Les flatulences étaient passées. Cependant Victouffe ne put profiter ce bref moment de répit. Apparemment, le shaman ne s'était aperçu de rien, mais un double sens laissait penser le contraire. De plus s'il fallait prouver sa valeur par les actes, il n'était pas sûr que la rapine vaille beaucoup de points. Il répondit néanmoins, se surprenant lui-même:
-C'est avec honneur que j'accomplirais cette mission.
Cette phrase ne lui ressemblait vraiment pas, mais il se sentit obligé de la prononcer. Il fut cependant soulagé d'apprendre qu'il allait être accompagné, non pas qu'il avait besoin d'aide pour accomplir sa tâche, mais plutôt qu'il n'était pas sûr de trouver le chemin de Mont-Brumeux. En effet sa mère l'avait toujours guidé lui laissant un sens de l'orientation déplorable. Il avait mis 2 jours à trouver Eau-Changeante en partant de Monts-Brumeux et il était certain qu'il n'aurait jamais réussi à refaire le chemin en sens inverse. Il se lissa les cheveux, remit ses lunettes de soleil et inspecta ses deux nouveaux compagnons. Visiblement il allait devoir faire de la musculation pour ressembler à un amranéen.
-Nous allons nous mettre en route. Un long voyage nous attend, déclara le prétendant amranéen.
Ses deux accompagnateurs le regardèrent, interloqués.
-Es-tu seulement déjà allé à Monts-Brumeux ? s’exclama la shaman. En avançant lentement, il y en a pour 2 heures de marche.
-Euh oui bien sûr. C’est juste que 2 heures c’est déjà assez long, non ? mentit le jeune blond.
Ils prirent donc la route. Visiblement, les deux amranéens n’avaient pas beaucoup confiance en lui, et ils ne lui adressèrent que très peu la parole. Une heure et une trentaine de minutes plus tard, les murailles furent en vue. Ils attendirent cachés dans les montagnes la tombée de la nuit. Victouffe avait détaillé son plan d’approche durant le trajet. Le soleil se coucha bientôt, et plus un son ne leur vint de la ville. Le jeune chevelu sortit de sons sac une feuille, une plume et une étrange gelée verte: le strict nécessaire. Il devait s’introduire seul dans la cité et c’était mieux comme ça: les deux pirates étaient bien trop connus, du moins bien plus qu’un simple voleur.
Ils se dirigèrent vers la cité, caché parmi les arbres. Victouffes inspecta les lieux et repéra un arbre assez près de la muraille. Il laissa son sac à l’amranéen le plus costaud, répondant au nom de Diabolo.
-Je serais de retour dans une heure, juste le temps de rentrer et de sortir.
Il grimpa à l’arbre et arrivé au sommet évalua la distance qui le séparait de la muraille. Il y avait un saut de un mètre à faire et ensuite 3 mètres à grimper. Heureusement les remparts étaient vielle et certaines briques dépassaient de celle-ci, ce qui rendrait l’escalade plus facile à celui qui avait appris à grimper aux arbres pour échapper aux bannis. Il se lança et s’agrippa à une meurtrière. Cinq prises plus loin il était arrivé au sommet. Aucun garde n’était là, il pourrait donc évoluer plus facilement. Du haut de la muraille, il regarda la ville où il avait grandi. Plus jeune, il avait appris à se déplacer de toits en toits, jusqu’au jour où il avait trébuché, se cassant le bras. Mais aujourd’hui il était plus confiant. Il prit son élan, bondit et se réceptionna sur le premier toit.
Saul, dans le silence, il réfléchit tout haut:
-Le maison de Torchou…. C’est dans le quartier commerçant si je me souviens bien. Bien c’est à dix minutes d’ici.
Il continua de se déplacer de toits en toits et une demi heure plus tard, il trouva enfin le magasin Torchou. Des toits voisins il inspecta la bâtisse. Il repéra plusieurs fenêtres mais ce n’était pas l’idéal. Si il la cassait, quelqu’un s’en rendrait compte un jour. Là il cherchait à ce que personne ne se rend compte de sa venue. Il trouva finalement son bonheur. Là sur le toit, une zone avait été comblée avec des planches de bois, sûrement à la suite des chutes de grêle de la saison passée. Il sortit de sa poche l’étrange gelée verte. Elle provenait d’un Slime, un animal en voie d’extinction. Il l’avait volé quelques mois plutôt avec sa mère. Victouffe appliqua la plupart de cette substance aux propriétés extraordinaires sur la zone fraîchement réparée, et il utilisa le reste sur ses cheveux. Cela leur permettait de garder un peu de raideur. Il prit de bons appuis et donna un grand coup de pied dans le bois. Celui-ci céda sans un bruit et ses morceaux restèrent collés entre eux grâce à la gelée. C’était une utilité méconnue de cette gelée. Il dégagea l’ouverture et pénétra dans la maison.
Il se réceptionna sans un bruit dans un grenier. De la poussière se souleva lors de son atterrissage, et il dut se retenir pour ne pas éternuer. Il avança à tâtons dans le bâtiment. Il trouva une bougie et deux silex. Il s’éclaira à l’aide de ceux-ci, cachant la lumière de la flamme à l’aide de sa main A l’étage du dessous, il aperçut plusieurs livres. Après quelques recherches, il trouva celui qui l’intéressait. Il l’ouvrit et à la lumière de sa flamme recopia les informations sur la feuille qu’il avait récupérée tantôt. Sa tâche finit il rangea le livre, et descendit encore d’un étage. Il ne fut pas surpris de trouver chez un marchand de bois diverse planches de bois. Il en prit deux et remonta au grenier. Là il souffla sa bougie et sortit. A l’aide des deux planches il combla le trou. Il ne prit pas la peine de les attacher ou de les clouer. Il les disposa juste en équilibre instable. Il repartit vers la muraille, continuant ses déplacements aériens. Cela faisait bientôt une heure qu’il était parti et ses deux accompagnateurs devaient s’impatienter. Lorsqu’il arriva à la muraille, il saut pour la rejoindre. Malheureusement, le saut était trop court et sa tête cogna violemment les remparts de pierre. Il perdit connaissance, en se demandant si sa chute lui serait trop douloureuse.
Lorsqu’il se réveilla, Victouffe était dans le noir. Il se releva et fut aveuglé par une lumière éblouissante. IL était dehors en plein jour, à l’arrière d’un charriot de foin. Celui-ci devait avoir été laissé juste en dessous de l’endroit ou il avait chuté, lui épargnant aussi plusieurs fractures. Mais il avait depuis quitté la ville et faisait route vers le nord. Le conducteur ne s’était pas aperçu qu’il avait un passager clandestin et le blond en profita pour partir discrètement. Lorsqu’il retourna à l’endroit où il avait laissé les deux pirates, une demi heure plus tard, ceux-ci avaient déjà levé le camp depuis longtemps.
Il lui fallut toute une journée entière pour retrouver Eau-changeante, mais le soir même, il déposa finalement la feuille noircie d’informations au shaman d’Eau-Changeante, un sourire aux lèvres.