Hearalgar Rougepré etait à l'oeuvre, devant son moulin situé près d'Haut-Chêne, en train de déraciner les dernières patates récalcitrantes.
"Holà, par tous les dieux, c'te terre est point bonne! J'en chie bien à r'tourner tout ça".
En effet, les pluies incessantes de ces dernières semaines avait rendu le sol humide, qui accrochaient aux outils du paysan. Il avait deja cassé trois houes à cause
de cette terre boueuse qui gardait bien jalousement ses légumes.
Un messager arriva, essouflé.
- Excuse moi, paysan, je recherche un certain Hearalgar, ne saurais tu pas ou je pourrais le trouver?
- Hum... il est d'vant vous messires! répliqua le jeune homme.
- Eh bien, je vous apporte un message de votre mère.
A ce dernier mot, le coeur du paysan s'emballa. Il n'avait pas eu de nouvelles de ses parents depuis cinq ou six années. Ses parents étaient retournés à Mont-Brumeux, pour faire
de l'élevage, les éleveurs manquant cruellement dans la capitale.
Il arracha presque le message à l'homme et s'excusa de ce geste brusque.
T'nez messires, v'la 5 akatéons pour vous.
L'homme le remercia, puis partit distribuer d'autres messages.
Hearalgar laissa tomber sa houe, puis se précipita dans sa maison, alluma une bougie, puis commença sa lecture.
Il reconnut a peine l'écriture de sa mère, mais cela ne l'empêcha pas d'apprendre la nouvelle.
Son père, paysan, était mort.
Et sa mère lui demandait de retourner à ses côtés, à Mont-Brumeux, afin de pouvoir faire face économiquement à cette crise. Il savait,
même si sa mère lui témoignait peu d'affection, qu'elle avait besoin d'être accompagnée. Et qu'elle risquait de se laisser mourrir si elle restait seule...
Il repensa aux enseignements, aux techniques qu'il avait apprises de cet homme, rustre en apparence, mais avec le coeur sur la main.
Il repensa à tous ces mots, à cette voix, si relaxante... Jamais plus il ne l'entendrait. Jamais plus il ne toucherait, ni serrerait la
main de l'homme grace à qui il était là. Son propre père.
Une perle liquide parcourut sa joue, et partit s'écraser sur le sol. Puis une autre. Une vague le submergeait de l'intérieur, et apparement, débordait par ses yeux.
Il fallait qu'il y aille.
Hearalgar posa la lettre. Se leva. S'effondra.
Il reprit connaissance le lendemain matin. Il prépara ses affaires, et partit en direction du palais du Grand Intendant, bien décidé à obtenir le droit de retourner vivre auprès de la moitié de ses racines...
[hrp: Ce changement de ville sera il accepté? Seul l'avenir nous le dira.]