Bienvenue,
Invité
|
|
SUJET : [Mort] Une nouvelle vie commence, puis s'éteint...
[Mort] Une nouvelle vie commence, puis s'éteint... 23 Juil 2013 13:49 #14115
|
Le jeune homme finit par atteindre la ville de Haut-Chêne après de longues heures de marche éreintante depuis Mont-Brumeux, sur une route parfois semée d'embûches. Il passa au milieu des champs de blé et des élevages de bêtes de somme qui entouraient la ville et s'émerveilla devant les nombreux moulins disposés ça et là. L'austérité architecturale et le climat hivernal de Mont-Brumeux ne lui manquaient plus du tout. Les murailles immaculées de l'ancienne cité de Gardahad Garador semblaient se dérouler à l'infini de chaque côté, à mesure qu'il progressait vers la grande porte. Il s'attendait à être arrêté par les gardes à l'entrée et questionné durant de longues minutes, voire plus.
Il n'en fut rien. Les hommes en armes couverts d'une armure de diamant étincelante se contentèrent de le regarder passer sans bouger de leur poste ni prononcer le moindre mot. Ybnaÿr leur fit un vague signe de la main et franchit l'arche de l'entrée. Il fut immédiatement saisi par une ambiance festive surprenante compte tenu des temps troublés que vivait Akatéa actuellement. L'atmosphère était chargée de senteurs parfumées. Roses, jonquilles et autres buddleias embaumaient toute la ville et mêlaient leurs couleurs chatoyantes à celles de dizaines de banderoles en satin et en soie de luxe. D'immenses tablées étaient dressées sur la place principale de la cité et des brasiers destinés à faire cuire la viande étaient prêts à être allumés. Les femmes et les enfants s'occupaient de faire des bouquets qu'ils disposaient un peu partout sur les tables. Les hommes, quant à eux, étaient perchés en haut de leurs échelles pour suspendre les banderoles. Quelques tonneaux de bière et de vin roulaient sur le sol, suivis de près par le tavernier flanqué de son tablier, aidé par son fidèle apprenti. Croisant le joyeux homme qui sifflotait un air quelconque en redressant un tonneau, Ybnaÿr entra dans la taverne et s'assit au bar. Il commanda une chope de bière que la femme du patron lui passa entre deux bouquets de fleurs, en échange de quelques pièces : - On ne vous a jamais vu par ici, d'où venez vous, étranger ? lui demanda-t-elle avec un grand sourire. Ybnaÿr lui répondit : - Je viens de Mont-Brumeux. J'ai remonté la route impériale et je suis arrivé ici ce matin. Je n'avais jamais quitté ma ville natale. Et le voyage a été plus long que je le pensais. Cette bière bien fraîche est la bienvenue. Joignant le geste à la parole, il vida son verre d'un trait sous le regard amusé de la patronne : - Allez-y doucement tout de même. Le houblon et l'orge que nous faisons pousser par chez-nous ont tendance à être nettement plus corsés que les vôtres, rapport à l'ensoleillement dont nous jouissons. Elle remplit la chope de son interlocuteur et il vida la moitié de celle-ci : - Vraiment très longue, cette route... Dites-moi, vous ne sauriez pas où je pourrais dormir cette nuit par hasard ? Je n'ai pas vraiment prévu de couchage pour le moment. - Bien sûr, répondit-elle. Nous avons des chambres ici-même, à l'étage. Vous pouvez en louer une à la semaine si vous le souhaitez. N'hésitez pas, nous avons de la place en ce moment. - Très bien, je prends une chambre pour cette semaine, et joignez-y une autre chopine tiens !" Effectivement, la bière hautchennoise semblait bien plus traitre que le jus de chausses qu'on lui servait habituellement dans les bouges infâmes des faubourgs de Mont-Brumeux. N'ayant pas les moyens de se rincer le gosier dans les tavernes luxueuses de la haute ville, il était habitué à des pisses d'âne peu goûteuses et pas très fortes. La troisième chope commença à faire son effet rapidement, d'autant qu'il avait l'estomac vide depuis le petit matin. Il se sentit donc s'enfoncer doucement dans une agréable torpeur dont personne n'aurait du pouvoir le tirer. Néanmoins, il distingua une voix féminine qui retentit avec entrain dans son dos. Se retournant prudemment sur son tabouret et évitant de justesse la chute, il observa la femme qui venait d'entrer dans la taverne. Entrouvrant de lourdes paupières, il vit une longue toison flamboyante comme l'ambre posée sur deux grands yeux vert émeraude. - Bien le bonjour Monseigneur ! entonna mélodieusement la jeune femme blonde. - B...bonzour...mum'zelle, hésita le jeune homme Comme tout mâle un peu frustre et rendu joyeux par l'alcool, il détailla la jeune femme de pied en cap, s'attardant naturellement sur certaines parties du corps. Derrière lui, la patronne s'adressa à l'inconnue : - Tiens bonjour Ysyhteha ! |
Meph59116/Amélie Duracier
Dernière édition: 05 Mai 2014 06:45 par Meph59116.
L'administrateur à désactivé l'accès en écriture pour le public.
Cet utilisateur a été remercié pour son message par: Sideara
|
Une nouvelle vie commence 31 Juil 2013 12:50 #14305
|
Au vu de la déférence dont faisait preuve la femme du tavernier à l'endroit de la jeune inconnue, Ybnaÿr se rendit compte qu'il avait affaire à une personnalité reconnue de Haut-Chêne. Son alcoolémie avancée et son manque de tact naturel devaient le faire passer pour un sacré rustre aux yeux d'une femme du monde telle que cette Ysyhteha. Il tâcha donc, non sans peine, de se redresser sur son tabouret et de corriger l'accent de dépravé que sa bouche, rendue pâteuse par l'alcool, avait adopté.
Après avoir chaleureusement salué la patronne, elle s'adressa de nouveau à lui : - Je n'ai pas le souvenir de vous avoir rencontré auparavant, Messire. D'où venez-vous ? lui demanda-t-elle. Tâchant de rester le plus intelligible possible, le jeune homme lui répondit : - Je suis natif des faubourgs de Mont-Brumeux, ma Dame. J'ai longé la route impériale un long moment pour finir par arriver ici-même, il y a quelques heures. - Alors vous êtes nouveau ? Voudriez-vous que je vous fasse la visite de notre charmante cité ? Je pourrais vous montrer les endroits les plus en vue et vous aider à vous repérer dans nos quartiers. Quand on débarque, on peut se sentir un peu perdu dans une ville aussi grande. Bien que votre vie à Mont-Brumeux a du vous habituer à voir plus belles merveilles encore. - Je serais enchanté de vous suivre, ma Dame. Marcher me fera le plus grand bien, j'ai besoin de prendre l'air, conclut-il. Il sortirent donc de la taverne et entamèrent la visite de Haut-Chêne. La jeune femme lui montra le palais du Grand Intendant Sideara Aminestas, qui régentait l'Empire pendant la convalescence de l'Empereur. C'était un bâtiment très ancien, à l'architecture travaillée comme on ne savait plus en faire aujourd'hui. Celui-ci était étroitement surveillé par toute une série de chemins de ronde au sommet des murailles. Les gardes postés là avaient une vue plongeante sur l'extérieur comme l'intérieur de l'enceinte principale de la ville. Les hommes en armes au sol et les archers perchés sur les murs se partageaient stratégiquement les différentes tâches. Les seconds surveillaient les environs sur une longue distance et apportaient un soutien salvateur aux premiers dont le rôle était de monter au charbon contre les agresseurs éventuels. Le Grand Intendant, dans son palais immense, devait bien dormir sur ses deux oreilles avec un tel dispositif pour assurer sa sécurité. Continuant leur visite, les deux jeunes gens atteignirent la place centrale du village. La population s'y affairait pour préparer une magnifique fête. Ybnaÿr pensa que ce devait être une coutume locale et n'aborda pas le sujet, de crainte que son ignorance ne soit mal interprétée par son hôtesse d'un jour. Mais une chose était sûre, la fête battrait son plein et vue la quantité de bière stockée par le tavernier, bon nombre d'hommes allaient rouler sous la table comme des barriques ce soir-là. En redescendant vers la fontaine qui décorait le carrefour central de la ville, il passèrent d'ailleurs devant le chantier d'un homme, sur leur gauche, qui semblait très occupé à monter une estrade et des barbecues. La fête envahirait donc toute la ville et se tiendrait en plusieurs endroits à la fois. Ysyhteha, apercevant cet homme au loin, leva le bras à son intention en souriant et lui adressa cordialement ses salutations : - Bonjour Sire Nassagor ! L'homme lui répondit en lui rendant son sourire : - Bonjour Dame Ysyhteha ! Je vous en prie, ne vous ai-je pas déjà demandé mille fois de m'appeler simplement Deadmol ? Elle se contenta de rire, comme si cette taquinerie apparemment volontaire la satisfaisait. Elle emmena le nouvel arrivant devant l'Office du Travail et lui expliqua son fonctionnement en quelques mots. Il écouta sans prononcer la moindre parole et tâcha d’emmagasiner toutes ces informations sans en perdre une miette. Puis ils franchirent la grande porte et se retrouvèrent à l'extérieur des murs de la ville. Là, s'étendaient à perte de vue des hectares de plantations en tous genres. Celles-ci étaient flanquées en leur centre de moulins tous différents et de bonne taille. Ce n'étaient pas juste quelques petits exploitants qui cultivaient pour leur propre consommation. C'était littéralement le grenier de tout l'Empire qui s'étalait devant leurs pieds. Plantations de blé, de pommes de terre et de carottes se partageaient tout l'espace avec les élevages de poulets, de vaches ou de moutons. Tout était coloré, on sentait la bonne odeur de l'herbe fraîchement coupée et du pain qui cuisait. Mais ce tableau idyllique vint à se ternir bien rapidement lorsque Ybnaÿr y trouva une faille de sécurité redoutable. En effet, la sécurité était exemplaire à l'intérieur des murs de la ville et, jusqu'aux abords même de celle-ci, les risques pour ses habitants étaient minimes en cas d'attaque. Mais qu'en était-il des exploitants agricoles ? Si l'ennemi venait à détruire les récoltes et à saccager les fermes, la ville en état de siège et sans un quignon de pain pour la nourrir deviendrait vulnérable. Non par l'affrontement direct mais plutôt par le fait qu'elle se retrouverait affamée et qu'elle ne pourrait alors compter que sur son commerce extérieur pour survivre. Et on sait qu'en temps de guerre, les voies maritimes sont très dangereuses, espaçant les navettes et faisant monter les prix de façon spectaculaire. Ybnaÿr était surpris de l'absence de tours de défense le long de la route impériale pour palier au problème et priait pour que la Passe de Mont-Brumeux suffise à garantir la sécurité des agriculteurs hautchennois. La jeune femme ne semblait pas s'embarrasser de telles inquiétudes cependant, et continuait inlassablement la visite de sa propriété d'élevage. Pièce après pièce, ils visitèrent la bâtisse dans son ensemble. Puis elle lui montra ses enclos et lui expliqua longuement avec passion son métier d'éleveuse. Et il semblait bien aux yeux d'Ybnaÿr qu'elle savait parfaitement ce qu'elle faisait. Ses vaches et ses moutons respiraient la santé et s'ébattaient dans leurs enclos respectifs avec beaucoup d'entrain. Tout cela sous le regard protecteur d'une meute de chiens manifestement très bien éduqués, puisque aucun ne quitta son poste durant tout le temps que les visiteurs discutaient dehors. Enfin, il retournèrent en ville et Ybnaÿr remercia chaudement Ysyhteha pour son accueil et sa disponibilité. Il ne manqua pas de lui offrir toute l'aide qu'elle pourrait nécessiter aussitôt qu'elle en éprouverait le besoin. Lorsqu'ils se séparèrent, le jeune homme ne retourna pas immédiatement à la taverne pour y rejoindre sa chambre, malgré le jour qui commençait à décliner. Il se dirigea d'un pas décidé vers le centre de recrutement de l'armée. Cette promenade semblait lui avoir ouvert les yeux sur le métier qu'il souhaitait faire pour se rendre utile à la communauté ; la voie des gardes allait devenir la sienne. |
Meph59116/Amélie Duracier
Dernière édition: 31 Juil 2013 12:51 par Meph59116.
L'administrateur à désactivé l'accès en écriture pour le public.
|
Une nouvelle vie commence 30 Aoû 2013 09:51 #17429
|
Ayant obtenu sa dotation d'aspirant garde, Ybnaÿr Chen Fu entra en fonction immédiatement et entrepris de patrouiller à Haut-Chêne pour garantir la sécurité de ses habitants. La journée, il faisait des rondes dans les ruelles de la ville. La nuit, il veillait devant la grande porte pour repousser les attaques de bannis. Il tâchait de rester opérationnel en faisant de petites siestes régulières afin de pouvoir travailler à toutes heures.
Durant quelques jours, il gagna en expérience au combat, notamment en entreprenant un nettoyage acharné du domaine inoccupé situé en face de la propriété de sa nouvelle amie Ysyhteha Orchis. Celle-ci était devenue, dans l'intervalle, la femme du Grand Intendant à l'issue d'un somptueux mariage organisé en grande pompe. La mission que s'était octroyé Ybnaÿr et qui consistait à garder un œil discret sur l'élevage de la jeune femme se mua donc en mission prioritaire tout ce qu'il y a de plus officielle : protéger la Première Dame du royaume. Privilégiant l'écoute de son cœur plutôt que celui de sa raison, la jeune mariée tint absolument à conserver des relations amicales étroites et sincères avec le garde malgré sa position aristocratique nouvellement acquise qui aurait dû la couper du bas peuple. Ils continuèrent donc à travailler régulièrement ensemble ; le Palais n'hésitant pas à faire appel aux services du Balafré pour ses missions urgentes et parfois nocturnes de coursier. Entre livraison de missives dans les différentes villes de l'Empire, protection de personnalités et défense de la ville fortifiée de Haut-Chêne, le garde eut même l'occasion d'apporter une formation basique au combat à la Première Dame afin de l'aider à se défendre seule dans les situations critiques. Sa renommée se construisait donc tranquillement, enchaînant missions et faits d'armes comme l'exigeait sa fonction. Elle finit par atteindre les hautes sphères de l'armée et attirer la curiosité de ses chefs qui commencèrent à consigner ses faits et gestes dans leurs archives. Du moins, c'est ce qu'il semblait... Car il reçut, un jour, un courrier dans sa boîte-aux-lettres en provenance du Décisionnaire de l'Aménagement, Torchou Blanc-Regard. Celui-ci lui expliquait dans son courrier qu'après avoir fouillé dans les dossiers de l'armée, le nom d'Ybnaÿr était ressorti comme celui d'un candidat idéal au prochain tournoi organisé à Mont-Brumeux. Il avait effectivement entendu parler de ce tournoi mais n'avait pas postulé, car il n'en avait encore jamais vu et ne connaissait donc pas la force des adversaires potentiels qu'il risquait d'y rencontrer. Cette invitation changea donc complètement la donne. En effet, bien que n'étant pas directement placé sous les ordres de l'aristocratie de la capitale, un garde se devait de faire honneur à son armure en répondant favorablement à ce genre de proposition, pour le bien de l'Empire. La perspective de mourir ne l'enchantait pas outre mesure mais il convint que l'idée pourrait être intéressante malgré tout. Peu friand de ce genre de démonstrations de force à utilité divertissante, il pourrait en tirer un autre bénéfice : cela contribuerait à le former pour en faire un véritable soldat d'élite. Ces tournois sont réputés pour rassembler la crème de ce qui se fait de mieux comme combattants, mercenaires et mauvaise graine en tous genres. S'il n'y éprouverait probablement aucun plaisir, ce serait en tous cas l'occasion de mater quelques rebelles et fracasser quelques crânes. Finalement, il irait combattre ce jour-là. |
Meph59116/Amélie Duracier
Dernière édition: 30 Aoû 2013 09:52 par Meph59116.
L'administrateur à désactivé l'accès en écriture pour le public.
Cet utilisateur a été remercié pour son message par: Ysyhteha
|
Une nouvelle vie commence 06 Sep 2013 12:44 #18575
|
A quelques jours du grand tournoi annoncé par le Décisionnaire impérial, les sorties d'Ybnaÿr Chen Fu se faisaient plus rares. Cela faisait plusieurs jours que personne ne l'avait vu sortir de chez lui. Un des aspirants gardes qu'il avait pris sous son aile décida donc d'aller le voir afin de tirer au clair cette retraite soudaine.
Il se présenta chez le Balafré et frappa à la porte mais aucune réponse ne lui parvint de l'intérieur et personne ne vint lui ouvrir. Plus curieux encore, en tournant la poignée il parvint à entrer sans mal, la porte n'étant pas verrouillée. Une chose bien inhabituelle de la part d'Ybnaÿr qui était connu pour sa méfiance à l'égard de tout le monde. Il cria pour assurer quiconque de sa présence afin d'éviter de se faire agresser par mégarde. Mais là encore, aucune réponse. Il commença donc à inspecter la petite maison du garde impérial. Toutes les bougies étaient allumées et il y avait encore du ragoût sur le feu. Celui-ci était totalement calciné, comme s'il avait été oublié là plusieurs heures. Un vent de fraîcheur parcourut le dos de l'aspirant qui monta à l'étage. Il y trouva la porte du balcon ouverte et une flaque d'eau importante s'étalait au pied du lit. Il n'avait pas plu depuis près d'une semaine. Autant dire que la maison était à l'abandon depuis bien trop longtemps pour que cela ne présage quoi que ce soit de positif. Il referma la porte et redescendit l'escalier. La cave restait le dernier endroit qu'il n'avait encore visité. Il dévala l'escalier, craignant de retrouver le soldat dans un piteux état. Blessé, ou peut-être mort ? Ce serait un coup terrible porté contre la Garde impériale. D'ailleurs, c'était un crime d'agresser un garde ; quelque chose de tellement impensable que cela n'arrivait jamais. Mais sa vision fut à la fois rassurante et plus angoissante encore. Aucun cadavre. Certes. Mais toutes ses affaires étaient à leur place dans l'unique salle des coffres souterraine. L'armure d’apparat du Balafré était sur son mannequin, et son épée, "Mezkalÿbhur", rangée dans son fourreau. Jamais le garde ne se séparait de ses effets personnels. Et jamais il n'aurait fait preuve d'autant d'imprudence en laissant ses portes ouvertes, ou un feu sans surveillance dans une maison entièrement construite en bois... Avait-il été enlevé ? Assassiné puis emmené ailleurs ? Était-il parti précipitamment ? Et pourquoi ? Ou bien était-il sorti quelques instants ? Avec le risque qu'on retrouve son corps blessé ou sans vie dans une crevasse quelconque ? L'aspirant ne pouvait qu'émettre des hypothèses. Et la situation ne le poussait à chaque fois que vers les pires d'entre elles. Il prit ses jambes à son cou en laissant tout en plan et fonça sans tarder en direction du palais du Grand Intendant. |
Meph59116/Amélie Duracier
L'administrateur à désactivé l'accès en écriture pour le public.
Cet utilisateur a été remercié pour son message par: Twanns
|
Une nouvelle vie commence 12 Sep 2013 13:18 #19020
|
Après avoir été ramené des portes de la mort par ses compagnons impériaux, Ybnaÿr prit la décision de se reposer quelques jours chez ses parents à Mont-Brumeux. Il eut quelque mal à trouver la forge familiale qu'il n'avait jamais connu. En effet, lorsqu'il avait quitté la capitale pour la ville de l'Intendant, ses parents étaient encore aubergistes.
Dans un premier temps, son père avait souhaité prendre une retraite bien méritée après des années passées derrière le comptoir. Ils avaient vendu leur auberge à un jeune immigrant qui avait tôt fait de la rafraîchir. Mais l'oisiveté avait rapidement fini par déprimer le vieil homme bourru. Très vite, il installa une enclume dans un coin, puis un établi. Il bricolait pour lui-même, fabriquait ses outils, entretenait la nouvelle demeure cossue. Puis ses amis vinrent faire réparer leurs outils chez lui, ils lui passèrent commande de nouveaux outils. Il dû installer alors une forge plus conséquente. Le bouche à oreille aidant, il finit par reprendre une activité professionnelle quasi-quotidienne. Et bien qu'elle voyait son mari de moins en moins, la mère du garde avouait que cette nouvelle rentrée d'argent était la bienvenue dans une ville où le terrain commençait à coûter cher avec l'arrivée massive d'immigrants. La maison était petite, mais confortable. Le feu de la forge tournant à plein régime jour et nuit, le chauffage était assuré en permanence dans toute la maison, à moindre frais puisque cela passait dans la comptabilité de l'entreprise. Les parties privatives situées à l'étage profitaient de la montée naturelle de l'air chaud. Sous de telles latitudes, c'était un plus nettement appréciable. Surtout pour un couple de personnes que l'âge faisait souffrir aux articulations. La ruelle était plutôt calme quand le nouveau forgeron ne jouait pas du marteau. Les nuits étaient donc parfaites pour se remettre des horreurs vécues par le garde quelques jours plus tôt. Il n'osa pas parler de ses mésaventures à sa mère, de peur de la voir se faire des cheveux blancs et tenter de l'empêcher de repartir pour sa ville d'adoption. Lors de son arrivée nocturne, il avait demandé à ses accompagnateurs de rester à l'écart et seule la Première Dame et le médecin étaient autorisés à entrer. Le père avait assisté à la scène et avait donc eu vent de l'histoire dans les grandes lignes. Mais il était hors de question de vendre la mèche à sa femme ; elle aurait été capable de faire souffrir le messager bien plus encore que le fautif lui-même. Néanmoins, durant ces quelques jours de retraite forcée chez ses parents, Ybnaÿr eu une longue conversation, en plusieurs épisodes, avec son père. Ce dernier voyait d'un mauvais œil que son fils retourne au combat pour le compte de l'Empire. Alors que c'était ce même employeur et ce même sens de l'honneur qui avaient failli le tuer entre les mains de son mystérieux agresseur. Ils cherchèrent ensemble de quelle manière pourrait se reconvertir le garde impérial. Il savait se battre, c'était certain. Mais pour le vieux forgeron, c'était là le prix de son silence sur cette affaire, une condition sine qua non au fait que tout ceci reste secret pour sa mère : Ybnaÿr Chen Fu devait changer de métier immédiatement. Avant même de quitter Mont-Brumeux, il devrait avoir trouvé comment se renouveler. Il savait lire et écrire, et même compter, chose rare à cette époque, surtout chez un combattant de métier. Mais on ne faisait pas son métier de cela. La réflexion allait être intense. Et le retour vers Haut-Chêne, impossible, sans une réponse à donner à son père. |
Meph59116/Amélie Duracier
L'administrateur à désactivé l'accès en écriture pour le public.
|
Une nouvelle vie commence 25 Nov 2013 13:06 #21935
|
Après des mois de convalescence, il était temps pour l'ancien garde Ybanÿr Chen Fu de regagner la ville de Haut-Chêne. Ses blessures avaient fini par cicatriser et les longues journées de travail à la forge de son père lui avaient presque rendu toute sa mobilité. Néanmoins, il était hors de question pour son père de lui permettre de réintégrer l'armée et cette dernière ne voudrait plus de lui compte tenu des séquelles qu'il avait subies.
Une fois rentré chez lui, il nettoya et remisa ses armes et armures et se mit en quête d'une reconversion professionnelle. N'ayant connu que les corps constitués comme employeurs, devenir artisan allait être un sacré cap à franchir. Et bien que ses capacités en forgeage avaient grandement progressé au contact de son père, il ne se voyait pas frapper l'enclume dans la chaleur étouffante d'un atelier jusqu'à la fin de ses jours. En outre, une légère claustrophobie avait fini par le rendre un peu craintif des endroits confinés suite à l'enfermement dont il avait été victime. C'est donc tout naturellement que son regard se porta vers les murs de la ville, et notamment, ce qu'il se passait de l'autre côté. Il parcouru les champs et les élevages disposés ça et là à proximité de la grande porte en recherche d'une propriété à louer. Ses pérégrinations le menèrent jusqu'à l'exploitation de son amie Ysyhteha Orchis Aminestas, Première Dame de Haut-Chêne et éleveuse à ses heures perdues. C'était elle qui avait mené l'équipe de secours qui avait retrouvé le garde agonisant dans ce sombre donjon inconnu. Elle était probablement déjà au courant de son retour - les gardes avaient dû l'en informer. Il frappa donc à sa porte mais n'obtint aucune réponse. Il fit rapidement le tour de la propriété mais n'y trouva pas âme qui vive. Elle devait être partie en voyage à la capitale ou bien était-elle occupée au palais du Grand Intendant. En quittant la ferme, son regard fut attiré par une grande propriété flanquée d'une bâtisse modeste en son centre. Elle se trouvait juste derrière celle de son amie et il décida donc d'aller jeter un œil de plus près. Le terrain était traversé par une petite rivière, enjambée par un pont en bois, qui serpentait jusqu'au fleuve. La propriété était entourée d'un muret en pierre et la bâtisse était ramassée sur elle-même, moins haute que les autres mais avec une bonne surface au sol. L'endroit lui plaisait beaucoup, il contourna donc la parcelle pour aller observer de plus près l'intérieur du bâtiment. Les fenêtres étaient couvertes de poussière et on voyait au travers de grandes salles remplies de toiles d'araignées. Aucun doute : la maison était à l'abandon depuis des années et probablement disponible. Satisfait de sa découverte, il reprit alors le chemin de la ville pour aller demander son transfert comme agriculteur. Il se dit que cette propriété serait parfaite pour lui. Il voyait déjà où il ferait pousser son blé, ses carottes et ses pastèques. Sans oublier un peu de canne à sucre pour la production de papier, très importante dans une ville possédant sa propre bibliothèque. De plus, sa future maison n'était pas loin des nouvelles écuries de la grande porte. Il pourrait aisément rendre visite à... Il s'arrêta net. Trop absorbé par son propre destin il avait presque oublié son fidèle compagnon qui l'avait emmené partout dans les contrées les plus reculées. Un destrier des plus loyaux qui avait pris des coups pour lui et avait souffert à ses côtés lors de combats épiques comme lors de longs voyages de coursier pour le compte de l'intendance. Il fonça à toute vitesse en direction des anciennes écuries en hurlant : - BRA SIN ! |
Meph59116/Amélie Duracier
Dernière édition: 25 Nov 2013 13:12 par Meph59116.
L'administrateur à désactivé l'accès en écriture pour le public.
|
Une nouvelle vie commence 02 Déc 2013 08:54 #22158
|
Ybnaÿr Chen Fu courait à toutes jambes à travers la campagne, dérapait sur les graviers dans les virages et atteint le route impériale. Ses chausses battaient le pavé à vive allure et résonnaient à des dizaines de mètres à la ronde. Les paysans du coin levaient la tête sur son passage et les vieux sages assis sur leur banc le regardaient passer avec une mine renfrognée :
- C'te jeunesse, j'te l'dis min Jeannot, y savent plus attindre ces gamins, fieu ! - Pour sûr, fieu ! Il arriva à la grande porte, la franchit d'un bond et fonça tout droit au nez et à la barbe des gardes, interloqués : - Tiens, encore une missive urgente pour l'Intendant ? Y va s'tuer à la tâche le collègue, un d'ces quat' matins... - Naaaaan, l'est dev'nu paysan main'nant Ybnaÿr. L'a dû paumer une vache ! Arf ! Arf ! Arf ! Arf ! Arf ! Il bifurqua à gauche devant la fontaine et passa devant la forge avant d'arriver enfin aux anciennes écuries publiques. Il entra et inspecta tous les box. Mais ceux-ci avaient changé. Ils étaient tous privatifs désormais, chacun arborait un panneau avec le nom du propriétaire du cheval. Il hurla le nom de son destrier, espérant une réponse : - BRA SIN ! Mais il n'entendit rien d'autre que le choc des sabots sur les caillebotis, aucun hennissement familier. Il fit volte-face et rebroussa chemin, les mains dans les poches. Il se tortura l'esprit, se remémorant les batailles et les voyages qu'il avait vécus avec son compagnon. La culpabilité l'étreignait et il ne parvenait pas à se faire à l'idée que son fidèle ami à quatre pattes pouvait être abandonné, seul, dans la nature. Cette pensée lui faisait honte. C'était un cheval excellent, que la Première Dame lui avait vendu. C'était d'ailleurs elle-même qui l'avait nommé ainsi. Bra Sin - "Grand Gardien". Gardien de l'Empire avec l'aide de son maître, Gardien de la famille Aminestas de Haut-Chêne, mais aussi Gardien de la vie de son maître, qu'il sauva de la mort à plus d'une reprise. Ses réflexions le conduisirent par réflexe jusqu'au palais de l'Intendance. En désespoir de cause, il entra dans l'écurie privée de Sideara et Ysyhteha Aminestas et lança sans grande conviction un timide : - BRA SIN ? Il entendit alors dans son dos un hennissement qu'il connaissait bien. Il se retourna et se retrouva nez-à-museau avec une grosse tête noire, dans un petit enclos juste derrière lui. Fou de joie, il bondit par-dessus la clôture et sauta au cou de son cheval, les larmes aux yeux. Le canasson lui-même, pourtant d'un calme olympien en temps normal, semblait agité par ces retrouvailles, heureux de revoir son maître qui lui avait tant manqué. L'étalon entièrement noir semblait être en pleine forme. Sa robe était luisante comme une armure de fer, sa crinière était taillée bien droite et parfaitement démêlée, sa selle de cuir, fraîchement graissée. Aucun doute, il avait profité des meilleurs soins des palefreniers du palais. - Sacrée Ysyhteha ! Elle t'a recueilli quand j'ai été enlevé et enfermé. C'est une femme admirable ! J'ai honte de constater qu'elle s'est mieux occupé de toi que moi. Il ne pouvait s'empêcher de caresser son ami fidèle. Il le sortit de l'enclos et l'enfourcha. - Allons aux écuries publiques, il reste encore un peu de place. Mais ne t'inquiète pas, ça ne durera pas. Je ferai une demande au palais pour te trouver une place dans les écuries sécurisées. Tous les box sont pris mais on devrait pouvoir faire un peu de place. Dussé-je monter moi-même de nouveaux murs pour ajouter de nouveaux box ! Il retournèrent, au pas, jusqu'aux écuries de la grande porte et le paysan y parqua son puissant cheval bien à l'abri. Il apporta de l'eau fraîche et de la paille neuve dans le box et délaissa son exploitation pour le reste de la journée, passant tout son temps avec son compagnon retrouvé. Il mit à profit ce temps pour réfléchir à un cadeau adéquat à faire à la Première Dame, en remerciement des bons soins apportés à son meilleur ami. |
Meph59116/Amélie Duracier
L'administrateur à désactivé l'accès en écriture pour le public.
Cet utilisateur a été remercié pour son message par: scaillard
|
Une nouvelle vie commence 02 Mai 2014 23:49 #25009
|
Le vent soufflait de l'Est. Les arbres ployaient légèrement. On pouvait à peine entendre le bruissement des feuilles au-dessus de soi. Une légère odeur de pin embaumait l'endroit et titillait les narines d'Amélie Duracier. L'arc bandé, et les sens en alerte, elle attendait, les yeux fixés sur sa proie.
Un petit porc passa dans sa ligne de mire. Elle leva les yeux de son arme et plissa légèrement les paupières. Un jeune porcelet, pas bien gras, pas de quoi se faire un repas. Fausse alerte. La jeune femme rassembla ses esprits et tenta de se concentrer à nouveau. Scrutant l'horizon depuis son perchoir, près de la cime des arbres, elle pouvait voir toute la contrée qui l'entourait en levant la tête. Mont-Brumeux au nord, semblait sortir de terre, avec ses toits tout le temps enneigés et ses douves gelées. Haut-Chêne, au sud, baignée de soleil et entourée de champs foisonnants de nourriture. Falaise-Plongeante, à l'est, semblait accrochée au littoral, comme prête à tomber dans l'océan. Les bateaux y entraient et sortaient au rythme de cinq par heure - une cadence que les ouvriers du port avaient du mal à tenir. Elle enfouit à nouveau sa tête dans les feuillages et scruta les arbres alentour. C'était connu que les rebelles amranéens occupaient les arbres autour des grandes villes pour tendre des embuscades aux seigneurs de l'Empire qui voyageaient entre leurs villes. Mais à telle distance de toute civilisation, Amélie Duracier ne risquait ni de tomber sur un rebelle, ni sur un tocard de la garde impériale. Elle attendait qu'une proie veuille bien passer sous son poste d'observation mais, rien, pas une poule bien grasse ou un veau bien juteux. Dépitée, elle dû se résoudre à ne manger que de vulgaires légumes au dîner ce soir. Elle entama la descente de son arbre mais, à mi-course, elle aperçu une masse sombre au loin, vers l'ouest. Elle lâcha son emprise sur la branche à laquelle elle était accrochée et se laissa tomber au sol sans un bruit. D'un pas agile, la jeune femme parvint à rejoindre l'endroit en quelques enjambées. La masse sombre s'avérait être un corps. Celui d'un homme allongé. Adossé au versant de la colline, il tournait son regard vers les champs et les élevages de la ville de Haut-Chêne. Elle ne connaissait pas le visage de cet individu. Les traits marqués par le temps, une barbiche autour de la bouche, une épaisse armure sur les épaules et une lourde épée à laquelle il se cramponnait encore, son visage était traversé d'une gigantesque balafre. "Le balafré"... Amélie en avait entendu parler. A la taverne ou au marché, les femmes en parlaient souvent. L'histoire d'un homme, un garde qui travaillait pour l'Intendant, qui avait arrêté bon nombre de malfrats et qui avait aidé à sécuriser la route impériale contre les rebelles et les bannis. Certains prétendaient qu'il était favori au titre du grand tournoi qui devait se dérouler dans les nouvelles arènes de Mont-Brumeux. Un riche mécène promettait alors de le financer pour gagner le tournoi et devenir le champion. Mais il s'était retiré de la vie militaire brusquement et devint alors agriculteur. En outre, il entretenait d'excellentes relations avec la femme de l'Intendant. Les gardes chuchotaient entre eux qu'il lui donnait des cours particuliers d'auto-défense pour l'aider à protéger son lopin de terre d'élevage. Mais Amélie Duracier se ravisa. Ce pauvre hère ne pouvait être le garde tant adulé. Celui-ci portait des traces de sévices corporelles terribles. On devinait des plaies béantes sous sa besantine, au vu des grandes traînées rouges qui la traversaient. Une de ses épaulettes avait disparu et son casque était posé à côté de lui, comme si il avait voulu l'enlever une dernière fois pour regarder le monde de ses yeux, tourné vers la capitale économique d'Akatéa. La jeune femme haussa les épaules, encore un aventurier imprudent qui s'est fait avoir par un banni. Cela arrivait tout le temps, ces derniers mois. En quittant la scène, laissant le cadavre sur place, elle aperçut le pommeau de l'épée. On y voyait inscrit : "Ybnaÿr Chen Fu - Garde impérial - Protecteur de la maison Aminestas". Edit : nom du nouveau personnage modifié. |
Meph59116/Amélie Duracier
Dernière édition: 05 Mai 2014 06:44 par Meph59116.
L'administrateur à désactivé l'accès en écriture pour le public.
Cet utilisateur a été remercié pour son message par: Inuran
|
|
Temps de génération de la page : 0.542 secondes