Serveur Full-RP Francophone

A Source-Claire, l'ombre de Falaise-Plongeante ne faisait que grandir sur la ville, la menace d'une attaque se faisant de plus en plus présente. Les Sentinelles rapportaient souvent des mouvements Impériaux de plus en plus proche du village, il était évident que l'Empire connaissait désormais la position plus ou moins précise, du village. Bien qu'essayant de choisir la voix diplomatique, Allan devait pourtant se préparer à ce que l'inévitable arrive. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'une coalition entre Torchou et Thibaud, conseiller militaire et régent de Mont-Brumeux, lance une attaque sur les positions Amranéenes. Pour se préparer à cela, Allan envoya plusieurs missives aux autres Chamans, leur demandant des vivres, des armes et du matériel pour renforcer les défenses de la ville. En échange il leur offrirait tout ce dont Source-Claire peut se passer. En quelques semaines les réserves furent remplies. L'homme du désert décida également de doubler le nombre de Sentinelles et de patrouilles, il posta des espions et des vigies à des points stratégiques, si une attaque devait arriver, il fallait en être averti le plus rapidement possible. Et malgré la réticence des Fils du Désert, Allan décida de faire ériger trois petites tours de guets autours du gouffre donnant sur la ville. Ces tous offraient une légère défense supplémentaire et permettaient de repérer les ennemis et bannis de plus loin, mais en contre-partie le village lui-même devenait visible. Mais c'était un mal pour un bien. Source-Claire, bien que très faible, était prête à combattre, et tous les habitant furent d'accord sur une chose, jamais ils ne laisseraient l'Empire profaner ce lieu sacré sans se défendre. Et c'était là leur plus grande force, leur unification. Car Torchou pensait les Amranéens divisés et il sous-estimait la force du petit refuge du désert.

Les semaines passaient mais jamais cette attaque n'arriva. Mais la menace constante de l'Empire permit aux Amranéens d'améliorer leurs relations entre eux. L'entraide entre villages et chamans était revenue, du moins un minimum. Les relations diplomatiques avec Haut-Chêne étaient toujours assez houleuses à cause des différentes attaques individuelles de certains Fils de la Nature, dont Elythia, mais Allan, Amaesis et Yraedry parvenaient toujours à calmer le Grand-Intendant et surtout sa femme, Ysytheha. Mais la pression exercée par Mont-Brumeux et Falaise-Plongeante se faisait de plus en plus forte, chaque ville et chaque régent renforçant sa position. Thibaud fit construire et poser d'imposantes portes à La Passe qui, fermées, étaient quasiment infranchissables. La construction du fort se tenant à la place de Rive-Feuille était également terminée et bien que sans commandant, il était fonctionnel et habité par une garnison. A l'Est, Torchou fit construire une longue palissade pour accroitre son contrôle sur le territoire Falaisien. En même temps qu'il fit augmenter le nombre de patrouilles, aussi bien sur terre que sur mer. Cela allongeait considérablement les ravitaillement entre les villages du Nord et ceux du Sud, les Amranéens devant désormais passer par la Grotte aux Murmures. Allan ne réagit pas directement à ces provocations, du moins pas tout de suite. C'est lorsque la ville d'Haut-Chêne fit de même qu'il commença à réagir. En effet le Grand-Intendant, en réponse aux différentes attaques Amranéens et également à l'expansion des autres villes Impériale, bâti une palissade devant le pont des Lumière offrant une protection supplémentaire à la ville. En réaction, le Chaman doubla une nouvelle fois le nombre de Sentinelles, de patrouilles, d'espions et d'attaques sur les postions stratégiques Impériales. La tension était à son comble entre les « factions », mais personne n'attaqua car de son côté Haut-Chêne se refusait à aider l'effort de guerre Falaisien et Mont-Brumois. Et Allan refusait d'attaquer Falaise-Plongeante, non pas car il avait peur du résultat, mais ne voulant pas être tenu pour responsable de l'ouverture des hostilités.

Mais ce qui devait finir par arriver, arriva. Alors qu'Allan organisait le village comme il pouvait, observant les alentours de la ville afin de concevoir de nouvelles défenses, l'une de ses vigies arriva en ville en courant, et en hurlant. « LES IMPERIAUX, LES IMPERIAUX ARRIVENT ! » … un terrible silence s'abattit sur le village. Allan, dissimulant mal sa panique, demanda à la Sentinelle de garder son calme de s'expliquer clairement:

- « De où arrivent-ils ? »
- « PARTOUT ! »
- « Comment ça « partout » ? Falaise et Mont-Brumeux ? »
- « NON ! Tout l'armée Impériale est mobilisée ! »
Allan avala sa salive de travers, la peur pouvait se lire dans ses yeux.
- « Toute ? »
- « TOUTE ! »

Les Amranéens pouvant entendre la conversation commencèrent à paniquer, Source-Claire pouvait résister à l'assaut de quelques régiments, mais pas de toute l'armée. Même s'il était évident que ce n'allait pas être le cas c'est autre chose que comprit Allan par « toute », le fait qu'Haut-Chêne se joignait au combat, Haut-Chêne et ses troupes d'élite …

Allan prit conscience de la situation, il devait réagir, non pas rester tétanisé. C'est comme ça qu'il commença à hurler ses ordres à tout le village:

- « Que tout le monde m'écoute, il faut se préparer à l'attaque imminente de l'Empire, il ne devraient pas être là avant l'aube, nous avons le temps de réagir ! Que les hommes et femmes ne souhaitant pas se battre emmènent les enfants à Morne-Colline. Je veux que quatre sentinelles partent à cheval pour là bas et pour Racine-Courante ! Ramenez moi toute l'aide que vous pourrez trouver ! »

Les sentinelles s'exécutèrent immédiatement. Allan commença à donner de nouveaux ordres mais cette fois-ci plus précis et n'ayant pas le temps de se souvenir des noms, il hurlait les rôle.

- « FORGERON ! Aiguise les épées, prépare les armures et fait monter des carquois de flèches aux tours ! TAVERNIER ! La bataille risque d'être longue, veille à ce que les combattants mangent correctement ! THAUMATURGE ! Du sang va couler en abondance et nos guerriers vont avoir besoin de toutes leurs forces ! A tous ceux qui restent, il faut établir un mur entre les tours, cela nous permettra d'avoir une meilleure position ! MES FRERES, MES SOEURS, PREPAREZ VOUS AU COMBAT ! »

Tout le village se retrouve en préparation militaire, tous suivaient clairement les ordres de leur Chaman. Au milieu de la nuit, tout ce qui pouvait être fait fût terminé. Il ne restait qu'a attendre, une attente interminable. N'étaient restés en ville que les guerriers et les Amranéens souhaitant se battre, c'est à dire à peine deux cents hommes. Du mouvement fini par se voir à l'horizon, au Nord et au Sud, les renforts des autres villages étaient arrivés … et quelques renforts, moins d'une centaine d'hommes pour Racine-Courante et à peine le double pour Morne-Colline. Moins de cinq cents guerriers pour défendre un village indéfendable. Un demi-millier de volontaires sous-équipés par rapport à une armée Impériale entrainée. Mais Allan ne perdit pas espoir, il fallait combattre, il fallait se défendre, l'heure n'était plus à la diplomatie, les armes allaient parler. Et surtout, il fallait gagner du temps pour les autres villages, si le désert devait tomber ce jour là et même si Allan devait mourir, Morne-Colline et Racine-Courante auraient le temps de se préparer, de contre-attaquer. Peut être même que cette contre-attaque était en route.

Le reste de la nuit fût longue, extrêmement longue. Tous les combattants étaient à cran, prêts à se battre, tout le village ne ferait qu'un face à l'ennemi. Les premiers rayons de Cycléis commencèrent à illuminer le désert, il resplendissait sous des teintes de jaune, d'ocre et d'orange. Le ciel était dégagé, une légère brise rafraichissait l'air chaud et sec. « Le calme avant la tempête » pensa Allan. Même si aucun ne voulait se l'avouer, tous était terrifiés par ce qui allait se passer, peut être que le frère ou la sœur se tenant à nos côtés ne serait plus là à la fin de la journée. Les derniers pièges explosifs furent placés. Et l'attente continua.
Elle ne fût pas longue, à peine une heure après le réveil de la Déesse Mère, une Sentinelle hurla:

- « DES CAVALIERS AU NORD-OUEST ».

Allan espérait une délégation diplomatique Impériale, mais quand son regard se tourna vers eux il réalisa qu'une telle issu n'était plus envisageable. Avant que les hommes à cheval soient à portée de tir, Allan prononça un dernier discours:

- « Mes frères, mes sœurs, mes amis ! Aujourd'hui nous ne nous battons pas seulement pour nos idées, aujourd'hui nous nous battons pour notre indépendance, pour notre droit à vivre comme nous le voulons ! Nous repousserons l'agresseur Impérial ici ou alors nous mourrons en essayant ! Que notre combat, notre lutte serve d'exemple à tous les Fils de la Nature ! Que Nodens nous accueille à bras ouvert pour notre courage ! Pensez aux femmes, aux hommes et aux enfants que nous protégeons en nous battant aujourd'hui en ce lieu ! Nous sommes bénis des Dieux mes amis, leurs Royaumes nous seront grand ouvert une fois notre heure venu ! Nous combattrons jusqu'à notre dernier souffle, suivez moi mes frères ! Un jour viendra où le courage et la foi des Amranéens faillira, le jour viendra ou nous cesserons de nous battre pour défendre nos frères, nos sœurs, nos amis, notre famille ! Mais ce jour n'est pas arrivé ! RESTEZ AVEC MOI ! QUE CES BÂTARDS S’EMPALENT SUR NOS LANCES, QU'ILS GOÛTENT AU MÉTAL AMRANEEN ! QUE LE SANG COULE ! »

Des hurlements résonnèrent dans le désert, Allan avait réussi à motiver ses troupes, il fallait se nourrir le courage de cette peur. Une terreur omniprésente mais unificatrice. La cavalerie arriva à portée de tir !

- « ARCHERS ! FEU A VOLONTÉ ! » hurla Allan.

La majorité des guerriers étaient équipés d'arcs, une première volée de flèche fût tirée en direction des cavaliers Impériaux. Ce premier tir était si dense qu'elle cacha les rayons du Soleil, formant une ombre menaçante se déplaçant vers l'ennemi. Peu de flèches atteignirent leur but, mais plusieurs hommes et chevaux furent touché, et quelques uns tombèrent. Ces dernier répliquèrent également, il formèrent deux groupes se déplaçant en cercle autours des défenses, harassant les défenseurs. Allan sentait que quelque chose clochait, l'ennemi restant à une trop grande distance pour réellement faire de victimes, seules quelques Sentinelles malchanceuses tombèrent sous leur coup. Puis il comprit:

- « UNE DIVERSION ! C'EST UNE DIVERSION ! » cria-t-il. Et il avait raison, le seul but de ces cavaliers était de détourner l'attention des Amranéen, la véritable attaque arrivait.

- « DES SOLDATS AU NORD ! DERRIERE LES DUNES ! » répondit une guerrière.

En effet, les reflets cristallins causés par les armures en Pierre d'Eau trahirent la position de l'infanterie Impériale. Elle progressait lentement, à couvert derrière les Dunes, mais elle se rapprochait dangereusement.

- « HOMMES DU SUD, OCCUPEZ VOUS DES CAVALIERS ! HOMMES DU NORD, ABATTEZ MOI CES FILS D'INCESTE ! »

Les soldats Impériaux furent l'objet de l'attention de la moitié des défenseurs, les flèches fusèrent dans leur direction. L'infanterie et les archers ennemis accélérèrent le pas, se rapprochant à portée de tir. Les régiments Impériaux représentaient trois à quatre fois plus d'hommes que les Amranéens. Mais ces derniers ne déclaraient que peu de pertes … pour le moment. Car lorsque les tireurs ennemis arrivèrent à portée, ils commencèrent à pilonner les position des défenseurs, au moins vingts frères et sœurs tombèrent lorsque la première volée arriva.

- « DISPERSEZ VOUS, DONNEZ LEUR PLUSIEURS CIBLES, SOYEZ MOBILES MES FRÈRES ! » ordonna Allan.

Le temps que les Fils de la Nature s'exécutent, encore une dizaine d'homme tomba. La bataille était déjà bien engagée et le Chaman avait déjà perdu un quart de ses combattants, mais il était apparemment le seul à le remarqué, les Amranéens firent preuve d'un courage énorme, continuant à se battre malgré les pertes. La thaumaturge et ses assistants étaient débordés, il fallait évacuer les cadavres et soigner les blesser. Une chose qu'Allan n'avait pas prit en compte, le nombre de meurtris ne cesser d'augmenter, en plus des morts, une bonne partie des défenseurs ne pouvaient plus combattre. Les troupes du Chaman étaient divisés de moitiés, alors qu'ils ne causaient que peu de pertes chez l'ennemi. Allan, essoufflé par le combat, hurla une nouvelle fois:

- « LAISSEZ TOMBER LES CAVALIERS, FEU SUR L'INFANTERIE, QUE LEURS CADAVRES S’EMPILENT SOUS NOS MURS ! »

La fatigue commença à se faire sentir, mais les Impériaux ne pouvaient avancer plus proche d'eux, ils devraient se mettre à découvert pour progresser, mais la mort les attendrait. Car les flèches Amranéenes atteindraient leurs cibles et une bonne partie des pièges n'avait pas été utilisée. L'infanterie se dissimula derrière une dune. Aucun archer, Impérial ou Amranéen ne pouvait atteindre le camp adverse. L'attention se retourna en partie sur les cavaliers, continuant d'arroser les positions des défenseurs.

La nuit tombait, Allan, ainsi que tous les combattants étaient épuisés, il ne restait qu'un peu plus d'une centaine d'hommes et de femmes à ses côtés. Il n'en pouvait plus, mais il devait continuer à se battre, quitte à sortir et charger les Impériaux avec une tige de canne à sucre. Les cavaliers étaient bien moins nombreux qu'au départ, ils ne représentaient plus une réelle menace. C'est alors qu'une sœur cria:

- « ILS SONT A L’INTÉRIEUR ! »

- « FERME TA GUEULE ET RESTE CONCENTRÉE ! » lui répliqua Allan.

C'est alors qu'une flèche le frôla et le coupa au niveau de son épaule. Un projectile qui venait de derrière lui. Il posa son regard sut le gouffre. Une des première chose qui le frappa fût la légère couleur rougeâtre qu'avait prit l'étang du village, le sang de ses frères avait coulé avec abondance. Ce n'est qu'après qu'il remarqua la présence des soldats dans Source-Claire. C'est là qu'il se rendit compte de l'erreur stratégique qu'il avait commise: personne ne gardait la porte. Et par pur chance, les Impériaux étaient tombés dessus et rentrèrent dans la ville sans aucune résistance. Les défenseurs devaient maintenant se battre sur deux fronts. L'infanterie ennemie commençait à rentrer dans les habitations et bâtiments du village. Allan voulait continuer le combat mais une chose le ramena à la raison: les cris de la thaumaturge. Ceux là annonçaient l'arrivée des Impériaux dans l'infirmerie. Là où étaient soignés les blessés. Le Chaman était épuisé, démoli et blessé, comme la plupart des guerriers restant. Puisant dans ses dernières forces, il poussa un dernier cri:

- « CESSEZ LE FEU ! CESSEZ LE FEU ! ILS SONT DANS LA VILLE ! MES FRÈRES, PENSEZ AUX BLESSES, POSEZ VOS ARMES ».

Les défenseurs restants s'exécutèrent. Après un jour et une nuit de combat, les Amranéens étaient défaits. Allan devait se résoudre à reconnaître la défaite et aller à la rencontre des leaders Impériaux, trônant fièrement au milieu de ses terres. Il descendit dans le village, s'approchant des dirigeants, tous étaient présents: Torchou Blanc-Regard, Thibaud Rendar et Sideara Aminestas. Le Chaman, s'il pouvait toujours s'appeler ainsi, arriva à côté du lac, vers la bibliothèque, là où les Régents et Roi s'étaient établis. Alors qu'il s'avançait vers eux, il remarqua le silence qui régnait maintenant en maître. Hommes et bêtes s'étaient tût et même le vent avait cessé de souffler. La petite distance qu'il parcouru lui sembla durer une éternité.

Puis, alors qu'il se trouvait à une quinzaine de mètres des Impériaux, un bruit vint interrompe le silence. Allan se retourna pour voir de quoi il s'agissait. Une flèche s'était plantée à moins d'un mètre de lui, plusieurs autres suivirent. L'Amranéen se retrouva sous le feu des siens ! Ils tiraient par le gouffre depuis leurs positions, il se retrouva sous un feu nourri des Hommes de la Forêt et de la Montagne. C'est alors qu'une troupe de soldats vint le saisir et l'emmena à l'abri. Allan était sous le choc. Sa ville était tombée et occupée par l'Empire, mais en plus ceux qu'ils considérait comme ses frères et ses sœurs, des personnes à côté desquelles il s'était tenu et avait combattu, lui tiraient dessus. Alors qu'Allan était descendu négocier pour épargner la vie des blessés et des innocents, les personnes pour qui il se battait, pour qui il mourrait sans aucune hésitation, essayaient de le tuer alors que les Impériaux faisaient tout pour le protéger. Et certains se demandent encore aujourd'hui pourquoi Allan Dava a du mal à redonner sa confiance à ceux qui se disent de son côté.

HRP : Je crois que j'suis devenu incontinent à force de bander en lisant tout ça.

HRP : J'ai kiffé, en plus j'apparais dedans!! Ouais!(Corrige les fautes!!) Ça m'a donné envie de continuer ma bio ^^

HRP: Un peu tard mais, ouais! J'apparais dedans! vraiment très bon texte, je suis contente d'avoir plus d'infos sur ces évènements!

HRP: Y a pas mon nom mais moi aussi je suis dedans, c'est moi la connasse qui ai prévenu qu'ils étaient à l'intérieur et que personne n'a crue x)

Très vite, le chaman fût mit à l'abri par les Impériaux et les derniers tireurs qui l'avaient pris pour cible prirent la fuite ou bien furent contrôlés par les Sourcois restants. Mais là n'était pas la préoccupation d'Allan, son attention était tournée vers les dirigeants, même si la ville était occupée, il devait tout faire pour protéger les valeurs et les intérêts de son peuple. Mais en premier lieux il demanda des comptes à Sideara, car même si les tensions étaient vives entre Source-Claire et l'Empire, aucune action de la part du Chaman ou du village ne justifiait un tel déluge de violence sur la ville Amranéene la plus pacifiste. Allan avoua espionner les villes, détourner quelques ressources et organiser quelques cambriolages, mais rien que l'Empire ne savait déjà, rien qui ne méritait une attaque massive, une invasion même de territoires Amranéens. L'interrogation se lisait sur le visage d'Allan, il ne comprenait pas pourquoi une coalition s'était formé et avait attaqué alors qu'aucun incident n'était à déplorer depuis des semaines. Et le Roi d'Haut-Chêne lui donna une réponse. Ce dernier avait organisé un entrainement militaire pour les troupes Haut-Chênoises dans l'arène de Rouges-Près. Et lors de cette manœuvre, le groupe Impérial fût attaqué par par un individu masqué qui, lors de son attaque, abattit le Roi. Et l'identité de cette personne fût révélée: c'était Elythia. La haine de cette dernière envers l'Empire et ses actions faites en marge des Amranéens ont condamnés Source-Claire et ses habitants.

Allan ne savais quoi penser. Son village était occupé et c'était en partie de la faute de l'une de siens. C'est face à son désarrois que les Impériaux exprimèrent leurs exigences. Ils voulaient que le Refuge du Désert passe sous tutelle de l'Empire. Les habitants qui le souhaitaient seraient autorisés à rester et à garder leur mode de vie. Mais en contre-partie ils devraient payer des loyers et l'argent du village serait reversé en partie à l'Empire. Un caserne serait construite afin d'accueillir une garnison Impériale, même si les Sentinelles étaient autorisées à garder leur poste. Et enfin, une route serait construite, reliant Falaise-Plongeante à Source-Claire. Le Chaman était étonné d'une si grande clémence des Impériaux, la présence de Sideara devait énormément jouer sur les demandes de Torchou. Mais, alors qu'il craignait pour son sort, il fût encore plus surpris de la décision des vainqueurs. Il était autorisé à garder son poste symbolique de Chaman de Source-Claire, mais il devenais en même temps bourgmestre de l'Empire. C'est à la suite de l'annonce de cette décision qu'Allan se « réveilla ». C'était une occasion en or et donc, même s'il n'avait pas vraiment le choix, il accepta toute les demandes de l'Empire mais il demanda quelques jours avant de les appliquer afin de réparer les différents dégâts, soigner les blessés et offrir un dernier hommage à ceux qui ne reviendraient pas des bras de Nodens. Les dirigeants acceptèrent tous, avec une seule condition: qu'une petite garnison de soldats reste afin de garder le contrôle de la ville. Allan accepta et il pût lire une certaine confiance des régents dans leur yeux.

Dès que la majorité des troupes et les régents partirent, Allan s'adressa aux Amranéens restants. Il leur donna les conditions de l'Empire, expliqua qu'il fallait les respecter et qu'il fallait lui faire confiance. C'est ce dernier élément qui ne sonna pas vrai dans les paroles du Chaman défait. Mais le plan d'Allan était clair dans sa tête, même s'il ne pouvait pas encore le dévoiler, même à son entourage le plus proche. Son message était remplit de tristesse, tant de ses frères étaient tombés pour si peu. Mais le Chaman devait gagner du temps, ce n'était qu'une question d'heures, ou de jours tout au plus, avant que les Impériaux viennent subtiliser les armes et explosifs, ainsi que chercher toute autre information sur les Amranéens. Allan couru d'abord à la bibliothèque et ordonna la destruction de tout texte, carte ou même gravure sur les autres villages, sur notre organisation armée, la hiérarchie, etc. Les bibliothécaires furent contre cette idée, Allan n'en avait que faire, il ne fallait pas que l'Empire mette la main sur de telles informations, vitales pour les Amranéens. Il brûla lui même cartes, livres, rapports et notes.

Il se dirigea ensuite vers la forge, il y trouva Vadalrik, s'équipant pour partir. Ce dernier avait peur de la réaction du Chaman quant à sa « désertion ». Mais le jeune Dava se montra compréhensif, nombreux allaient être ceux qui partiraient pour continuer le combat depuis Racine-Courante et Morne-Colline. Allan ne leur en voudrait pas, au contraire. Il demanda à son frère d'embarquer le plus d'armes, d'armures et de carquois avec lui. Il lui fit également comprendre qu'il trouverait un moyen de faire parvenir de l'équipement, des flèches notamment, aux Amranéens. Vadalrik s'exécuta et avec l'aide d'autres Amranéens quittant Source-Claire il emporta la majeure partie de l'armement des Fils du Désert avec lui. Le village devenait donc pratiquement vide, tout objet pouvant servir à l'Empire contre les Amranéens fût détruit, caché ou emporté. La première partie du plan d'Allan était terminée, maintenant il lui fallait gagner la confiance du Régent Blanc-Regard. Et pour cela il devrait collaborer ouvertement avec lui.

Et ce dernier revint rapidement à Source-Claire. Outré par le fait d'avoir été attaqué sur son chemin par un groupe d'Amranéenbelliqueux. Le Chaman, ironiquement, lui demanda à quoi il s'attendait après la prise d'une des principales villes des Fils de la Nature. Le ton monta vite entre les deux dirigeants, Allan avait été vaincu certes, mais jamais il ne se soumettrait totalement à l'Empire. Les deux hommes s'insultèrent. Un « fils d'inceste » fût même envoyé par le jeune Dava. Et sans que personne ne puisse l'expliquer clairement, la tension retomba d'un coup. Le Régent se rendant surement compte qu'Allan, pour une fois, n'avait rien à voir avec cette attaque. Torchou était venu pour une chose, celle dont le Chaman s'était déjà occupé: les armes. Ils prirent la direction de la forge et quel ne fût pas la déception des Impériaux de ne trouver que si peu d'armement dans les râteliers. Il en fût de même pour les Soldats ayant réussi à rentrer dans la bibliothèques, à part quelques cartes peu précises et dépassées de Racine-Courante, rien n'était utilisable. Une discussion eu lieu entre Allan et Torchou, ce premier essayant de convaincre l'autre de son entière collaboration. Et cela réussi en partie car, même si le Régent voulait faire construire une caserne, ce ne serait pas pour tout de suite. Le Chaman réussissait à gagner du temps et c'est tout ce qui comptait, car il était persuadé que le reste de ses frères et sœurs se préparaient à reprendre la ville très vite. Et une évènement lui permit de gagner encore plus de temps qu'il n'en espérait. En sortant de Source-Claire, les troupe Impériale se fit attaquée une seconde fois par un autre groupe d'Amranéens. Allan se lança à la poursuite des agresseurs aux côtés des Impériaux et, devant leur yeux, il en abattit un. C'était pour l'Empire, l'acte ultime représentant sa collaboration.

Mais ils avaient peut être oubliés qu'Allan était un archer hors pair et certes il abattit l'un des siens, mais sa flèche fût précise et mortelle, l'Amranéen ne l'a pas vu venir, ne l'a pas senti, n'a pas souffert et surtout il serait ramené par Nodens. Dans son esprit tout était calculé à l'avance. Mais même si cela faisait, d'une certaine façon, parti de son plan, il n'éprouva aucun plaisir à abattre l'un des siens dans le dos, il lui fût même très difficile de tirer, mais il le fallait. Un mal pour le bien de tous. Le Chaman rentra ensuite à Source-Claire, convaincu d'avoir « impressionné » l'Empire pour être tranquille pendant quelques jours, voir une ou deux semaines.

Et c'est pendant ce moment de tranquillité qu'il commença à préparer la contre-attaque et la résistance Sourcoise. Il commença d'abord à créer une pièce secrète quelque par en ville, une pièce lui permettant de préparer ses plans à l'abri des regards et des oreilles. L'endroit disposait également d'un petit laboratoire, lui permettant de préparer potions et poisons pour aider la résistance. Rien de mortel, il ne fallait pas attirer l'attention, jusque quelques substances soporifiques pour endormir les gardes Impériaux sur place de temps en autre. Il permit également de développer de nombreuses autres caches et moyens de communication permettant de luter contre l'Empire. Il ne sortait jamais de Source-Claire, de peur d'être suivi et donc de mettre en danger ses frères et sœurs, il ne recevait que très peu de visites de l'extérieur également, c'était compréhensible. De ce fait, il n'avait que quelques nouvelles sur ce qu'il se passait chez les Fils de la Nature. Et, alors que l'attente commençait à devenir longue, la nouvelle qu'il attendait lui parvint enfin. Un espion de Morne-Colline réussit à pénétrer discrètement dans le village. Ce dernier était porteur d'une nouvelle, d'un plan même. Trois jours plus tard, quelques instants après que les derniers rayons de Cycléis disparaissent à l'horizon, Allan devrait se tenir prêt à ouvrir le passage situé dans le Temple de Sinrir et il devait être accompagné du plus grand nombre de volontaires possible, tous armés et prêts à reprendre la ville. Il accepta sans aucune hésitation, il était plus que temps de contre-attaquer, de montrer à tout l'Empire que les Amranéens ne partirons pas sans se battre, ils n'entreront pas dans la nuit en silence, il se battraient pour leur droit de vivre et d'exister. Le sang des Impériaux allait à nouveau couler à Source-Claire.

Le jour venu, Allan était prêt, accompagné d'une poignée de volontaires, juste assez pour vaincre mais pas assez pour attirer l'attention. Puis tout d'un coup, un bruit sourd, le son d'un objet métallique frappant violemment la pierre. Le Chaman ouvrit le passage. De l'ouverture sortit une dizaine d'hommes armés et en armure. Yraedry, était venu de Morne-Colline, Razade et Syldur de Racine-Courante mais ce qui surpris le plus Allan, c'était la présence d'Elythia, revenue parmi les siens. Même si elle faisait amende honorable, elle allait être jugée pour ces actes, mais ce n'était pas le moment. L'heure était à la reconquête des terres Amranéenes, le refuge de Sinrir serait libéré cette nuit.

Après avoir salué les siens, Allan guida discrètement le commando vers l'entrée du Temple. En silence, les Amranéens se postèrent en haut des marches, invisibles depuis les position Impériales. Car en effet, les soldats ne surveillaient que l'entrée principale, l'écurie et l'entrée de la forge. L'adrénaline montait dans le sang de l'homme du désert, tout était en leur faveur: le nombre, l'équipement, l'effet de surprise, l'horaire. Il pouvait presque sentir le regard de Sinrir sur le groupe, il ne fallait pas le décevoir. Le Chaman, en tête de file, lança un dernier regard à ses camarades puis chargea. Tous suivirent dans la seconde, des hurlement guerriers retentirent dans tout le village. Tels des fauves affamés, les Fils de la Nature bondirent sur les gardes. Avant même que le premier n'ai le temps de se retourner, il déjà gisait au sol, abattu par Allan d'une seule flèche. Les Impériaux sous équipés, trop peu nombreux et pris par surprise n'eurent pas le temps d'organiser leur défense. Ils tombaient les uns après les autres, affrontant pour chacun deux voir trois Amranéens. La lutte ne dura que quelques minutes et seul un membre du commando tomba. C'était une petite victoire pour les Amranéens, petite car il n'y a aucune gloire à anéantir une garnison mal équipée et peu entrainée. Mais cela restait un point positif pour les Amranéens car il allait se passer quelques jours avant que Falaise-Plongeante n'apprenne ce qu'il se passe. Bien assez de temps pour Allan de préparer les défenses pour déjouer la contre-attaque Impériale.

Alors que tout Source-Claire fêtait sa « libération », le Chaman victorieux était tiraillé dans son esprit, une question se répétait dans son esprit: que faire d'Elythia ? Certes elle avait facilité la reprise de la ville par sa présence et son courage, mais c'est également à cause d'elle que le ville était tombée en premier lieu. Puis une idée apparut, il ne pouvait se permettre de la faire emprisonner et juger en ce moment de joie et de fête, mais il ne fallait pas non plus qu'elle s'enfuie encore une fois ou bien se méfie d'Allan c'est pourquoi ce dernier prit la parole et devant tout le village il l'amnistia et encouragea Yraedry et Amaesis, indirectement, à faire de même. De cette façon, Elythia reviendrait vivre parmi les siens et donc il serait plus simple de l'arrêter et de la juger. L'homme du Désert n'envisageai pas la peine de mort, même si la ville était tombée, elle ne fît qu'accélérer le processus, c'était inévitable. Et surtout, lorsque son peuple eu besoin d'elle, elle répondit à l'appel. Mais une faute avait été commise, mais une simple peine d'emprisonnement ou de travaux suffirait.

Allan ne se reposa pas sur ses lauriers après la reprise de Source-Claire, au contraire, il craignait une nouvelle attaque Impériale, une attaque plus forte encore car les Impériaux connaissaient la ville à présent. Il fallait renforcer les positions Amranéenes dans le désert, quitte à ne plus vivre caché et en harmonie avec cet environnement, les Dieux comprendraient le choix du Chaman. Sa première décision fût de renforcer les murailles et tours entourant le gouffre du village. Des murs plus hauts, plus solides furent érigés, les tourelles furent détruites et remplacés par quatre tours permettant une bien meilleure défense et enfin une entrée extérieure fermée d'une herse fût construite. Autours de la ville, les ouvriers creusèrent les dunes et bandes de sable pour deux raison, d'abord offrir une meilleure vision et donc un meilleur contrôle des environs et ensuite pour éviter aux éventuels attaquants de trouver refuge trop près des défenses. C'est un véritable no man's land qu'Allan mit en place, aucun individu ou banni ne peut approcher de la ville sans être repéré. Mais un problème se posait pour les défenseurs, pour accéder au « fort », il devaient d'abord sortir de la ville par le passage découvert par les Impériaux. Le Chaman eu alors une idée. Cette entrée fut condamnée, seules les sorties étant encore possibles. Ensuite, les habitants construisirent un énorme escalier pour monter jusqu'au fort depuis le centre de la ville. Certains habitants remarquèrent que les parois du village commençaient à se fissurer à cause du poids des nouvelles installations, des piliers en granit et en grès furent alors construits pour soutenir le désert et éviter des éboulements mortels. Il y a également une rumeur courant dans les autres villages qu'Allan aurait commencé à développer un système souterrains aux entrées et sorties cachées. Après quelques semaines, Source-Claire était prête à résister à une nouvelle attaque, le Chaman se vantait que ses nouvelles défenses devenaient presque imprenable sans équipement de siège adapté.

Les relations entre les différents villages Amranéens étaient au beau fixe, les doutes quant à la collaboration d'Allan avec les Impériaux furent chassés. L'entraide était forte et permettait à tous les villages de prospérer, toutes les réserves étaient pleines, les projets avançaient vite. Une ère nouvelle se présentait devant les Fils de la Nature, ils n'avaient jamais été si forts et unis depuis bien longtemps.

Allan savait qu'Haut-Chêne ne poursuivrait pas la guerre, le Grand Intendant ayant uniquement répondu à une attaque personnelle. Les troupes Mont-Brumoises ne s'aventureraient pas si loin au Sud sans le soutient de Falaise-Plongeante. C'est la ville de l'Est qui représentait la seule et unique menace. Et cette menace s'éteint quand Torchou Blanc-Regard se retira officiellement du conflit. La paix était revenue. Mais, toujours enfermé dans son orgueil, Allan n'entreprit aucune manœuvre diplomatique avec l'Empire, pour lui ça n'en valait pas la peine, pour ça, il s'en remettait à Amaesis et Earane, respectivement chamane et diplomate des Amranéens. Pour lui, c'était à elles de gérer les affaires extérieures. Même si la menace n'était plus imminente, Allan devait renforcer ses positions dans cette région d'Akatéa, établir un véritable territoire sous contrôle Amranéen.

La paix revenue, ce sont les Sourcois réfugiés dans les autres villages qui commencèrent à revenir en masse, peu sont ceux qui ne rentrèrent pas. La vie reprenaient doucement cours dans le village de Sinrir, en plus des hommes, les animaux et insectes revenaient vivre dans l'oasis. Mais en contre-partie, les responsabilités du Chaman revinrent également. Tout les jours il devait gérer un nombre incalculable de choses, de la disparition mystérieuse des moutons toutes les semaines aux actes de guérilla. La pression était chaque jour plus forte, le chaman n'eut bientôt plus de temps pour lui même. Il devait faire quelque chose pour décompresser.

Et l'idée lui vint, il quitta Source-Claire pour aller chasser dans les bois et forêts à l'Est du village, près de la côte. Il prévint les Sentinelles de son départ, leur indiquant qu'il reviendrait au soir du troisième jour. Il parti donc, avec son arc, des provisions pour quatre jours et du matériel de camping. Arrivé dans les bois quelques heures après son départ, il trouva l'emplacement idéal. Il était caché par les arbres, donc caché des ancêtres pour un certain temps. Mais l'océan n'était pas loin s'il devait vite s'enfuir. Il installa son bivouac, prépara ses affaires et parti pour quelques heures de chasse. La zone était abondante question gibier. Lapin, sanglier et cerf étaient nombreux et Allan devait faire plusieurs allers retours entre sa tente et sa zone de chasse.

Le soir du premier jour, il était satisfait de sa journée, il pourrait ramener de la bonne viande au village que les habitants dévoraient lors d'un gros banquet. Cette nuit la, il entendit quelques bruits assez éloignés de sa tente, rien d'inquiétant, surement quelques animaux fuyants sa présence et quelques bannis isolés ayants remarqués sa position. Mais le matin venu, il fût frappé par le calme qui l'entourait, aucun banni n'était présent ni aucun animal. Ces derniers avaient dû remarqué sa présence et donc s'éloigner un peu. Et il avait raison, il dû marcher un peu plus pour trouver des proies. Mais quelque chose le dérangeait, il se sentait observé, épié lors de chacun des gestes. Cette présence pesait lourd sur ses épaules, il savait que quelque chose, quelque part ne le quittait pas du regard, il était surveillé. « Bah, surement un archer » pensa Allan, car ces derniers étaient les plus malins, se cachant des rayons mortels de la déesse dans les broussailles et attendant qu'une cible s'approche à portée de tir. Cette deuxième journée de chasse fût un peu moins bonne que la première, Allan rentra avec un peu moins de viande, mais bien assez pour rassasier une bonne dizaine d'Amranéens. Mais quelque chose commençait à l'inquiéter, cette sensation d'être observé ne le quitta pas de la journée, il en était sûr, il était suivi. Mais la question c'était par quoi.

Cette nuit la il ne trouva aucun repos, il y avait de l'activité à proximité. Il sorti souvent voir ce qu'il se passait mais il ne vit que des ombres et des silhouettes dans la pénombre, il tenta d'allumer des feux pour éloigner ces … choses et également pour avoir une meilleure vision. Mais dès qu'il s'éloignait d'un de ces brasiers, il s'éteignait. Allan prit peur et tenta de fuir, dans sa course il fût gravement touché à la jambe. Aucune idée de ce qu'il l'a blessé. Il rentra en titubant et essoufflé dans sa tente, il eu juste le temps d'écrire ce qu'il se passait dans un journal, afin d'avertir ses frères. Sa peur grandissait car au travers de la toile de sa tente, il voyait les lueurs des feux disparaître, de plus en plus près. Dehors il entendait des chuchotements, des bruits de pas, il prépara son arc, prêt à tirer sur ce qui entrerait. C'est une longue attente qui se mit en place. Un silence de plomb, accompagné des ténèbres et de la noirceur de la nuit, régnaient sur les alentours. Aucun bruit, aucun souffle du vent, rien. Allan entendait son cœur battre dans sa poitrine, son sang circuler dans ses veines. Il pansa sa blessure en silence, mordant dans le bois de son arc pour éviter de crier. Puis quelques chuchotements, comme un coup de tonnerre dans ce silence, se firent entendre. Le Chaman se refusait de se laisser faire, il se releva en silence mais douloureusement. Il tira une première flèche au travers de sa tente juste devant l'entrée, il toucha quelque chose, quelque chose de … vivant. Puis il sortit en hurlant « JE VAIS TOUS VOUS SAIGNER ! ». Il était prêt à se battre mais il fût coupé dans son élan par un coup sur la tête. Il tomba lourdement sur le dos, assommé, désorienté, tout ce qu'il vit n'était qu'ombres et ténèbres.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, Cycléis était déjà haut de la ciel. Il ne savait combien de temps il était resté inconscient, et pire, il n'avait aucune idée de l'endroit où il se trouvait. Allan se réveilla douloureusement, mais à sa grande surprise, quelqu'un s'était occupé de sa blessure. Il regarda autour du lui. Il semblait se trouver dans la cale d'un bateau, mais ce dernier ne naviguait pas, aucun mouvements ne se faisait sentir et aucun bruit à part celui de l'océan ne se faisait entendre. Il en déduit qu'il était dans une épave, échouée sur une île isolée. Le Chaman observa plus attentivement la cellule dans laquelle il se trouvait et il y découvrit la mort, la peur et l'amitié. En effet, un cadavre se trouvait à ces pieds, les deux bras et une jambe lui manquant. Deux squelettes, les os blancs nettoyés par le sel gisaient quelques centimètres plus loin. Mais d'un coup, une main se posa sur son épaule. Il se retourna brusquement et frappa ce qui pouvait se trouver là. L'homme esquiva son coup, Allan, blessé, affamé et drogué était bien plus lent et faible que d'habitude. En une seconde il observa son « compagnon », il faisait à peu prêt la même taille, fort, les cheveux d'un blond « sale », virant progressivement au brun. On pouvait lire la fatigue dans ses yeux, accompagnée de colère et de tristesse. Il s'adressa au Chaman d'une voix apaisante:

Du calme mon ami, je ne te veux aucun mal, économise tes forces tu en aura besoin.

Où suis-je ?

Dans la cale d'un bateau. [L'homme esquissa un sourire]

Prends moi pour un con. Où est-ce que l'on est ?

Ça, malheureusement, je n'en sais pas plus que toi.

D'accord … Depuis combien de temps je me trouve ici ? Qui m'a emmené ?!

Alors tu n'étais pas là hier soir, ça s'est sûr, ils ont du t'amener ce matin, en même temps qu'ils ont prit Boris.

C'est qui « Ils » ? Et qui est Boris ?!

Boris est … était un ami … un frère … « Ils », ce sont les malades qui nous ont capturés. Je ne sais pas qui ils sont, combien ils sont ni pourquoi ils nous ont capturés.

« Était » ?

Oui, quand ils t'emmènent et que l'on ne t'entend pas hurler, c'est que tu es mort.

« Hurler » ?

J'espère que tu es fort de corps et d'esprit, tu en aura besoin face à leur torture.

[Allan frissonna de peur] De la torture ! Mais qu'est ce que c'est que ces malades ?! Qu'est ce qu'ils cherchent comme information.

Aucune, je pense qu'il font ça pour le plaisir. Mais assieds toi, respire profondément. Je vais te raconter mon histoire, ensuite tu me racontera la tienne, nous avons encore du temps avant le prochain … prélèvement.

Allan s'exécuta. L'interlocuteur commença à parler. Il dit s'appeler Frederik, c'était un soldat Falaisien. Il participa à la prise de Source-Claire, contre son gré comme il le dit lui même, il n'avait aucune raison personnelle de s'attaquer aux Amranéens, il ne faisait qui suive les ordres. A la suite de ces paroles, Allan serra les poings, mais sa colère ne servait à rien en ces lieux, du moins pas envers un autre prisonnier. Frederik continua. Il était en patrouille avec son binôme de toujours: Boris, quelques lieues au Nord de Falaise-Plongeante, quand ils ont perdu connaissance. Ils ce sont réveillés en ce même lieu. Il ne sait pas trop depuis combien de temps, un mois, peut être plus, peut être moins.

Il indiqua à Allan qu'avec eux, il y avait trois autres prisonniers. Trois prisonniers … cadavres … Mais ce n'était que le commencement de la terreur. « Quand ils t'emmènent ils … ils … par Cyclèis … ils te dévorent ... ». Ces mots glacèrent le sang d'Allan. Des cannibales … C 'était un cauchemar. C'était au tour du Chaman de conter son histoire, mais la discussion fût coupée par une odeur étrange, Frédérik reprit la parole: « C'est la gaz, ils s'en servent pour nous endormir. Je ne sais pas lequel d'entre nous va partir. Soit fort mon ami, ne leur montre pas ta peur, ne leur fait pas ce plaisir ». Allan perdit connaissance. Il se réveilla attaché, à une table, l'obscurité l'entourait. Ou du moins, des draps noirs formaient comme quatre murs l'entourant. Et, au sein de cet espace menaçant, se trouvaient deux individus. Ces derniers ne dirent pas un mot, ils se contentaient de fixer Allan, longuement, cela semblait interminable. Mais d'un coup, l'un d'entre eux prononça un mot, un seul: « Sinrir », au même moment le second enfonça du sel dans la plaie du Chaman. Il tentait de lutter contre la douleur, des larmes commencèrent à couler de ses yeux, il leur tenait tête. Bien d'autres méthodes de torture suivirent, toutes plus douloureuses les unes que les autres. Au bout de ce qui semblait une éternité, Allan s'évanouit de douleur.

Il se réveilla dans la même cellule, toujours accompagné de Frederik qui tentait tant bien que mal de soigner ses différentes blessures. Plusieurs jours s'enchainèrent, les tortures se suivaient, la douleur était omniprésente. Plusieurs prisonniers arrivèrent, un peu moins d'une dizaine, mais ces derniers servaient vite de repas. Allan et Frederik restaient, se faisaient torturer, il ne savaient pas pourquoi ils étaient encore en vie. Une amitié se développa entre les deux hommes que tout semblait pourtant opposer. Tout deux accrochés à la vie ils discutaient entre eux énormément, cela leur permettait de tenir le coup. Leurs ravisseurs continuaient à les nourrir un minimum, mais jamais ils n'avaient l'occasion de voir leur visage, à chaque fois une sorte de gaz leur été administré et ils s'endormaient pendant plusieurs minutes. Mais un jour, il semblait y avoir plus de mouvement à l'extérieur que d'habitude, Allan et Frederik n'avaient pas encore été torturés ce jour là. Mais le gaz arrive une nouvelle fois, et comme toujours lorsque ce dernier se faisait sentir, les deux hommes se regardaient droit dans les yeux. Un regard inspirant la force, l'espoir, mais aussi la peur. La peur de ne pas revoir l'autre au réveil, la peur de se présenter devant Nodens.
Lorsqu'Allan se réveilla la première fois, il n'était plus dans la cale, il était en mouvement sur la terre ferme, mais un sac noir l'empêchait de voir où il était. Il tenta d'appeler son ami, juste pour savoir s'il était toujours en vie.

« Frederik ?! » s'exclama Allan

« Je suis là » répondit une faible voix derrière lui, à seulement quelques metres.

« Tient bon »

Il ne put recevoir de réponse, l'odeur se représentait à eux une nouvelle fois.

Au moment d'un nouveau réveil, Allan remarqua que Cycléis était déjà couchée depuis longtemps. Cette fois-ci il était dans une sombre caverne, des barreaux à une ouverture et une porte fermant l'entrée de sa cellule. Presque immédiatement, il se mit à chercher son compagnon. Et il le trouva, toujours endormi dans un coin. Mais le Fils de la Nature remarqua une tout autre chose, sa faiblesse. La torture et la malnutrition avaient grandement affaiblis son corps. Il avait du mal à se mouvoir, à penser, la douleur était permanente. Ses blessures s'infectaient, son esprit se fragilisait, il ne pouvait tenir encore longtemps. Il écrivit ses dernières pensées sur un bout de papier qu'il avait réussi à subtiliser. En espérant que ces amis Amranéens étaient à sa recherche et avaient reçus ses précédents messages. Mais il perdait espoir, il se savait condamné, perdu. Il voyait déjà le regard de Sinrir se porter sur lui, le dieu était prêt à l'accueillir au sein de son Royaume, il le sentait. Mais Allan était un combattant, autant dans sa vie d'Impérial que dans son combat au côté des Amranéens. Son frère l'attendait également, il ne devait pas le décevoir, lui qui avait combattu pour ses idées.

Une fois Frederik réveillé, il lui proposa d'agir. Avant que toutes les forces soient partis, il devaient faire quelque chose, car de toutes manière, il est évident qu'ils étaient condamnés. En effet, cela faisait quelques fois qu'il entendait des conversations comme quoi ils allaient être sacrifiés pour les Dieux. Des hérétiques cannibales, mais qu'est ce qu'Allan avait fait pour mériter cela ? Les tortures continuèrent pendant quelques jours, elles se faisaient de plus en plus douloureuses et horrible. Leurs corps étaient meurtris, mais leurs esprits encore plus.

Mais l'occasion qu'ils attendaient se présenta. La garde de leur geôliers se relâchait, ils pensaient surement que deux hommes blessés et découragés de représentaient plus une menace. Après leur avoir apporter de la nourriture, ils oublièrent de verrouiller la porte, ce que le Chaman et le Soldat remarquèrent immédiatement. Les deux hommes se lancèrent un regard, le même que d'habitude à une chose près, celui-ci respirait la colère et la volonté de se battre. Chacun se mit à prier les dieux, Sinrir plus particulièrement pour Allan, et Naranaé pour Frederik. Tout deux se levèrent et se dirigèrent vers la porte. Ils remarquaient une plus faible présence de gardes, moins d'une dizaine environ.
Allan passa le premier, ouvra doucement la porte. Un homme lui tournait le dos, surveillant ce qu'il se passait dans la caverne. Il était vêtu d'une armure en cuir et en tissu d'un noir profond, aucun morceau de peau ne dépassait. Il présentait également une épée à la hanche, un arc et un carquois dans son dos et une dague accrochée le long de sa jambe. Rassemblant ce qui lui restait de force et de courage, le Chaman s'approcha discrètement et, d'un coup précis et puissant, lui brisa la nuque. Dans un soucis de discrétion, Allan accompagna le cadavre au sol, afin de faire le moins de bruit possible. Il fût prit d'une émotion qu'il n'avait pas ressenti depuis des semaines: la joie. Il se réjouissait de son acte, satisfait de ce qu'il avait fait. Il se tourna vers Frederik avec un large sourire. Ce dernier souriait également, soulagé d'avoir emporter un de leur bourreau avec eux.
L'Amranéen saisit l'arc, les flèches et la dague. Il lança l'épée à son ami. Ce dernier s'empressa de décapiter le garde, afin que Nodens ne permette pas à ce monstre de revenir. « Un de moins » chuchota Allan. Mais ce n'était que le début. Les prisonniers s'avancèrent pour avoir une vue complète de la grotte dans laquelle ils se trouvaient. Six autres hommes armés se présentaient devant eux, aucun n'ayant remarqué leur évasion. Le Chaman était un très bon archer, et il gardait un partie de ses compétences même dans son état actuel. Il précisa à Frederik qu'il était capable d'en abattre un sans que les autres s'en rendent compte, il pourrait également en descendre un deuxième mais l'alarme serait donnée, enfin, il pouvait aussi en tuer un autre avant qu'ils ne soient trop proche. Ce qui donnerais un combat plus simple, à deux contre trois. L'Impérial lui donna son accord, mais avant de se lancer dans le combat il tendit une dernière poignée de main à Allan. Ce dernier la saisie immédiatement.

« Quelque soit l'issu de ce combat, nous serons libérés mon ami. Nous leur aurons prouvé qui nous sommes. Mais promettons nous une chose. Soit de rester amis si nous nous en sortons tout deux. Soit de prévenir nos familles respectives au cas où l'un d'entre nous tomberait. » dit Frederik, la voix rempli de force.

« C'est entendu, ce fût un honneur de te connaître, et ce sera un honneur de combattre à tes côtés mon ami. Quoi qu'il en soit, nous nous reverrons, dans cette vie ou dans une autre. Les Dieux sont avec nous » répondit Allan.

« Ce fût un honneur également, maintenant faisons payer ces monstres pour ce qu'ils nous ont fait. Aucun ne doit rester en vie, et Nodens ne doit pas pouvoir les ramener en ce monde ... »

Allan aquiesca d'un mouvement de tête, lâcha la main de son ami et saisi son arc. Une première flèche partit, touchant un premier homme en plein cœur et l'emportant discrètement. La seconde en toucha un autre et se logea dans son crâne. Au moment où cette dernière pénétra sa cible, les quatres hommes restant remarquèrent la présence d'Allan et de Frederik. Ce dernier s'était avancé pour laisser le temps à son compagnon de viser et tuer un troisième homme. Ce que le chaman fit, sa flèche perforant la gorge de son ennemi. Il lâcha son arc et se dirigea, en hurlant, sur sa prochaine cible. Il plongea sur son adversaire, le plaquant au sol. Ce dernier réussi à lui porter un coup au niveau de son torse, mais l'Amranéen avait l'avantage. Il lui mit un énorme coup de tête, assommant légèrement son adversaire, et profita de sa confusion pour le désarmer en plantant sa dague dans son poignet. L'homme hurla de douleur, Allan riait de plaisir. Il le fixa d'un regard noir et puissant, il put voir la peur de l'homme dans son regard, en même temps qu'il implorait la pitié. « Aucune pitié ... tu vas payer ... » lui dit le Chaman avant de lui trancher la gorge.

Il se releva pour faire face aux deux hommes restant. Sauf qu'il fût surprit par le silence qui régnait dans la grotte. Il se retourna et vit trois hommes au sol. Deux de leurs geôliers gisaient au sol, leurs têtes séparées de leurs corps. Mais Frederik était aussi au sol, sur le dos et semblant sans vie. Son ami s'approcha, et remarqua une blessure profonde au niveau de sa cuisse et de son bras, il avait déjà perdu beaucoup de sang. L'Impérial ouvrit les yeux, et regarda son compagnon. Le Chaman serra sa main avec force. Le regard qu'il lui lançait n'avait pas besoin de mots pour être comprit. Des larmes commencèrent à couler le long du visage d'Allan. « Mon frère ... » chuchota le Soldat tout en serrant sa main. « Mon frère. » lui répondit Allan. Juste après que les premiers rayons de Cycléis aient caressés son visage, son ami ferma les yeux une dernière fois.