Serveur Full-RP Francophone

Il faisait nuit depuis plusieurs heures déjà. Dans le fond de la Sirène Ivre, L'atmosphère était lourde, et la clameur des ivrognes assourdissante. Ceux-ci formaient un cercle autour de deux jeunes orphelins. Les paris allaient bon train, mais aucun ne semblait vouloir céder. L'oeil vitreux, les deux gamins échangeaient coup de poing sur coup de pied. Chaque assaut lancé avec ardeur en visant la gueule, le genou, l'estomac. Et le sang finit par couler. L'un avait poussé son adversaire sur une table, avant de lui fracasser une choppe sur la tronche. Le perdant était en train d'étaler son sang partout. Bavant, crachant, glissant sur le parquet humide, il piétinait de rage. Il était foutu. L'autre, le dominant d'un bon mètre, lui asséna un violent coup de tabouret sur le crâne.

Pitoyable spectacle. Une masse de vieux marins alcooliques avaient payé un lieutenant de la garde pour qu'ils n'interviennent qu'à la toute fin. Le vieux Tom observait la milice entrer avec fracas, sur le signe du capitaine Vlad. Une vieille raclure, celui-là, qui s'empressait de remettre au lieutenant une bourse bien pleine d'akatéons. A la lumière faiblarde des lampes de la taverne, la baston générale qui se déroulait sous les yeux du vieux loup de mer semblait irréelle. Et pourtant, la violence grotesque qui s'en dégageait, et les cris que tout un chacun poussait n'avaient rien de factice...

Une heure après tout était fini. Tout les clients étaient partis, de gré ou de force. A l'exception du vieux Tom, évidemment. Toujours à picoler dans un coin, on ne le dérangeait pas. Mais il en restait un autre, que le vieux personnage observait de loin. Il était de dos, mais il semblait observer l'endroit de la taverne où s'était déroulé le combat. Mais pourquoi donc ? ...

Ses bras décharnés tremblaient encore de rage après que le pitoyable spectacle fut fini. Petit à petit, la taverne s’était vidée, il était fort tard pour le peuple. C’est ce moment que Fitz préférait, quand le bruit des chopes sur les tables laisse place au calme de la nuit. Aurait-il dû intervenir ? Peut-être, mais non seulement il n’en avait plus la force, ni le devoir. Autrefois il aurait sortis sa lame, et chaque ivrogne se serait incliné devant sa prestance. Depuis que la maladie le rongeait, les hommes l’avaient rangé dans le tiroir des invalides, condamnant ainsi son travail. Plus aucune demande n’arrivait jusqu’à lui, les commanditaires préférant la fougue de la jeunesse au détriment de l’expérience des plus âgés.

La monnaie ne poussant pas dans les champs, l’assassin était obligé de voler, tuer, manipuler pour son propre compte. Il n’était pas fier de ses besognes, de nombreuses fois il avait pensé à se repentir dans les ordres, sans jamais pousser leur porte. Mais personne ne se méfie d’un vieillard au visage couvert de pustules, ce qui rendait son travail particulièrement aisé.

La fatigue commençait à peser sur ses traits, plusieurs fois il s’endormit avant de se réveiller soudainement. Les soubresauts étaient rythmés par le rangement de la vaisselle, le tavernier ne se souciant guère du sommeil de ses clients. Depuis quelques minutes, il ne restait qu’un vieux marin dans la pièce, un rapide coup d’œil plus tôt dans la soirée avait permis de cerner le bonhomme, son corps était érodé par un nombre trop important d’heure passé en mer, dont le sel avait rongé tout ce qu’il pouvait. Le vieux loup de mer l’observait sans discrétion, surement plus absorbé par sa bière vide que ma présence.

Dans un grand fracas, la porte en chêne massif s’ouvra laissant l’air s’engouffrer, avant qu’un homme se place dans l’entrebâillement de celle-ci...