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SUJET : Une étreinte

Une étreinte 26 Fév 2014 22:02 #23813

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Son souffle rauque chatouillait mon cou, ses yeux s’accrochaient aux miens, brûlants d’une violente passion. Je levai ma main libre et effleurai sa joue, lui tirant un gémissement étouffé. Sa peau était couverte de sueur sous mes doigts, sa respiration saccadée. Je sentais son poids sur mon corps, sa main posée sur mon torse à travers le tissu. Autour, les flammes vacillaient dans la pénombre, une fumée douceâtre s’élevait au-dessus de nous.
« Je t’aime. » chuchota-t-elle, ses grands yeux gris fixés sur les miens. Je lui intimai le silence d’un baiser au coin des lèvres. Mon bas –ventre irradiait de chaleur, un liquide poisseux se répandait sur mes jambes immobiles. Elle ne semblait pas s’en préoccuper, et la pensée de ce liquide me fit sourire. « Moi aussi je t’aime. » Ma voix me parut différente, plus grave, presque inintelligible, un grognement bestial. Je toussai un peu, essayant de retrouver une parole d’homme, en vain. Ce n’était pas grave après tout. Nous n’avions pas besoin de parler, seulement de nous toucher. La chaleur avait envahi mon torse et mes épaules, et sa main souillée de liquide passait dans mes cheveux. Je renversai ma tête en arrière, épuisé, et mes pensées se tournèrent toutes vers une seule chose...

Je me relevai, les mains tachées de sang. Ses yeux bruns étaient vides, tournés vers les étoiles. Ses blessures, une à la cuisse, l’autre au torse, s’étaient taries, le sang ne coulait plus qu’en un mince filet. Je me refusai de pleurer et observai autour de moi. Je l’avais traîné sur une vingtaine de mètres, laissant une piste nette et sanglante sur le sol poussiéreux. Son corps reposait maintenant à l’ombre d’un bâtiment de béton, à semi caché par un 4x4. Des véhicules et des tentes avaient brûlés ici et là, laissant s’échapper une fumée lourde et grise. Je récupérai mon fusil et retournai vers mes camarades, tous que nous étions voués à la mort. Foutus Afghans.
« Au fond, personne ne croit à sa propre mort, et dans son inconscient, chacun est persuadé de son immortalité. » Sigmund Freud

« Il y a des choses plus fortes que l’amour : les racines, le vécu, l’appartenance. » Catherine Cusset
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Cet utilisateur a été remercié pour son message par: Ysyhteha
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