La création d’une potion en n’ayant que quelques paroles comme informations était un défi. Un exploit comme celui-ci aillait devoir être travaillé mainte et mainte fois avant d’obtenir un résultat, il le savait. Ils sortirent de la maison. La chaleur étouffante des lieux le mit une fois de plus mal à l’aise. Son manteau noir n’améliorait pas la situation. Bien que cela aurait été salutaire pour lui de l’enlever, il y était habitué. Ce vêtement signifiait toutes les souffrances qu’il avait put engendrer ou subir en jouant les apprentis sorciers. Il ne voulait plus jamais que cela se reproduise, ainsi, il garderait son vêtement pour sa mémoire. Et ce n’est pas une chaleur étouffante et quelques insectes suceurs de sang qui le lui empêcherait.
Ils arrivèrent rapidement à destination. Le bâtiment principal de Rive-feuille, entouré d’un halo de mystère, se tenait fièrement devant eux. Les gardes protégeant ce trésor national, les reconnaissants, les laissa passer sans autres forme de procès. Ils entrèrent dans ce paradis de la culture. Du sol au plafond situé à plus de dix mètres de hauteur, des centaines, des dizaines de milliers d’ouvrages étaient soigneusement rangés dans de croulantes bibliothèques. Les yeux de Theobip, comme à chaque fois qu’il pénétrait dans ce lieux, ne savaient pas où se fixer. Se concentrant, il proposa à Chad une piste pour commencer les recherches :
-Nous devrions commencer par chercher dans les dérivés de la potion de vitesse. L’augmentation du nombre de globules rouge et l’adrénaline qu’elle produit est une des choses que nous avons besoins.
Chad hocha la tête. C’était une bonne idée. Theobip prit donc une échelle pour aller chercher les ouvrages concernés. Prenant une dizaine de rouleaux de parchemins entre ses bras, il dut faire attention pour redescendes sans ses mains. S’asseyant sur une chaise, commençant à étudier. Il était dans son élément. Les sons et le temps n’ayant plus d’effet sur lui, il lisait sans se préoccuper du monde qui l’entourait. Traduisant les parchemins qui ne l’étaient pas encore, il arriva à trouver quelques hypothèses sur comment préparer la potion tant convoitée. I l prit un bocal de sucre. Cette substance si banale obtenue grâces à des cannes était souvent utilisé dans la pâtisserie. Faisant la joie et parfois la douleur de certains enfants aux dents gâtées. Cette chose, pourtant connue de tous, servait également à créer un formidable breuvage aux propriétés incroyables. L’ignorance des Akatéens avait relégué cette substance comme un aliment alors qu’il aurait put les faire avancer dans la bataille contre la Grande Malédiction. L’ignorance. Il referma durement son poing sur la poudre blanche. Il était possible que la chose la plus élémentaire dans une maison puisse produire des choses plus qu’incroyable. Cette possibilité le rendait malade. Le progrès était devant lui, mais il ne pouvait pas le voir ni prouver son existante réelle. Il releva la tête.
-Trouves-tu quelque chose Chad ?
-Rien d’intéressant. Il faudrait mieux commencer quelques expériences pour trouver nous-mêmes.
Les dangereuses expériences commencèrent. Utilisant les nombreux alambics à leurs dispositions, ils modifièrent les concentrations d’ingrédients et leur temps de brassage de la potion de rapidité. Ils testaient leurs produits sur des petits animaux mais leurs résultats ne furent pas fructueux. Trop concentrée, la potion paralysait les membres, trop peu, elle n’avait pas d’effet. Ils piétinaient.
Theobip, les yeux quelque-peu cernées. Regarda un instant à l’extérieur. Cycléis se levait une deuxième fois depuis qu’ils avaient commencés à travailler et ils étaient toujours bloqués au même point. Tous ce qu’ils faisaient ne servait à rien. Fatigué et énervé, il fit tomber dans un mouvement de rage un alambique. En heurtant le sol, l’arbre central se brisa en deux. Une poudre brillante sortit de la fissure, prenant soudainement feu au contact de l’air. Intrigués, Theobip et Chad s’approchèrent. Un petit tas de cette poudre s’était formé au sol, continuant de bruler sans se consumer.
-Qu’es-ce que c’est que ça ?