La lumière du soleil éblouissait les yeux fatigués du jeune homme, et il pouvait sentir la désagréable odeur de transpiration du forgeron.
Se ressaisissant, Haravie se releva et fit un salut militaire, avant de prendre la parole :
" - Haravie Hodor. Future recrue dans l'armée de Haut-Chêne. Je viens de la part de Hazhel Thorn, conseiller militaire. J'ai une mission à accomplir, et il m'a donné ce mot pour vous !" Dit-il très rapidement, avant de sortir le bout de parchemin, donné quelques minutes auparavant par le conseiller.
Le forgeron le lut, lentement, comme s'il ne savait pas très bien lire. Il leva ensuite les yeux sur le garçon, jeune, et encore un peu frêle.
" - Bien. Attendez un peu !" lui dit le forgeron, avant de partir dans sa remise, séparée de sa forge par une porte.
Après quelques instants, il revient en portant difficilement plusieurs objets : un plastron de fer portant d'innombrables traces de coups, un pantalon de fer, et une vieille épée quasiment émoussée.
" - Voila pour toi mon garçon !"
" - Merci !" Conclut Haravie après un nouveau salut.
Sorti de l'atelier, il partit s'asseoir sur un banc public, commençant à enfiler tant bien que mal son plastron. Deux longues minutes furent nécessaires, le plastron n'était pas vraiment à sa taille, il flottait quelque peu à l'intérieur.
Le pantalon offrit beaucoup moins de résistance, il était à la bonne taille. L'épée, elle, était légère. Émoussée, mais légère. C'était déjà ca !
Cycléis était enfin visible dans ses deux formes. Le crépuscule était tombé. Haravie était allongé dans l'herbe, à la lisière de la forêt de Haut-Chêne. Il pouvait entendre les gardes postés devant la porte, et le faible brouhaha nocturne de la ville. Il pouvait même entendre le faible clapotis de l'eau longeant les murailles.
Tout ces bruits rassurants ne l'aidaient pas à se concentrer en fait. Il ne distinguait pas encore les bruits des bannis, ces grognements, ces pas bruyants.
Une heure durant, il attendit. Les gardes à la porte avaient été relayés. Les nouveaux étaient plus silencieux. La nuit avait calmé les quelques personnes qui se trouvaient dans les rues de la ville.
Seul le bruit de l'eau restait intact, mais il s'amoindrissait à chaque pas que Haravie faisait pour s'enfoncer dans la forêt.
Il entendait vaguement les bannis. Quelques grognements lointains tout au plus. Il n'y avait pas de vent, c'était la soirée idéale pour cette chasse. La densité de la forêt ne permettait pas à Cycléis d'éclairer son armure, et son expérience avec son père lui permettait de savoir rester plutôt discret.
Soudain, quelque chose bougea sur sa gauche ! Il se retourna à toute vitesse. Un banni endormi avançait vers lui. Par chance, c'était un des bannis les moins rapides.
Regardant autour de lui, Haravie ne vit autre forme de vie. Seul un léger trou dans le sol était visible à ses côtés. Il se devait d'utiliser son intelligence pour compenser son manque de muscles. Aussi, il se releva et sorti son épée. Le banni avançait vers lui, il pouvait enfin sentir son odeur putride.
Le banni leva ses bras, prêt à les abattre sans pitié sur le soldat devant lui. Il n'avait pas le choix, lui autrefois humain, martyr à cause d'un seul homme.
Haravie fonça alors sur lui, le saisit par le un bras, et le propulsa de toutes ses forces derrière lui. Le banni voleta facilement, le poids de l'armure de Haravie aidant ce dernier.
Le banni, au temps de réaction très limité, fit exactement ce que Haravie avait prévu. Sa jambe se prit dans le trou au sol, et il fut déséquilibré au point de tomber.
Ne perdant pas une seconde, Haravie s'approcha, et planta sa lame émoussée dans la gorge du banni, puis d'un grand coup sur le côté, le décapita.
Cycléis, en forme nocturne, était haute dans le ciel. Les gardes virent bientôt arriver un homme en armure, se servant d'une couverture pour tirer un banni vers la cité.