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Il n'y a que peu de connaissances restantes de la période qui a précédé l'émergence des cités-états sur le continent. Même si les hommes connaissaient l'écriture et inscrivaient déjà leurs savoirs et leurs vie sur des livres ou des parchemins, peu de ces ouvrages sont restés intacts jusqu'à aujourd'hui. Mais il est toujours possible de connaître l'histoire des Akatéens à partir des restes des vestiges de cette époque lointaine. Les érudits du Temple de Cycléis se dévouent corps et âme à la restauration des documents anciens afin de perpétrer les connaissances. C'est grâce à eux que fût mise à jour la découverte du fer par l'homme.

C'est pendant l'éveil des clans, entre l'an 150 et 200 que ce minerai, indispensable aujourd'hui, est découvert. L'homme le connaissait déjà avant grâce aux filons exposés à l'air libre et donc exploitables sans creuser. Mais l'art de la forge n'était également pas connu en ce temps là. Les hommes n'utilisaient donc que des fragments du précieux métal comme bijoux ou décoration, c'était un symbole de richesse, de puissance et de pouvoir. Ces petits bouts de métal bruts servaient également pour le troc, mais cette pratique n'était que peu répandue. C'est donc ainsi que les différents membres des clans commencèrent à accumuler de « grandes » quantités de fer, sans se douter de la puissance de ce minerai. Mais il fallait montrer sa puissance aux autres, les dominants devaient conserver leur place. Une première avancée s'effectua. Au lieu de n'utiliser le fer qu'à des fins esthétiques et sociales, une utilisation de ce matériau comme arme débuta. Des fragments plus massifs étaient méticuleusement extraits des rares filons de la surface, mais les plus gros ne dépassaient même pas la taille du poing d'un homme. Tout comme la pierre, ces éléments furent travaillés, polis et aiguisés. C'est à ce moment que de simples pointes de flèches et de lances, ainsi que des couteaux et dagues aussi rudimentaires que minuscules firent leur apparition. Offrant ainsi aux hommes un moyen un peu plus efficace de combattre les Bannis qui, chaque nuit, menaçaient leur existence.

Mais la véritable révolution arriva quelques années plus tard. Karmati Tête-Dure, membre du clan Roseau-Fumant, était l'homme responsable de la création des armes avec les quelques brides de fer dont il disposait. Il remarqua vite un problème dans le procédé de fabrication des équipements avec ce rare et précieux métal. En frappant les morceaux de métal pour les tailler puis ensuite les aiguiser, de nombreux petits fragments se détachaient pour ensuite devenir inutilisables à cause de leur taille ridicule. Il chercha différents moyens de les utiliser, sans succès. Mais un jour, Karmati, voulant offrir un dernier hommage à l'un des siens, tombé face aux Bannis, décida de purifier ces fragments par le feu avant qu'ils n'accompagne le défunt dans le royaume de Nodens. C'est cette simple offrande et marque de respect qui permit l'une des plus grandes découverte de l'histoire Akatéenne. Car, plusieurs heures après avoir placé le bol de terre cuite dans lequel se trouvaient les fragments, le "forgeron" remarqua une transformation. A la place se trouvait un petit disque gris, tranchant complètement avec les nuances oranges et rouges du fer naturel. Il se rendit compte que, telle la neige au soleil, le minerai fond lorsqu'il est soumis à une chaleur intense et durable. L'une des premières propriétés dont il se rendit compte en étudiant ce disque fut la grande résistance de ce matériau par rapport aux fragments. Il était également bien plus simple de le travailler et de l'aiguiser. C'est ainsi qu'à l'aide d'un grand feu et de récipients en terre cuite ou en pierre, Karmati commença la fonte et le travail du fer. Il réalisa des moules pour donner au liquide flamboyant la forme qu'il voudrait. Le clan développa même de grands fours de pierre pour fondre de plus grandes quantités de métal plus rapidement.

Mais très vite, deux problèmes se présentèrent. D'abord la chaleur, les fours ne chauffaient pas assez rapidement, il fallait compter plusieurs heures avant que les fragments ne fondent complètement. D'énormes quantités de bois étaient brûlées rapidement, les réserves du clan diminuaient à vue d’œil et il fallait chauffer le village pendant l'hiver. Ensuite les filons en surface furent presque tous épuisés, il fallait trouver de nouvelles sources de fer. C'est ainsi que les hommes commencèrent à s'enfoncer peu à peu dans les grottes à la recherche du minerai. Les grottes représentaient un danger mortel à cause de la présence de très nombreux bannis. Mais de nombreux membres du clans étaient près à courir le risque, dont Karmati. Et le jeu en valait la chandelle, puisque de grandes quantités de fer furent découvertes et rapidement exploités. Une autre découverte fût faite grâce aux grottes. En effet, dans la plupart des cavités explorées, se trouvait de la lave. D'abord considérée comme un danger mortel et salvateur, Karmati essaya de l'exploiter comme combustible. Se heurtant d'abord à de nombreux problèmes et réalisant d'innombrables échecs il finit par réaliser un moyen d'exploiter cette nouvelle ressource. Elle permettait de faire très rapidement grimper la température, puis le bois prenait le relais pour maintenir la chaleur à son maximum. Il ne fallait maintenant qu'une heure environ pour faire fondre le métal, souvent moins même.

Le village du clan Roseau-Fumant s'équipa donc avec de nombreuses armes et outils en fer, augmentant leur rendement et différentes productions. Karmati, que l'on peut désormais appeler « le Forgeron », réussi également à concevoir des armures en fer rudimentaires. Elles étaient généralement constituées de chutes de métal, refondues pour former des plaques et fixées sur une armure de cuir. Le torse, le dos, les bras et les jambes bénéficiaient donc de protections supplémentaires. Mais des zones comme le cou et la tête étaient encore très exposés. Les casques en fer produits étaient très lourds et aveuglaient les combattants alors que ces derniers se devaient d'être rapide et agiles contre les bannis. L'armure elle même était bien plus lourde que les simples protections de cuirs et de tissus, mais cela était largement compensé par sa résistance face aux attaques et aux coups portés par les bannis.

Ces pratiques et techniques furent exportés aux autres clans via le faible système économique de l'époque. En échange de fer, de nourriture et de bois, Karmati apprenait à d'autres hommes comment fondre et travailler le fer. Et rapidement, tout les clans étaient équipés et les « Carapaces » firent leur apparition. Ces derniers étaient des hommes équipés d'armes et d'une armure complète en fer et leur seul rôle était la défense permanente du village, de nuit comme de jour. Les nuits face aux Bannis étaient toujours aussi dangereuses, mais il y eu de moins en moins de mort car des techniques de combat furent développés et étaient bien plus compatibles avec le nouvel équipement des hommes.

Il y eu également bien d'autre avancées que l'utilisation militaire du fer. D'abord les nouveaux outils permettaient de tout faire plus vite et étaient plus résistants. Mais également de petits objets communs furent développés comme les clous, les marteaux et les couverts. De petits objets anodins aujourd'hui mais qui à l'époque constituaient une véritable révolution. Grâces aux renforts et aux matériaux en fer, les habitations devenaient plus solides, plus durables. L'agriculture s'était également largement développé grâce au meilleur rendements qu'offraient les outils de fer. Karmati Tête-Dure n'est pas seulement l'homme qui à permit aux Akatéens de survivre plus longtemps, il est aussi celui qui à permit la sédentarisation des clans. Le travail et la fonte du fer constituent l'un des événements les plus important de notre histoire.