[Enfance]
1- Naître dans un champ de fleur.
Nous disons tous, que nous naissons dans les cris et dans la douleur, mais à croire que les dieux en avaient décidé autrement pour moi, car j'ai eu la chance de naître dans les fleurs. Sans cris et le premier son qui parvint à mes oreilles de nouveau-né était un rire.
Ma mère ne se lassait jamais de me décrire l'histoire de ma naissance, à tel point que je la connais par cœur. Cela faisait déjà neuf longs mois que ma mère attendait impatiemment que je sorte, mais aller savoir pourquoi et malgré l'auscultation de pas moins de cinq médecins. Tous n'eurent qu'une seule phrase pour réponse "Elle prend son temps, laissez donc la nature faire."
Cette phrase horripilait mon père qui se demandait ce qu'il pouvait bien se passer pour que je ne sois pas aussi pressée de sortir, mais ma mère, elle, ne pouvait que prendre la chose avec patience. Encore un jour de plus où elle pouvait dévorer un bon livre, encore un jour de plus où elle voyait mon frère lui inventer une de ses pitreries pour la faire rire. Encore un jour de plus où elle pouvait se sentir lourde, mais pourtant en pleine possession de ses moyens.
Ce jour-là d'ailleurs, elle ne sut jamais pourquoi, mais elle eut très envie, d'aller cueillir des fleurs fraîches. Et comme chacun sait, contrarier une femme enceinte c'est s'attirer des années de malédiction en plus, personne ne broncha quand elle partit dans sa quête de fleurs, dans les alentours de Falaise-Plongeante, sous la surveillance, tout de même, de mon frère qui ne la lâchait pas d'un centimètre. Son bonheur fût trouvé quand elle s'arrêta devant un champ de fleurs sauvages, toutes les plus jolies espèces que l'on pouvait voir. Le village se trouvait bien à dix minutes de marche, donc aucun risque qu'elle ne puisse pas revenir rapidement.
Tout occupée à choisir soigneusement les fleurs qu'elle souhaitait ramener. Elle ne comprit pas tout de suite les signes qui la travaillait. Elle ne les remarqua qu'au moment de la pause déjeuner, elle sentit alors que c'était "le moment" et dit à mon frère d'aller chercher mon père avec ces deux mots là. Le trajet d'aller et retour n'aurait pas duré très longtemps, c'est d'ailleurs le même temps que je mis à naître. Vingt petites minutes à peine, le temps pour ma mère de s'adosser contre la paroi d'un arbre et de me tendre les bras pour me sortir. Un fou-rire de bienvenue sortit des lèvres de ma mère avant qu'elle ne me couvre de tendres baisers.
"
Toi alors ... t'as bien choisi ton endroit ! Un parterre de fleurs pour tes yeux seuls. Tu portes bien notre nom jeune demoiselle."
La suite fut plus classique, mon père était arrivé avec un soigneur et l'un de ses meilleurs amis. Les deux hommes transportèrent ma mère doucement trop fatiguée par l'épreuve, tandis que le médecin me couvrit d'un lange et s'assura que je n'eus aucune séquelle.
C'est ainsi que le soir même posé devant l'âtre dans mon berceau je fus observé très longtemps par deux hommes mon père émerveillé d'avoir sa première fille et mon frère s'étonnant que je ne puisse pas jouer de suite avec lui à la bataille contre les fameux ennemis imaginaires.
2- Une amitié naturelle.
Cinq ans étaient passés depuis ma naissance, je me laissai vivre joyeusement collant ma mère dans chacun de ses pas, mon frère, quand il n'était pas occupé à me surveiller comme une mère couveuse, essayait de survivre à un « entraînement » auprès de mon père. Ce dernier rêvant d'en faire un soldat aux bras d'acier, quant à mon frère c'était surtout dans l'idée d'éradiquer ses ennemis imaginaires qui peuplait son imagination trop fertile. Les jours où ma mère, bien que m'aimant fortement, me collait d'autorité dans les bras de mon père, je le suivais dans la ville faisant alors connaissance avec beaucoup de monde, surtout des hommes bourrus mais, fondant devant ma trogne de gamine, ou bien des jeunes adultes devant blême à l'arriver de mon père.
Un jour pourtant parmi le groupe de combattants se trouvait une femme inconnue alors de mon père. Il s'enquit de savoir qui elle était et on lui répondit qu'elle était la nouvelle arrivante à Falaise-Plongeante. Cela étonna mon père, car à l'époque peu de femmes intégrait les armées ce n'était pas pour autant une débutante bien au contraire. En observant les combats d'entraînement avec les autres recrues, on remarquait que contrairement à l'habitude, elle n'attachait pas ses cheveux noirs ondulé et ils virevoltaient librement à chacune de ses attaques sans pour autant l'entraver en quoi que ce soit. Elle portait encore l'armure de sa ville, une tenue de coton bleu nuit et une ceinture d'argent. Elle était d'une férocité implacable, elle rendait chacun des coups reçus et attaquait avec autant de force qu'un homme, jusqu'à sauter sur la pauvre victime qui tombait sur elle en combat. D'ailleurs cela signifiait la plupart du temps la fin du combat. S'approchant d'elle pour la féliciter on put enfin remarquer le bleu acier de ses yeux, brillant de malice.
"
Papa est-ce que la dame est un dragon ? "
"
Mais enfin non petite fleur ! Tu vois bien que c'est une femme comme maman. "
La moue boudeuse je répondis "
Pourtant, elle se bat comme eux. " Mon père désemparé me somma d'arrêter de croire aux histoires de mon frère, car les dragons comme les krakens n'existaient pas ce n'était que des légendes.
Étant proche de la combattante qui avait écouté la conversation, elle eut pour toute réponse un rire et me chatouilla la joue avec douceur. Elle remercia cependant mon père et nous ravie de son franc parler. Elle nous annonça qu'elle avait aussi une fille du même âge que le mien et elle proposa que je vienne jouer avec elle. Ce que j'acceptai avec empressement. Enfin une enfant du même âge que le mien !
Le lendemain ma famille vient visiter celle de la « dame dragon ». C'était son mari qui nous ouvrit, le visage chaleureux et le teint bruni par le soleil tout comme sa voix remplie de chaleur. On fit tous connaissance, il était tanneur de cuir et sa femme était soldat dans l'empire. Ils avaient une fille unique qui s'appelait Elyssara, d'ailleurs je la cherchai du regard, empêtrée dans les pans de la robe de ma mère, me cachant par timidité. Cela n'échappa pas au mari qui me renseigna où elle se trouvait. Elle était dans sa chambre, occupée à bouder ce qui fit rire mes parents, mais le soupir qui s'échappait de la bouche de sa mère était éloquent.
"
Désolé petite fleur, mais ma fille à hérité de mon sale caractère peu conciliant "
"
Oh bah tu sais, il n'est pas si terrible que ça ce caractère, j'arrive bien à vivre avec. " répondit son mari en riant, tout le monde l'imita même sa femme et moi je pus en profiter pour me diriger vers la chambre.
Sans frapper, j'ouvris la porte et me retrouve alors nez à nez avec une gamine légèrement plus grande que moi, des yeux bleus aciers et des cheveux noirs comme sa mère. Par contre, ils étaient raides et bien coiffé dans une queue de cheval haute. Elle faisait encore une moue boudeuse les yeux froncés et les bras croisés quand moi je lui offris mon plus radieux sourire.
"
Je m'appelle Ysyhteha et toi ? "
Elle hésita un moment avant de me répondre.
"
Elyssara mais ... ton nom est trop compliqué à prononcer ! "
"
Même pas vrai ! "
D'un ton presque vexé je pris le temps de la réflexion, autant dire moins d'une minute chez les jeunes enfants que nous étions.
"
Mais tu n'as peut-être pas tord ... Appelle-moi Ysy ! "
"
D'accord va pour Ysy ! Et moi Lyssa "
Elle me tendit la main, ses traits détendus et un joli sourire ressemblant à celui de son père, étira ses lèvres.
"
Amie ? "
"
Ouep ! Et pour toujours ! "
Je répondis en riant et mon frère choisit cet instant pour arriver. Il fut présenter et lui n'eut pas de surnom, son prénom était assez simple comme ça. Nous avons continué de faire connaissance tout en jouant, nos parents ne nous dérangèrent à aucun moment, sauf au moment de partir. On se promis de se revoir tous les jours et ce fût la le début d'une longue amitié qui restera pour toute notre vie.
