encore présentes sur le bout de tissu qui lui servait d'habit, elles durcissaient déjà, tout comme les membres ankylosés de son corps, sous les caresses glaciales d'Azalée.

Horys s’était sauvé de son village, Racine, car les impériaux y avaient mis pieds. Cet acte irresponsable trottait dans sa tête depuis qu’il s’était rendu compte du danger que les bannis pouvaient apporter. Il avait alors retroussé chemin au plus vite, mais lorsque la nuit tombe, il est difficile de garder le pas. Des cris frénétiques bourdonnaient encore dans ses oreilles. Jamais il ne s'était retourné de peur d'apercevoir une dépouille du coin de l'œil. Une fois de plus, l’empire s'était permis de faire carnage, une hémorragie de haine se créa alors au plus profond de lui. Il se rappelait exactement comment ces individus, vêtus comme des soldats et armés jusqu’aux dents, avaient surgit en ravageant une partie de leur forêt millénaire. Les actes du régent Torchou, accompagné de ses troupes, le répugnaient. La beauté des terres, confectionnée par Naranaé pendant des siècles, se vit détruire en quelques secondes et cela il ne pouvait l’accepter.

Depuis son plus jeune âge, le garçon brandissait son arc dans le seul but du divertissement. En dépit de ses aptitudes exceptionnelles pour cette discipline, ses mains comme sa conscience lui pesaient trop pour viser une cible humaine.

Les rayons de Cycléis l’illuminaient à l'aube. Il songea à lui, à sa démarche de vagabond. Au loin, il distinguait déjà les points confus de son village enfuit dans la nature. Brusquement, à une enjambée de sa destination, des bruits de pas réguliers résonnaient sur le sol. Les vibrations, qui lui parvenaient de la plante de ses pieds pour remonter ensuite jusqu’à son cœur, le crispaient. Il se prit de peur et d’angoisse lorsqu’il se retourna. Des armes, dont le reflet perçait la pupille de ses yeux, le poussèrent à s’éclipser d’une grande rapidité sous un buisson. Il avait la capacité d’un archer pour tirer mais ce n’était pas à son avantage, cinq impériaux dont trois étaient munit d’épées et d’arcs. Horys ne doutait pas de leur hésitation à tirer sur lui, ils n’en auraient pas. Malheureusement, il ne passa pas inaperçu auprès de ceux-ci. Il ferma les yeux un moment avant de regarder son arc. C’est là qu’il se redressa, la sentant arriver. Le souffle du jeune amranéen s’accélérait. Sa rapidité et sa grâce le surprenait tel que son regard ne la quittait plus.

Elythia l’avait sauvé.